L’ex-première Dame, Simone Gbagbo s’est prêtée,mardi, aux questions contradictoires de sa Défense, devant la Cour d’Assises d’Abidjan où elle comparaît, depuis fin mai,. pour des présumés faits de ‘’génocide, crimes contre les populations civiles, crimes contre les prisonniers de guerre, meurtre, assassinat, viol,coups et blessures volontaires, complicité, coaction et tentatives de ces infractions, voies de faits et de crimes contre l’humanité’’.
Pour ce premier jour d’intervention des conseils de l’accusée, l’attente a été longue. Simone Gbagbo est apparue ‘’ragaillardie’’ au fur à mesure que le procès évolue. Adoptant toujours la même posture de ‘’combattante intrépide’’, vêtue d’un ensemble jupe-camisole de couleur rose et parée d’une écharpe rouge-bordeaux au cou, elle est
arrivée à l’audience, joviale, le sourire aux lèvres.
L’ex-Première Dame se paie, même, un bain de foule, saluant chaleureusement, de la main levée, comme à l’accoutumée ses camarades de parti, les membres de sa famille et autres soutiens venus nombreux pour suivre le déroulement des débats que le juge Boitchy Kouadio introduit.
‘’Nous allons reprendre le cours normal. Aujourd’hui, la Défense est autorisée à interroger l’accusée », informe le président de la Cour. Pour cette audience, le collectif des conseils de Simone Gbagbo est composé des avocats Mathurin Dirabou, Rodrigue Dadjé, Toussaint Dako,Blédé Dohora.
L’ouverture de la phase des questions contradictoires revient à Me Blédé Dohora. ‘’Quels sont les ressentiments de l’accusée par rapport au renvoi d’accusation’’,interroge l’avocat.
‘’J’ai été choquée quand j’ai vu l’acte d’accusation’’, réplique Simone Gbagbo qui, fidèle à sa ligne de défense, rejette les charges du renvoi d’accusation.
Sur les courriers de sollicitation qu’elle aurait reçus, Mme Gbagbo affirme ‘’connaître’’ la plupart des auteurs mais ‘’il y a certaines lettres que mon cabinet jugeait fantaisistes’’, souligne l’ex-première dame.
‘’Est-il possible qu’un courrier adressé au ministre la Défense peut se retrouver chez elle’’, charge Me Blédé.
‘’Je ne sais pas comment ce courrier est arrivé à chez moi. Il peut arriver que mon cabinet ait pris ce courrier ou quelqu’un peut l’avoir mis là pour m’accuser. Ce sont des hypothèses, mais je ne peux pas savoir exactement comment ce courrier est arrivé là’’, se défend Simone Gbagbo.
Concernant le courrier spécifique datant du 4 novembre 2003 de l’ambassade d’Israël, relatif à des hélicoptères Puma à réparer, l’accusée a dit être ‘’tombée des nues’’, expliquant qu’elle n’a jamais été ‘’concernée par un courrier de cette nature’’.
‘’Mme Simone Gbagbo donnait-t-elle des ordres aux policiers ou gendarmes’’, interroge, encore, Me Blédé Dohora. Simone Gbagbo réfute cette allégation pour indiquer qu’elle ne donnait aucun ordre ‘’ni de loin, ni de près, ni même par personnes interposées aux forces de l’ordre. Ni de façon officielle ni officieuse’’ tout comme elle dément ‘’posséder de groupes de milices’’.
Interrogée sur son implication dans les tueries des femmes à Abobo, l’accusée répond : ‘’dans ma culture, on ne tue pas une femme, on ne blesse pas une femme, même pendant la guerre. Je ne peux pas faire ça’’.
Elle a relevé qu’en sa qualité de député d’Abobo, il était de ‘’son devoir de veiller à la protection des populations locales et non le contraire’’.
Me Rodrigue Dadjé qui prend le relais de son confrère Blédé Dohora,commence son interrogatoire sur les rapports de Simone Gbagbo avec les populations d’Odienné (extrême nord) où elle a vécu, pendant quatre ans, en ‘’résidence surveillée’’
‘’Je suis arrivée le 22 avril 2011 dans cette ville. Les populations étaient, au départ, certes hostiles. Mais avec le temps, elles ont dû se rendre compte que je n’étais pas la mauvaise personne qu’on faisait croire aux gens’’,raconte Simone Gbagbo.
Selon la prévenue, les populations d’Odienné ont découvert en elle,’’une bonne personne qui aime partager avec tout le monde. Même le maire de la ville venait partager les repas avec moi’’.
‘’En plus, il y a eu même des gens qui ont pleuré quand je devais quitter la ville. Ces personnes ont fait une haie d’honneur au moment de mon départ », relate Mme Gbagbo, ajoutant qu’elle a aidé un couple burkinabé, ‘’en encadrant les enfants de ce couple qui étaient meilleurs à l’école’’.
‘’Quelles instructions l’accusée donnait au commandant Séka (ndlr :son aide de camp)’’, interroge Me Dadjé.
‘’Je lui donnais de simples informations sur mes lieux de
déplacements. Pour ma sécurité, c’est à lui de dire comment allait se faire et il lui revenait de mobiliser ses troupes. Ce n’était pas à moi de faire un travail militaire à la place d’un militaire. Je ne lui donnais aucune instruction», explique-t-elle.
Me Dadjé revient à la charge. ‘’Est-ce que Mme Gbagbo donnait des ordres militaires à son aide de camp Séka ?’’. Simone Gbagbo réplique pour dire que ce n’est pas de son ‘’ressort’’. ‘’Sinon, le Commandant Séka me dirait de quoi je me mêle’’, ironise-t-elle.
Le juge rebondit sur cette question pour savoir pourquoi elle a demandé au commandant Séka d’exfiltrer Joël N’guessan. ‘’Ce ne sont pas des instructions militaires. J’ai tout simplement demandé au Commandant Séka d’aller au secours de mon gendre qui était ...
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