Devoir de mémoire / Crise postélectorale : le témoignage émouvant d’un rescapé / Comment ses collaborateurs ont été froidement abattus - Comment Joël N’guessan a échappé à une tentative d’assassinat

Et pour cause ? Quatre de ses collaborateurs, chauffeur et deux agents chargés de sa sécurité ont été froidement abattus sous ses yeux par les hommes du Commandant Seka Seka des ex-FDS, en service au palais présidentiel, le vendredi 8 avril dernier. 

 

Nous sommes le 07 avril 2014. Il est 23h 44. Je n'arrive pas à trouver le sommeil. J'ai passé la journée du 07 avril à me gaver de travail. Tout en travaillant, j'étais angoissé. C'est bien plus tard, étant rentré à la maison, que j'ai compris le sens de mon angoisse.

J'étais à la veille du jour fatidique de votre départ. Je me souviens encore, comme si c'était hier des préparatifs de notre sortie du lendemain. Le Président Alassane Ouattara venait d'annoncer, à partir de l'hôtel du Golf, qu'il mettait un blocus sur la résidence de Monsieur Laurent Gbagbo. Il a demandé donc à toutes les forces de police et de gendarmerie d'assurer la sécurité des ivoiriens.

C'est à partir de là que, d'un commun accord, nous avons pris la décision de sortir de la maison après près de 10 jours d'enfermement. Le lendemain matin, Franck, tu as été inspecté l'environnement pour t'assurer que nous pouvions sortir sans crainte.

Nous sommes effectivement sortis sans nous inquiéter car nous étions tous rassurés. Malheureusement, après avoir rendu visite aux êtres qui nous sont chers, à notre retour, nous avons malencontreusement croisé sur la route des escadrons de la mort conduits par le Commandant Seka Seka Anselme. Alors que nous n'étions pas dans un champ de bataille, ils vous ont ôté la vie, faisant de moi un prisonnier parce que j'étais l'oncle de Monsieur KIPRE, gendre du Président Laurent Gbagbo.

Je me souviens encore des traitements qu'ils m'ont fait subir et qui ont cessé grâce à l'intervention de mon neveu et de son épouse Gbagbo Marie Laurence Gado épouse Kipré. Mais que représentent ces traitements par rapport à la violence de votre assassinat. Elles sont nombreuses les victimes de cette barbarie collective qui s'est emparée des ivoiriens. Monsieur Yves Lamblin et le Colonel Major DOSSO n'ont pas eu ma chance de même que les milliers de victimes de notre stupide et inutile guerre.

 

De là où vous êtes, si tant est qu'il existe une vie après la mort, je vous demande de veiller à ce que j'ai l'intelligence, les moyens et la force nécessaire pour lutter sans relâche contre tout ce qui peut être source de conflits et de guerre dans notre pays. Nous ne vous oublierons jamais.

 

Bernise et Joël ainsi que tous nos enfants et vos ex -collaborateurs gardes du corps et chauffeurs.

 

Joël N’guessan