Crise Rhdp-Pdci Rda : De fortes critiques contre le mouvement des 5 ministres du Pdci

C’est en ces mêmes lieux, le lundi 17 décembre 2018, que François Albert Amichia, ministre de la Ville et Vice-président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci), a lu une déclaration d’annonce de ce « mouvement », en présence des ministres Alain-Richard Donwahi, Pascal Kouakou Abinan, Jean-Claude Kouassi et Mme Raymonde Goudou Coffie. Une sortie qui intervient seulement 5 jours après celle du président Henri Konan Bédié sur France 24, le jeudi 13 décembre 2018, confirmant sa rupture avec Alassane Ouattara.

L’ex-président ivoirien a affirmé que l’union avec Alassane Ouattara est terminée, et qu’il est en train de former une nouvelle alliance avec Laurent Gbagbo et Guillaume Soro. « L’alliance Rhdp qui date de 2005 n'existe plus. Nous nous sommes séparés après beaucoup de divergences », avait déclaré le « Sphinx de Daoukro ». Qui estime relativement à cette désunion, « qu’il y a eu des manquements au bon déroulement de notre alliance ». HKB, qui évoque l’irrespect de l’accord tacite d’alternance en faveur du Pdci en 2020, a, par ailleurs, dénoncé le fait que le « poids du Pdci-Rda dans l'alliance » et le « rôle essentiel qu’il a joué dans l'avènement d’Alassane Ouattara au pouvoir » soient négligés.

Pour toutes ces raisons et pour bien d’autres, il a décidé de casser le « mariage ». Ces cinq ministres, conduits par Albert Amichia, relèvent des « risques que fait courir à notre pays », cette rupture entre Bédié et Alassane Ouattara. Ce qui les a poussés « à envisager la création d’un mouvement à l’intérieur du Pdci-Rda, pour agir et faire entendre les aspirations de toutes ces militantes et de tous ces militants ». Une vraie gageure.

Néanmoins, pour ce faire « ils disent non à la rupture et préconisent la reprise, à court terme, d’un dialogue structuré, inclusif et franc entre les enfants du président Félix Houphouët-Boigny au sein du Rhdp ».

On se demande bien comment comptent-ils mener, concrètement, leur entreprise ? Le jeu est d’autant plus paradoxal que Henri Konan Bédié a dit qu’il a tiré définitivement un trait sur cette alliance avec le Rhdp. Comment comptent-ils le ramener à la raison ? Pour l’heure, les propositions et les arguments que ces ministres développent demeurent flous et ambigus.

La tête au Pdci-Rda, les pieds au Rhdp

Quel type d’accord souhaitent-ils entre Bédié et Ouattara ? Avec qui entendent-ils discuter ? Que peuvent-ils faire face à la position intransigeante de Bédié ? Le seul argument en « béton » qu’il avancent, est qu’une rupture entre Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié serait un désastre complet pour la Côte d’Ivoire. Mais alors, s’ils ne s’accordent pas sur la même ligne avec Bédié, pourquoi ne rejoignent-ils pas Alasssane Ouattara au Rhdp unifié ?

On pourrait interpréter leur stratégie comme consistant à avoir la « tête » au Pdci-Rda et les pieds au Rhdp unifié.

C’est pourquoi, de nombreux Ivoiriens pensent qu’ils sont plutôt dans une « démarche de survie » et dénoncent « un jeu de dupes » dont Alassane Ouattara pourrait être la grosse victime demain. Car, ces ministres refusent de se déterminer entre Ouattara et Bédié, comme l’a fait clairement Kouassi Kobenan Adjoumani.

D’autres observateurs de la vie politique nationale pensent qu’ils rusent avec Alassane Ouattara, « pour sauver leurs postes ». Le fait qu’ils se sont démarqués de la ligne officielle du parti tracée par Bédié et avalisée par le Bureau politique, il sera difficile pour eux de faire passer leurs idées au sein du Pdci-Rda. C’est en cela que de nombreux cadres et militants du Pdci-Rda estiment que le dessein de ces ministres est de marginaliser le Pdci-Rda, en créant cette 3e voie entre le Rhdp et leur parti d’origine. Conscients d’aller au-devant d’un échec cinglant, en allant vers HKB, ils ont préféré prendre un raccourci en mettant sur pied un mouvement à l’interieur du Pdci-Rda....