Débat sur le racisme supposé de la Cpi / Fodjo Kadjo Abo (magistrat ivoirien) bat l’argument en brèche - ‘’C’est ridicule et irresponsable que nous reprochions à la CPI de ne juger que des Africains’’

« Devant les horreurs orchestrés ou cautionnées par ces bourreaux, il nous est arrivé de trépigner, de vociférer et d’appeler la communauté internationale au secours. Je trouve inconséquent, ridicule et irresponsable que nous reprochions à la Cour Pénale Internationale de ne juger que des Africains pour la simple et banale raison que des Occidentaux n’ont jamais comparu devant elle ».

 Ce passage extrait d’une contribution de Fodjo Kadjo Abo, magistrat ivoirien, ancien directeur du burida et actuellement en poste au ministère de la justice fait partie de la thèse contradictoire que développe l’intellectuel ivoirien sur l’accusation selon laquelle la Cour Pénale Internationale est raciste. D’entrée, le magistrat ivoirien se pose cette question qui oriente tout son argumentaire : « Est-il anormal que les Africains soient les seuls à rendre des comptes à la justice internationale depuis qu’elle a été instituée ?».

Pour y répondre il définit d’abord les crimes qui sont du ressort de la Cpi avant de mettre en exergue les raisons fondamentales de la mise sur pied de la juridiction internationale. Sur ce deuxième point M. Fodjo avance : ‘’ Des arrivistes, pour avoir le bonheur d’accéder ou de se maintenir au pouvoir, se payent le luxe de commettre toutes sortes d’atrocités sans qu’on puisse ni leur faire entendre raison, ni les amener à répondre de leurs actes. (…) Les victimes, directes ou indirectes, de leurs atrocités n’avaient que leurs yeux pour pleurer : elles ne savaient pas à quel saint se vouer pour que justice leur soit rendue’’. Pour lui la question des seuls justiciables africains n’a pas de sens.

Il faut plutôt s’interroger selon lui, si les faits qui sont reprochés aux africains constituent des crimes jugés par la Cpi. ‘’Si nous y répondons par l’affirmative, nous ne devons pas nous préoccuper des origines. Ce qui doit nous intéresser, c’est la manière dont le procès sera conduit’’, argumente-t-il. Puis de conclure après analyse : ‘’La Cour Pénale Internationale n’a pas été créée pour les Africains. Elle existe pour toutes les personnes, quelles que soient leurs races et leurs nationalités. Nul ne peut être appelé à lui rendre des comptes s’il n’a rien fait. Mais celui qui, de façon délibérée et pour satisfaire ses ambitions personnelles, se rend coupable de crimes internationaux doit être traduit devant elle sans calculs ni ménagement».

SD