Déguerpissements à Adjouffou (Port Bouet) : Un élève en classe de 4ème envoie un message très sensible au président Ouattara

  • 15/01/2020
  • Source : Linfodrome
Les populations d’Adjouffou, touchées par les mesures de déguerpissement annoncées par le ministre des Transports Amadou Koné, à la suite de la découverte du corps du jeune élève Ani Guibahi Barthélémy dans le train d’atterrissage d’un avion reliant Abidjan à Paris, se sont réunies ce mardi 14 janvier 2020, pour demander la clémence des autorités ivoiriennes.

Comme annoncé, le jeudi 9 janvier 2020, par le ministre des Transports Amadou Koné en conférence de presse, les déguerpissements ont commencé autour de l’aéroport international Félix Houphouët Boigny de Port Bouet. Ce mardi 14 janvier 2020, les populations d’Adjouffou, une des zones concernées par le déguerpissement, se sont donné rendez-vous au Foyer des jeunes dudit quartier pour attirer l’attention des autorités ivoiriennes sur le calvaire qu’elles vivront en appliquant cette mesure.

L’une des interventions qui a retenu l’attention de Linfodrome est celle du jeune Améne Gbo William, élève en classe de 4ème dans un établissement de la place. Vêtu d’un complet kaki avec son sac au dos, le collégien a lancé un message fort à l’endroit du président de la République, Alassane Ouattara. « Excellence Monsieur le président de la République, le papa des tout-petits. Enfants d’Adjouffou. Nous sommes l’avenir de ce pays. Nous voulons vivre. Monsieur le président, n’autorisez pas qu’on détruise notre quartier, Adjouffou. Nous sommes à l’école et en plein milieu scolaire. On veut nous chasser. Dites non à ce déguerpissement », a-t-il interpellé le chef de l’Etat.

Améne Gbo William a été imité par Traoré Alassane, le président de la zone concernée par le déguerpissement. « Nous avons appris subitement la nouvelle hier matin, selon laquelle l’Etat de Côte d’Ivoire a donné son ok pour qu’on rase les habitations jusqu’à 100 m de la clôture de l’aéroport, en vue de la sécurité dudit aéroport. Nous sommes là et les enfants vont déjà à l’école. Les vacances, c’est dans 6 mois. Si vous avez même 1 million en poche aujourd’hui, allez-vous transformer cet argent et maison pour y dormir ? », s’est-il interrogé, avant d’ajouter que les habitants du quartier ne sont pas responsables de ce qui s’est passé à l’aéroport.

Traoré Alassane a fait savoir que si le jeune élève a pu s’accrocher à l’avion comme le ferait un apprenti gbaka, « malgré toute la sécurité qui se trouve à l’aéroport », les riverains ne doivent pas en payer le prix fort. « C’est vrai qu’on ne peut pas aller contre l’Etat, mais l’Etat c’est qui ? C’est nous, la population, c’est ceux qui vivent en Côte d’Ivoire », a-t-il indiqué avant de demander au président de la République d’intervenir pour mettre fin aux déguerpissements : « Les Ivoiriens ont assez souffert, pendant 20 ans. Beaucoup de quartiers précaires ont été détruits, mais on ne sait pas où ces habitants sont partis. Nous demandons à l’Etat de surseoir au déguerpissement et trouver un temps pour trouver un terrain d’entente, afin que tout le monde gagne ».

Pour rappel, à la suite de la découverte du corps de l’élève Ani Guibahi Barthélémy dans le train d’atterrissage d’un avion de la compagnie Air France, le ministre des Transports, Amadou Koné, avait annoncé que des dispositions ont été prises, pour ne pas qu’il y ait des zones d’ombre autour de l’aéroport. Les déguerpissements actuels des riverains font partie des mesures arrêtées. « Un certain nombre de dispositions ont été prises pour ne pas qu’il y ait des zones d’ombre surtout, la nuit. Il y a des travaux qui seront réalisés sur 7 mètres derrière le mur de l’aéroport. On va procéder au déguerpissement des habitants vivant autour de l’aéroport. On va renforcer les agents de sécurité et de défense. Nous pensons qu’il est important d’être vigilant. Ce sont des événements qui permettent de renforcer la sécurité de l’aéroport », avait déclaré le ministre des Transports.

Adolphe Angoua