Un groupe d’homosexuels, constituant une menace pour l’éducation des enfants d’un quartier d’Abidjan, a été déguerpis dans la soirée de mardi par les populations riveraines, a constaté APA sur place.
Claver Touré, le président de l’ONG Alternative, qui promeut les droits des homosexuels en Côte d’Ivoire, a été la victime de menaces de son voisinage, qui ont tagué des propos homophobes sur sa porte et déposé des ordures devant chez lui.
Au cours d’une réunion pour justifier leurs actes, les voisins impliqués, très en colère, ont dénoncé des relations sexuelles entre hommes commises dans la rue, juste à côté des murs de la maison de Claver Touré.
Raphaël Koné, le porte-parole du syndic du quartier, situé à la huitième tranche dans la commune de Cocody, l’un des plus huppés de la capitale économique ivoirienne a expliqué dans un entretien à APA que, «c’est au mois de décembre que des personnes, au nombre de trois et essentiellement des hommes, sont venues habiter le quartier».
« Nous protégeons nos enfants, nous voulons qu’ils grandissent dans un environnement sain. Nous ne sommes nullement homophobes. Nous voulons préserver l’éducation de nos enfants et nous ne permettrons pas à qui que ce soit de dénaturer les valeurs que nous inculquons à nos enfants », a-t-il poursuivi, soulignant que la «sérénité» des familles de ce quartier a pris un «coup avec la présence de ces nouveaux venus».
Selon l’ONG Alternative qui a bénéficié en juin 2013, d’un financement de 30 millions de FCFA de la France pour le projet intitulé «Weteminan» qui signifie «Ensemble et tous égaux», cette action des habitants de la citée, semble être la première fois que l’homophobie va si loin en Côte d’Ivoire.
« Nos enfants nous rapportait régulièrement qu’ils voyaient des hommes s’embrasser et des matins de bonheur, nous découvrions des préservatifs aux abords de la résidence de ces personnes », a renchérit Catherine Kouamé.
« Ces individus devenaient une sérieuse menace pour nos enfants. Nous sommes tout le temps parti pour le boulot et c’est au parking que se retrouvent nos enfants pour jouer. Une fois, l’un de ces individus a vu mon fils et lui a dit qu’il serait son bon petit (...) », a ajouté Mme Kouamé.
Une situation qui selon elle, a poussé les habitants de la cité à signer des pétitions et inviter la propriétaire de la résidence louée par les homosexuels à prier ces derniers de quitter le quartier. Une attitude nullement appréciée par les « invités indésirables » de ce quartier, qui selon les riverains, ont refusé de partir et ont même menacé certains des leurs.
« Des hommes armés sont entrés au quartier et ont tenté de kidnapper un monsieur du nom de Sonan, mais bien heureusement, ils se sont trompés d’individus et se sont plutôt pris à un médecin, lui aussi du nom de Sonan mais qui n’était pas la cible indiquée par les homosexuels » a encore dit Raphaël Koné.
Interrogés également par APA, les nouveaux locataires indésirables dans la citée se sont dits indignés de l’attitude de leurs voisins. « La constitution ivoirienne n’a pas de lois qui pénalisent l’homosexualité, sinon le ministère de l’intérieur n’aurait pas donné un document, donnant le droit à exercer en tant que défenseur des minorités sexuelles. L’article 360 parle de relation contre nature, elle n’a jamais précisé s’il s’agissait d’homosexualité ou de quoi que ce soit", a rétorqué Claver Touré, le président de l’ONG Alternative et principal mis en cause.
Pour lui, "chacun doit vivre sa sexualité comme il la ressent". Finalement, après cette action des populations riveraines, Claver Touré et ses camarades ont trouvé refuge au siège de leur ONG, Alternative, situé non loin de leur désormais ex-maison.
En Côte d’Ivoire où les minorités sexuelles comptent quatre associations , la question de l’homosexualité n’est pas abordée de façon officielle. La loi ivoirienne ne condamne pas mais ne donne pas non plus le feu vert à cette orientation sexuelle.
Avec l’appui de la France à cette association ivoirienne de protection des homosexuels, transgenres et personnes du métier du sexe, intervenu en juin 2013, les vannes d’une lutte "pro" et "anti" mariage pour tous à l’ivoirienne, ont été ouvertes.
En 2006, une association de lesbienne et de gays, s’est vue refusée un récépissé de déclaration d’existence par le ministère de l’intérieur.
MC/ls/APA
Déguerpissement d’un groupe d’homosexuels dans un quartier huppé d’Abidjan - Photo à titre d'illustration