Quoique reclus à la prison de Scheveningen à La Haye, le cordon n'est pas rompu entre Laurent Gbagbo et son parti, le Front populaire ivoirien(Fpi). Mieux, le mentor du Fpi garde la mainmise sur ce parti, bien qu'étant à mille lieu d'Abidjan.
C'est du reste ce que croit savoir « Jeune Afrique ». Dans son édition à paraître cette semaine, le confrère apprend que l'ex-chef de l'Etat ivoirien reste le principal manœuvrier du parti, même retenu dans les liens de la justice. « Est-ce que Laurent Gbagbo garde la main sur son parti, la réponse est oui, pour l'essentiel », a indiqué le directeur des rédactions de ce bimensuel sur les antennes de Rfi hier, dimanche 18 mai 2014.
Mais comment, depuis la prison, parvient-il à maintenir le contact avec les animateurs de son parti, en Côte d'Ivoire, au point d'en être le véritable maître du jeu ? « Il fait passer des messages par ceux qui viennent le voir », répond le confrère.
C'est de cette façon qu'il parvient à contourner la mise sur écoute de son téléphone. D'ailleurs, rapporte ce bimensuel, l'ex-chef de l'Etat est bien informé sur l'actualité politique dans son pays. « Beaucoup de ses visiteurs sont d'ailleurs étonnés par la qualité des informations qu'il a sur la Côte d'Ivoire », souligne le directeur de la rédaction de JA.
Le cas Gbagbo intéresse le confrère, d'autant que le sort de celui-ci sera décidé d'ici à fin juin 2014, puisque c'est dans le courant de ce mois que pourrait tomber le verdict sur l'audience de confirmation des charges. Ce verdict de la Chambre préliminaire I de la Cour pénale internationale( Cpi) intéresserait tout autant les partisans de Laurent Gbagbo que le régime Ouattara.
« S'il est libéré, il va revenir sur la scène politique ivoirienne, à ce moment-là, le pouvoir aura du mal à garder sa sérénité », analyse le confrère, qui estime par ailleurs, que, dans le cas contraire, c'en sera fini de son avenir politique. « En revanche, s'il reste à la prison de La Haye, il risque aussi d'être marginalisé, puisque les militants vont passer à autre chose ; ils vont sans doute se rabattre sur une autre personne », fait-on observer.
Une situation qui fait dire qu'Abidjan retient son souffle, à quelques semaines du verdict sur l'audience de confirmation des charges.
Rappelons que ladite audience s'est tenue le 3 juin 2013. A l'issue des échanges entre les deux parties, le tribunal avait remis son verdict à plus tard, ayant jugé insuffisantes les preuves fournies par la procureure, Fatou Bensouda. La Cour lui avait accordé un délai supplémentaire pour consolider ses arguments. Ces preuves complémentaires ont été fournies par la procureure le 13 janvier 2014.
Le 14 avril dernier, la Cour indiquait, par un communiqué officiel, qu'elle avait 60 jours pour rendre son verdict sur l'audience de confirmation. Les partisans de Laurent Gbagbo et le régime Ouattara seront donc situés d'ici quelque temps. Notons par ailleurs que l'ancien chef de l'Etat croupit à la prison de Scheveningen à La Haye depuis le 29 novembre 2011. Il y a été transféré après avoir été arrêté à l'issue d'une guerre post-électorale l'ayant opposé à Alassane Ouattara et qui a fait officiellement 3000 morts.
Photo d'Archives / CPI : Laurent Gbagbo comparait en audience préliminaire