Une trentaine de jeunes militants de la société civile du Cap-Vert, de la Côte d'Ivoire, de la Guinée, du Mali et du Sénégal, sillonnent depuis quelques jours les gares routières situées sur les axes menant Gambie pour sensibiliser sur l'urgence de mettre fin aux "rackets et tracasseries sur les routes", a constaté l'APS.
Cette caravane d'information, de mobilisation sociale et d'interpellation des décideurs se déroule dans le cadre d'un projet régional baptisé "Loujna Tounkaranké", mélange d'arabe et de soninké, signifiant comité de promotion des droits des migrants, auquel participent 16 organisations de la société civile d'Afrique de l'Ouest, du Maghreb et de la France.
De Kaolack aux postes frontaliers de Keur Ayib et Karang, à la frontière gambienne, les jeunes engagés dans la semaine dite de la mobilité du 23 au 30 mai ont, lors des escales dans les différentes gares routières, distribué des tee-shirts, des prospectus, des affiches.
Ils ont aussi mené des actions de sensibilisation en direction des chauffeurs, voyageurs, commerçants sur le protocole de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest), relatif à la libre circulation des personnes, le droit de résidence et d'établissement.
Ce protocole signé le 29 mai 1979 à Dakar reconnaît aux citoyens des 15 pays signataires le droit d'entrer, de se déplacer, de séjourner et de s'établir dans un des pays membres quels que soient les motifs de leur déplacement, a souligné le président du réseau migration et développement (REMIDEV), Mignane Diouf.
"Toutefois, il faut reconnaître que nous recevons énormément de revendications de citoyens, de chauffeurs, de voyageurs empruntant notamment les corridors Dakar-Banjul, Dakar-Bamako, Dakar-Abidjan, Dakar-Conakry, etc.", a indiqué M. Diouf.
Selon le président du réseau migration et développement, cela veut dire que les entraves à la liberté de circulation et d'installation paraphée depuis 35 ans les chefs d'Etat membres de la CEDEAO sont encore nombreuses.
"Alors, le sens profond de cette campagne pour la liberté de circulation est d'aider à booster le dispositif organisationnel à l'interne de la CEDEAO, d'amener les décideurs à agir à travers des mesures courageuses visant à supprimer tous les obstacles à la libre circulation des personnes et des biens", a encore indiqué M. Diouf.
"Les voyageurs et les citoyens simples qui font des passages réguliers aux postes frontaliers sont confrontés à des tracasseries administratives et routières, à des délais d'attente préjudiciables aux activités économiques ou alors ils payent des frais illicites pour rendre visite aux familles installées dans un pays de la CEDEAO", a ajouté M. Diouf.
A Keur Ayib, le président du regroupement des chauffeurs de la gare routière, Baba Touré, a listé les difficultés rencontrées au quotidien par les chauffeurs et voyageurs sénégalais en terre gambienne, avant d'appeler les membres de la caravane à amener l'Etat sénégalais à apporter des solutions à "ces problèmes récurrents".
Cette caravane veut également inciter les voyageurs, transporteurs, transhumants, et autres migrants de l'espace communautaire à dénoncer les obstacles illégitimes à la libre circulation et à résister aux violations de leurs droits et aux tracasseries routières.
A terme, il s'agira d'amener les Etats à adopter un programme communautaire de sensibilisation, après le partage des expériences de terrain avec les députés, le conseil économique, social et environnemental, les ministères de l'Intérieur, des Affaires étrangères et du Transport ainsi que les institutions régionales.
PON/BK
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