Poursuivre le processus de Désarmement, Démobilisation et Réintégration (DDR). C’est le point de vue de la plupart des experts qui ont pris part, lundi 19 février 2019, au colloque organisé à l’hôtel Ivotel, au Plateau, par la fondation allemande Friedrich Ebert Stiftung.
Cette rencontre qui avait pour thème « Du programme Désarmement, Démobilisation et Réintégration (DDR) au processus de la Réforme su Secteur de la Sécurité (RSS) : Leçons apprises de la Côte d’Ivoire » a réuni plusieurs experts du domaine. Le but, selon Thilo Schöne, représentant résident de ladite fondation en Côte d’Ivoire, était de porter un regard critique sur le processus DDR en Côte d’Ivoire. Le panel qui a été organisé à cet effet a réuni Franziska Ehlert, politologue spécialisée dans la coopération internationale à l’interface entre conflit, paix et développement, Dr. Banga Louis Philippe Arthur, docteur en Histoire, spécialiste des questions de défense et Michèle Pépé Olga, journaliste-consultante en Sécurité, Genre, développement et Communication.
S’appuyant sur une étude menée récemment sur la question, Franziska Ehlert a indiqué que le processus DDR en Côte d’Ivoire a connu un résultat mitigé. « Il a été un succès sur certains points, mais il comporte également beaucoup de faiblesses et d’insuffisances », a-t-elle affirmé. Selon elle, le processus a été un succès dans la mesure où il y a une accalmie. « La Côte d’Ivoire a renoué avec la paix.
L’Onuci est partie et le pays a relancé son développement. La Côte d’Ivoire a suivi de près le guide. Il y avait une vraie volonté politique et une réelle contribution des bailleurs. Il y avait, en somme, une véritable volonté de réussir ce DDR de la part des populations, des ex-combattants et des autorités ». Toutefois, estime-elle, la réintégration a été faite de façon hâtive avec de la négligence par endroits.
« Il y a toujours un taux assez élevé d’armes qui circulent dans le pays. Il y a eu des frustrations et des déceptions au niveau des ex-combattants, qui espéraient être intégrés dans l’armée », a-t-elle relevé. Avant d’ajouter : « Il revient au gouvernement de poursuivre le processus ».
Dans le même sens, Dr Arthur Banga a indiqué que la crise post-électorale a chamboulé le processus Ddr en Côte d’Ivoire. « Le DDR en Côte d’Ivoire a été moins positif qu’on le pensait. Ceux qui étaient censés désarmer avaient tous un plan B ».
Pour lui, il faut reprendre le processus en sortant de la technicité et en y intégrant les facteurs sociologiques ou sociaux. « Plus de 16 000 personnes n’ont pas été prises en compte par le DDR. C’est une menace. Il faut y trouver une solution. Il faut amener les ex-combattants à accepter le désarmement avant de chercher à les désarmer. Il faut prendre en compte les milices », a-t-il proposé.
Michèle Pépé ne dit pas autre chose. Pour elle, il faut rallonger le processus. « L’une des lacunes du processus, c’est d’avoir travaillé sans tenir compte de certaines structures spécialisées. Il faut, en outre, un dialogue inclusif entre les Forces de sécurité et de défense elles-mêmes, et entre les forces et les populations civiles. Car, la confiance est totalement rompue. Il faut aussi un partage de la croissance économique avec les populations locales ; informer et sensibiliser les forces elles-mêmes sur les réformes initiées ». Plusieurs autres experts ont apporté leur contribution au débat qui s’en est suivi.
CASIMIR DJEZOU
DDR : Le Processus en Côte d’Ivoire a connu un résultat mitigé, selon des experts