Sur les 23 noms figurant sur la liste des membres du conseil politique du Rhdp, un nom est au centre des débats depuis vingt-quatre heures : celui de Charles Koffi Diby. Non pas parce que l'actuel président du Conseil économique, social, environnemental et culturel (Cesec) ouvre la liste dûment signée par Alassane Ouattara, mais bien parce que l'intéressé est vice-président du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (Pdci) et entretient avec Henri Konan Bédié des liens personnels.
Entre ceux qui proclament, à coups de tweets, que Charles Koffi Diby a révélé au grand jour sa « félonie », et ceux qui, revendiquant une certaine connaissance de l'homme, assurent que sa « nomination » s'est faite sans son accord exprès, les commentaires sont souvent passionnés. L'inter a interrogé l'entourage proche de l'ancien ministre de l’Économie et des finances, ainsi que la haute direction du parti unifié sur le cas « Diby ».
Première vérité. Alassane Ouattara, président de la République, et président du Rhdp, n'a pas pu apposer sa signature au bas d'un document litigieux. « C'est un peu gros tout de même ce qui nous revient depuis vingt-quatre heures. C'est vrai que nous sommes en politique et qu'on peut suspecter des arrangements, mais on ne peut pas s'imaginer un instant que le président de la République, avec le niveau de responsabilité qu'il a, puisse inscrire ou faire inscrire des noms de personnalités sur une liste sans leur accord préalable », explique un ponte du Rhdp, longtemps conseiller d'Alassane Ouattara.
Et si alors la stratégie consistait à inscrire des noms sur une liste en étant bien conscients que les concernés, par pudeur ou pure courtoisie, ne remettront point en cause publiquement la signature du premier magistrat du pays ? « C'est bien une façon de voir. Mais le problème de fond est qu'aujourd'hui, beaucoup refusent d'admettre que des responsables politiques décident librement d'appartenir au parti unifié. On voit la contrainte partout. C'est à la limite de l'offense », réplique cet ancien conseiller d'Alassane Ouattara. Charles Diby Koffi a eu, selon ce sérieux confident, des contacts préalables avec la hiérarchie du Rhdp, et sa nomination au nombre des membres du conseil politique ne participe à « aucune sorte d'escroquerie ».
Deuxième vérité. Le président du Cesec est ce qu'on pourrait qualifier de go-between entre Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié. Il fait partie de ce cercle fermé de proches qui travaillent dans l'ombre à un rapprochement entre les deux anciens alliés, depuis peu, en froid. Ses liens avec l'un et l'autre passent le cadre de la Marahoué pour une espèce de pont à préserver. Au Pdci, les sachants se gardent bien de jeter le discrédit sur Charles Koffi Diby, conscients de son rôle discret et de ses missions officieuses.
A cela, il faut ajouter la dimension internationale de l'ancien argentier ivoirien. Charles Koffi Diby est aujourd'hui bien plus qu'un simple président d'institution. Cette année 2019, l'Ivoirien représente son pays au sein du « Joint committee on the renumeration of executive directors and their alternates ». Il s'agit d'un organe mixte de réflexion et de production de recommandations de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (Fmi). Diby Koffi a été choisi par le chef de l’État, Alassane Ouattara, pour représenter son pays dans cette instance.
Ce n'est pas tout. La Côte d’Ivoire a accédé, le 7 mars 2019, à la présidence de l'Association internationale des conseils économiques et sociaux et institutions similaires (Aicesis). Et c'est encore Charles Koffi Diby, en qualité de président du Cesec, qui présidera la faîtière pour un mandat de deux ans. « Il ne faut pas faire la fine bouche. Tout ce rayonnement international a été possible grâce au leadership d'Alassane Ouattara. Comment vouloir, avec un tel niveau de représentation sur la scène internationale, que Diby ouvre les hostilités contre le premier magistrat du pays ? Ce serait absolument contre-productif. Le soutien de l’État, à travers son premier représentant, lui est indispensable dans ses nouvelles missions », pose, serein, un proche du président du Cesec. « On peut comprendre le désappointement d'une partie de la base du Pdci qui considère s'échapper un véritable poids lourd du parti à la veille de présidentielle. Mais il serait judicieux d'avoir une analyse au niveau étatique », ajoute la source.
Charles Koffi Diby, peu enclin à réagir à la polémique, ne devrait faire aucune sortie publique- du moins pas pour l'instant- sur sa présence dans le conseil politique du Rhdp. Sans doute conçoit-il que la polémique s'estompera d'elle-même. Selon nos informations, une nouvelle liste de membres des instances du Rhdp sera publiée dans les prochaines heures. Peut-être que ce prochain développement mettra un bémol à la présente polémique. Dans l'entourage de Charles Diby Koffi, on espère pouvoir « tourner la page de la controverse ».
Kisselminan COULIBALY
Des vérités sur le cas Charles Koffi Diby