Le directeur général de l’Oni, Diakalidia Konaté, apporte des éclaircissements sur ce grand projet innovant qui sonnera, par ailleurs, la révolution de l’état civil ivoirien. Il présente également les avancées de la politique de lutte contre la fraude identitaire menée par ses services et explique les principales causes des retards constatés dans la délivrance des cartes nationales d’identité.
Vous avez initié de nombreux projets au cours de cette année 2017. Quel bilan pouvez-vous dresser?
L’année 2017 nous a permis d’élaborer un plan d’actions stratégiques qui avait été validé à Grand- Bassam. Dans le cadre de sa mise en oeuvre, nous avons réalisé beaucoup d’activités. Comme premier acquis, l’état dispose aujourd’hui d’un document de stratégie sur l’état-civil et l’identification réalisé à l’issue d’une étude diagnostique selon l’approche du programme africain pour l’amélioration des systèmes d’état civil et l’établissement des statistiques vitales en abrégé Apicrvs A cela, le gouvernement a instruit l’Oni et des services techniques nationaux pour élaborer le cahier de charges de la mise en place du rnpp. Cela a été fait dans les délais prescrits et l’ensemble de ces documents a été présenté au Gouvernement le 14 décembre dernier. Ces documents ont été adoptés avec le chronogramme qui l’a accompagné.
Au plan social, l’ouverture d’une infirmerie, l’acquisition d’un car pour le personnel. En termes de qualité-service de nos prestations, plusieurs ateliers organisés nous ont permis d’améliorer les conditions de production des Cartes Nationales d’identité et de renforcer les capacités de nos collaborateurs dans le domaine de la gestion des organisations.
Nous nous sommes engagés au cours de l’année écoulée, à réactiver la Carte de résidents pour les ressortissants hors Cedeao. Cela a permis d’assurer une meilleure traçabilité des personnes et améliorer la gestion du flux migratoire sur tout le territoire national. Avec l’appui de notre partenaire l’Unicef, aussi nous avons démarré les activités préparatoires à la mise en place des nouveaux mécanismes d’enregistrement des faits d’état civil. C’est le projet pilote intégré à la modernisation de l’état civil.
Au niveau de la communication, un journal interne a été institué, pour permettre à tous les agents d’être au même niveau d’information. A l’actif de notre bilan, nous ajoutons le déploiement de seize Coordonnateurs et de trois Superviseurs à l‘intérieur du pays pour une meilleure efficacité des activités des agents d’identification sur le terrain.
Pour cette année 2018 qui commence, quelles sont les priorités de l’Oni ?
La priorité des priorités est la mise en place du registre national des personnes physiques. Toute notre attention, notre énergie et nos activités sont focalisées sur la mise en place de ce registre. D’ailleurs, nous pilotons actuellement, avec l’Unicef, un projet précurseur de la mise en place du registre national dans les régions de San-Pédro, de la Nawa et du Gboklè. Ce projet a vocation à susciter la déclaration universelle des faits d’état-civil. Or, la source de l’identité des personnes, c’est leur état civil. Nous sommes déjà dans la dynamique du Rnpp. En cette année 2018, nous poursuivrons la consolidation des actions que nous avions entamées avec nos partenaires au développement.
Nous venons de signer l’accord subsidiaire avec la Banque Mondiale pour le financement des études et de certaines activités de démarrage du projet « Identification pour le développement en Côte d’Ivoire (Idci) » dans le cadre de la mise en place du rnpp. Nous avons 24 mois pour mettre en place le registre national des personnes physiques et toutes les énergies sont mobilisées au niveau de l’office national de l’Identification pour atteindre cet objectif.
Le Rnpp est donc la réponse aux nombreuses insuffisances que connaît le système d’identification ?
Bien entendu. Aujourd’hui, l’écosystème de l’identification en Côte d’Ivoire donne de constater qu’à côté de l’oni qui détient une base de données nationales, il y a plusieurs autres bases sectorielles, comme celles de la Couverture Maladie Universelle, des passeports, des permis de conduire, de l’éducation nationale etc. Ces bases de données, malheureusement, ne communiquent pas entre elles, il est impossible d’en assurer leur unicité. Une identification sécurisée et viable veut nécessairement dire l’unicité de toutes les bases de données pour garantir la production de la pluralité des documents d’identité. Ainsi, à partir de sa seule biométrie une personne pourra se voir délivrer son extrait de naissance, sa Cni, son permis de conduire, son passeport, sa carte de la couverture maladie universelle, sa carte scolaire, sa carte professionnelle, sa carte d’électeur avec le même numéro. La vocation du Rnpp est de mettre toutes ces bases de données ensemble en vue de donner un identifiant unique à chaque individu vivant sur le territoire ivoirien. Le Rnpp, une révolution en matière d’identification et d’état civil, deviendra désormais la base de données de référence...
Diakalidia Konaté (Dg de l’Oni) : "Pourquoi les cartes nationales d’identité tardent à être délivrées"