L’Autorité pour le désarmement, la démobilisation et la réintégration (Addr) est au pied du mur. Si l’espoir des autorités est qu’elle réussisse, force est de réaliser qu’elle a fort à faire dans un secteur où trois structures de même vocation ont échoué.
Attention, on peine à désarmer. Des programmes Ddr (désarmement, démobilisation, réinsertion) se succèdent. Va-t-on alors assister à l’avènement d’un autre projet du genre, à la suite de l’actuel Autorité (Addr) mise en route en août 2012 ? Sait-on jamais. Une chose est cependant certaine, cette structure doit trouver un point de chute à 65.000 ex-combattants. Ce qui va nécessiter 85 milliards Fcfa, selon les chiffres indiqués par le président de la République, Alassane Ouattara. Mais l’Addr n’est pas mieux lotie par rapport aux structures qui l’ont précédée dans le domaine. Prise dans l’étau de l’impatience et des exigences des jeunes à réinsérer, elle s’essaie tant bien que mal à poursuivre sa mission.
Des mutations et autres innovations intervenues dans ce secteur de la sécurité ne fondent pas, en tout cas, à penser autrement. En effet, des opérations du genre ont été expérimentées depuis 2005, sans qu’elles n’apportent le résultat escompté. Avec la même terminologie, ou presque, elles ont vu la création de la Commission (Cnddr), l’ancêtre des processus Ddr. La Cnddr, organe exécutif du Pnddr/Rc a été confiée à Alain Richard Donwahi. La structure devait réinsérer 48.064 jeunes dont 5.500 supplétifs des Forces de défense (Fds) et 42.564 issus des Forces armées des Forces nouvelles (FaFn). Le top départ du projet donné à Yamoussoukro à la mi-mai, par le général Philippe Mangou, chef d’état-major des forces gouvernementales et son homologue des FaFn va traîner en longueur. La période du 27 juin au 10 août de la même année qui lui était impartie ne sera donc pas respectée, jusqu’à ce que la Banque mondiale et le régime d’alors dénoncent la gestion faite des fonds alloués aux travaux.
Le Pnddr/Rc, financé à hauteur de 85 milliards Fcfa dont 25 milliards Fcfa apportés par le gouvernement et 40 milliards Fcfa par la Banque mondiale, est donc débouté. Le Pnddr/Rc fera place au Pnddr, tout court. Cette autre initiative est placée sous l’autorité du général à la retraite, Gaston Ouassénan Koné. «A ce titre, il est chargé, sous l'autorité du Premier ministre (Charles Konan Banny, ndlr) et en liaison avec le ministre chargé du Programme de reconstruction et de réinsertion et le ministre de la Défense, d'assurer la bonne exécution des accords relatifs au démantèlement des milices, au désarmement, à la démobilisation, à la réinsertion et à la réhabilitation communautaire », indique le décret signé de Laurent Gbagbo, en mars 2006. Malgré la rigueur militaire qui lui a valu la nomination, l’ancien officier de gendarmerie devenu homme politique, ne fera pas mieux que son prédécesseur. La forte adversité politique et la lenteur du financement du Pnddr aidant, sa prestation va nécessiter d’autres réglages. Ainsi, naquis le Programme national de réhabilitation et de réinsertion communautaire (Pnrrc), avec l’arrivée à la Primature de Guillaume Soro, en 2007.
« De 2007 à 2011, l’opération de profilage des différentes cibles a permis d’enregistrer 9.776 ex-combattants », informent les archives de la structure que dirigeait Daniel Ouattara Kossomina. Au titre de son bilan, 32.777 jeunes des FaFn ont été réinsérés de 2007 à 2008, quand 38.165 autres des Fds ont trouvé des activités rémunératrices de revenus, de 2008 à 2010. Après la crise électorale, la base de données du Pnrrc datant de 2012 indique que seuls 38.834 ‘’jeunes associés‘’ aux Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci) ont été réinsérés. Mais courant 2012, le gouvernement constatera l’« échec » du Pnrrc, avant de mettre en place l’Addr.
Bidi Ignace
Désarmement, réinsertion des ex-combattants : L’éternel recommencement ! - Photo à titre d'illustration