Briser les tabous, mettre fin aux préjugés et faire changer le regard sur les personnes en situation de handicap et leur entourage sont des enjeux essentiels. Des Etats aux individus la tâche reste ardue. Enfant de malheur, enfant sorcier, ou encore enfant serpent sont des termes que vous entendrez faisant référence aux enfants en situation de handicap en Côte d’Ivoire. Ainsi donc, indépendamment de leur volonté, les personnes en situation de Handicap sont stigmatisées et marginalisées au sein de la société.
Affronter les regards insistants voire méprisants, commentaires déplacés, questions incongrues se trouve être leur quotidien.
Il faut noter que cet irrespect est le fruit d’une forte ignorance sur le handicap en général. En effet, il y a un manque criard d’informations sur le handicap en Côte d’ivoire. Partant des considérations et rumeurs en la matière, elles sont nombreuses ces personnes qui se font leurs propres idées sur la question sans vraiment connaitre les causes réelles.
De ce fait, une sensibilisation sur le handicap de façon générale se révèle indispensable pour que cessent les discriminations. Cela permettra de dédramatiser le handicap et de favoriser une meilleure intégration de ces personnes dans la société.
Nous avons approché des professionnels qui œuvrent dans le milieu du handicap en Côte d’Ivoire pour prendre en quelques mots ce qui pourrait être un début de solution dans ce combat. Journalistes, écrivains et responsables de fédérations et associations se sont prêtés au jeu. Ci-dessous leurs différentes interventions.
AGNES KRAIDY, Journaliste, écrivaine et communicatrice
Pour sa majesté Agnès Kraidy, les journalistes ivoiriens ont un rôle prépondérant à jouer dans cette quête qu’est la déstigmatisation du handicap en Côte d’Ivoire.
Dans sa quête personnelle d’aider dans ce sens, elle a sorti en février 2021, « les affranchis du sort », livre dans lequel, la journaliste écrivaine rend hommage aux hommes et aux femmes ayant vaincu leur handicap et en ont finalement fait un atout. Il s’agissait dans cette œuvre littéraire pour Agnès Kraidy de montrer sous leur meilleur jour des personnes en situation de handicap.
Selon la Journaliste et communicatrice émérite, les hommes de médias en Côte d’Ivoire doivent faire preuve d'humanisme et d'impartialité dans le traitement des questions liées aux personnes en situation de handicap.
« Le journaliste primaire doit pouvoir s’inscrire dans une sorte de ré-humanisation de son métier en questionnant son métier de manière à faire en sorte que le sujet qui est traité puisse toucher les problématiques qui touchent à l’humain, qui touchent donc à notre humanité, notre fraternité et notre cohabitation » a exhorté sa majesté lors d’un séminaire dédié à la question le jeudi 15 juillet 2021.
GUY MARTIAL KOUASSI, Journaliste spécialiste du handicap
Pour Guy martial Kouassi, Journaliste spécialiste de la question du handicap à Ivoirehandicaptv.net, aboutir au changement de regard des populations ivoiriennes sur les personnes en situation de handicap se résumerait en l’application effective des lois dont la Côte d’Ivoire s’est dotée.
« Il faut appliquer tous les décrets et lois en la matière. Une fois ces lois appliquées, la population sera éduquée dans ce sens. Si la population est informée qu’au même titre que les personnes dites normales, les personnes handicapées ont aussi des droits, alors il n'y aura plus de stigmatisation».
PRISCILLA DOMORAUD, représentante de l’ONG Handicap Société Internationale en Côte d’Ivoire
« Nous savons que cette frange de la population n’a pas la vie facile. Que l’Etat ivoirien travaille à autonomiser les personnes en situation de handicap en mettant sur pied un plan de financement des projets de ces dernières. Il est évident que si elles arrivent à se réaliser, elles inspireront forcément le respect de tous. »
Priscilla Domoraud a par ailleurs tenu à préciser que le handicap n’est pas l’apanage du gouvernement ivoirien et devrait être l’affaire de tous.
« Nous sommes tous de potentielles personnes handicapées, il est donc important que tout le monde s’intéresse au handicap afin de réussir l’inclusion tant souhaitée et ce, dans tous les domaines», a-t-elle exhorté.
BINTU RUHIGITA, présidente de l’association AFAS
Bintu Ruhigita, originaire de la République démocratique du Congo (RDC). Elle est la présidente de l'action des femmes africaines solidaires pour le développement en France (AFAS), une association qui a des actions dans près de 12 pays en Afrique et qui a pour objectif le développement en Afrique et en France par les femmes.
« J’appelle surtout les autorités politiques car c’est elles qui ont la charge de gouverner tout un pays. On ne peut pas gouverner un pays et oublier ce pourcentage de personnes vivant avec un handicap et se sentir à l’aise. Il faut travailler sur la cohésion sociale mais aussi renforcer tout ce qui nous met en commun et tout ce qui appelle à l’unité, aux échanges des capacités de chacun de nous et surtout la complémentarité dans le fait de vouloir changer les choses. Changeons notre regard envers les personnes handicapées. C’est à nous les personnes dites valides de changer notre regard envers les personnes handicapées et je crois qu’elles sont très ouvertes. »
SANSAH DAH, président de la FIASA
Relativement au regard sur les personnes handicapées par la communauté, pour Sansah Dah, le président de la Fédération Ivoirienne des Associations des Sourds-Aveugles (FIASA), les choses ont changé positivement mais, beaucoup reste à faire en ce qui concerne l’inclusion des personnes porteuses de handicap.
‘’Nous croyons que les barrières tombent. Il y a de cela quelques années en arrière, cela serait utopique ou paradoxale ou bizarre de voir que des personnes handicapées surtout sensorielles se trouveraient dans l’administration ivoirienne, à moins que ce soit dans leur domaine spécifique. On pouvait trouver des aveugles travailler à l’institut des aveugles, des sourds à l’école des sourds… Mais aujourd’hui, nous voyons des personnes handicapées sensorielles ou motrices, la plupart d’entre nous se retrouve dans l’administration publique et travaille de façon inclusive. S’agissant de l’inclusion des personnes handicapées dans la société, il est souhaitable par exemple, que dans une administration parmi les décideurs, qu’il ait des personnes handicapées dans chaque domaine ou à chaque étape. Quand la Côte d’Ivoire fera cela, on dira que la communauté des personnes handicapées est prise en compte comme c’est le cas des femmes’’, a-t-il indiqué.
Souhaité de tous vœux par l’ensemble des intervenants ci-dessus présentés, l’Etat ivoirien est invité à améliorer sa politique nationale de promotion et de protection des personnes handicapées. Qu’il s’agisse d’éducation, d’emploi, de loi ou d’un tout autre domaine, tous les enfants de la Côte d’Ivoire à l’égard de la déclaration universelle des droits de l’homme doivent bénéficier des mêmes prérogatives.
C'est donc avec le concours de tous que nous réussirons ce pari.
Varol
Déstigmatiser le handicap en Côte d’Ivoire : Ce qu’en pensent les professionnels du milieu