Depuis le communiqué de son Conseil des Ministres du 25 juin 2014, le Gouvernement Ivoirien a entrepris une vaste opération de démolition d’environ vingt-cinq (25) quartiers dits précaires notamment, dans les communes d’Attécoubé, Port-Bouet, Yopougon et Cocody où près de 70 000 familles déjà jetées dans les rues, errent de quartier en quartier dans un dénuement total.
Ces démolitions ont pris une tournure dramatique le vendredi 20 février 2015, lors du déguerpissement des habitants du quartier Gobelet dans la commune de Cocody, avec le décès d’un résident et l’interpellation de 50 personnes sans que cela n’émeuve, ni les Organisations de Défense des Droits de l’Homme, ni les Organisations Non Gouvernementales (ONG).
1°) Les faits
Après les démolitions, de Boribana dans la commune d’Attecoube et d’Adjouffou à Port-Bouët, qui ont soulevé l’émoi et l’indignation dans l’opinion nationale ; ce sont les 6 000 habitants de Gobelet, créé en 1950 par un certain Gopleu dans la commune de Cocody, qui ont été réveillés, le jeudi 19 février 2015 par des bulldozers et autres pelleteuses, encadrés par des forces de l’ordre lourdement armées de kalachnikovs et de grenades lacrymogènes.
La fumée de ces gaz qui a enveloppé tout le quartier dans une confusion totale a entrainé la mort de CLAIDE Williams, né en 1960 et de nationalité libérienne.
Face à la furie des machines qui ont repris le lendemain vendredi 20 février 2015, la casse des habitations, magasins, écoles et autres garages, les déguerpis révoltés vont poser des actes de désespoir en formant un cordon humain constitué d’enfants et de femmes. Au terme de la chasse à l’homme qui s’en est suivie, une cinquantaine de jeunes ont été interpellés, embarqués dans des cargos et transférés à une destination inconnue.
Certains des nombreux blessés ont été transportés par des proches vers l’Hôpital Militaire d’Abidjan (HMA) et dans les centres de santé environnants.
2°) Analyse des faits
Pendant longtemps, des sites présentant des dangers réels comme les versants, les abords des grandes voies de circulation et les zones côtières ont été occupés de façon anarchique et dans l’indifférence des autorités chargées de la réglementation de l’occupation de l’espace urbain.
Malheureusement, depuis avril 2011, le Gouvernement d’Alassane OUATTARA qui, dans la mise en œuvre du Plan ORSEC (Organisation des Secours) et sous prétexte d’assainir ces zones, procède à la démolition des habitations sans prendre aucune mesure pour recaser les personnes déguerpies.
Pourtant, celles-ci sont généralement des ménagères, des gens de maison ou exerçant de petits métiers avec de nombreux enfants en bas âge. Ces derniers n’ont pas les moyens de s’offrir un logement décent ; malgré la grande publicité faite autour de la construction des « logements sociaux »
Aussi, l’hypothétique forfait de 150 000 francs proposé en contrepartie des biens détruits et des frais d’éventuel loyer, ne peut assurer ni la scolarité des enfants, ni la nourriture des familles qui, faute de logis, sont obligées de se réfugier dans les constructions inachevées.
Au niveau du quartier Gesco, dans la commune de Yopougon, la destruction, sans sommation, des restaurants, maquis-bars et boutiques situés aux abords de la voie principale a entrainé une perte des revenus des tenanciers et autres occupants qui viennent ainsi grossir le nombre des chômeurs.
Face à l’impuissance et à la détresse de ces déguerpis qui perdurent depuis avril 2011, les Organisations de Défense des Droits de l’Homme et les Organisations Non Gouvernementales (ONG) qui étaient si promptes à réagir en faisant des déclarations et des rapports volumineux sous la gouvernance du Président Laurent GBAGBO sont devenues bizarrement aphones, voire consentantes.
3°) Position du FPI
Le Front Populaire Ivoirien (FPI) qui s’associe à la douleur de ces familles meurtries,
- Dénonce cette gouvernance approximative qui consiste à expulser des familles sans se soucier de leurs conditions de vie ;
- Condamne les méthodes utilisées par le régime actuel pour humilier des personnes qui vivent déjà dans une pauvreté sans nom ;
- Déplore, enfin, que ces victimes soient abandonnées à leur sort, par les Organisations qui sont censées défendre leurs droits en tant que personnes humaines et les ONG dont la mission est d’assister les personnes en détresse.
Le Front Populaire Ivoirien (FPI), conscient du drame que vivent ces nombreuses familles et soucieux de la nécessité de leur prise en charge,
- Demande au Gouvernement d’Alassane OUATTARA de prendre les mesures idoines pour recaser ces personnes désespérées afin de réduire l’insécurité et le chômage galopants ;
- Exhorte les ONG et les Organisations de Défense des Droits de l’Homme à apporter leur assistance à ces personnes en danger.
Le Secrétaire National
Barthélémy GNEPA
Déguerpissement d'un quartier de la commune de Cocody