Le gouvernement a interpellé, hier, le Front populaire ivoirien (Fpi), sur le ton de son discours. Il lui a également demandé d’appeler ses militants et autres partisans en exil, réputés pro-Gbagbo, à regagner le pays.
Ils se sont, enfin, parlé. Jeannot Kouadio-Ahoussou et Pascal Affi N’guessan empêchés, mardi, ont discuté, hier, à partir de 18h10, à la Primature, au Plateau. Prenant la parole, devant la presse, le ministre d’Etat auprès du président de la République, coordonnateur du dialogue politique, a demandé au président du Front populaire ivoirien (Fpi) de lancer deux appels.
L’un, au «retour d’exil de tous les Ivoiriens» ; l’autre, «à l’apaisement des esprits et des cœurs». Les deux exhortations devraient, selon l’ancien Premier ministre d’Alassane Ouattara, permettre au gouvernement d’ «apporter des solutions» aux problèmes consécutifs à la crise postélectorale. Jeannot Kouadio-Ahoussou a insisté sur cette préoccupation des autorités.
«Je souhaite que vous donniez des signes forts, allant dans le sens de la cohésion et de la paix», a-t-il réaffirmé. Il n’a pas passé sous silence son ressentiment sur la teneur du discours politique. « Je voudrais attirer votre attention sur la fragilité de la paix dans notre pays. Nous devons veiller à ne pas réveiller les vieux démons, user des déclarations incendiaires de toutes sortes et entraîner le pays au bord du précipice.
Pour cela, il nous faut refonder, rénover nos discours, nos attitudes et changer notre manière de faire la politique», a-t-il notamment interpellé le président du Fpi. En outre, M. Kouadio-Ahoussou a prié le Fpi de communiquer à son cabinet la liste des frontistes dont les comptes sont gelés et ceux en liberté provisoire devant réintégrer la Fonction publique. L’ex-chef du gouvernement a aussi partagé sa «certitude» que «le dialogue triomphera» des difficultés qu’il connaît.
En effet, débutés fin avril par un conclave à Grand-Bassam, les pourparlers pouvoir-opposition ont été maintes fois ralentis puis interrompus du fait des incompréhensions mutuelles. Ils n’ont pas vraiment évolué, même avec l’avènement à la mi-janvier du ‘’dialogue direct‘’ réclamé et obtenu de l’Exécutif par le Fpi.
4 heures de discussions
Quant au chef de la délégation de l’ancien parti au pouvoir (octobre 2000-décembre 2010), il a jugé la rencontre «trop sérieuse» pour être ouverte aux journalistes. C’est donc derrière des huis clos que se sont poursuivis les échanges jusqu’à 22h11. Après quoi Pascal Affi N’guessan s’est ouvert à la presse, sur le perron. Il a indiqué que les autorités devraient distinguer le ‘’cadre permanent de dialogue‘’ des ‘’états généraux de la République‘’.
Un projet de réconciliation que propose le Fpi. La première plate-forme de négociations doit être dévolue à l’ «apaisement» du climat sociopolitique et la seconde, «aux questions électorales». Toutefois, il s’est félicité de discussions «positives» qui se sont déroulées «dans un bel esprit». Elles doivent se poursuivre, a-t-il ajouté, parce que les sujets abordés n’ont pas été épuisés.
Pascal Affi N’guessan et ses camarades disent être «déterminés» à poursuivre le dialogue en vue de « trouver des consensus » aux problèmes évoqués. Ce sont, entre autres «revendications», la «réforme» de la Commission électorale indépendante (Cei), la «libération» de Laurent Gbagbo et d’autres prisonniers politiques, le «retour» des exilés.
Bidi Ignace avec Danielle Tagro
Dialogue politique: Ce que Ahoussou attend du Fpi - Photo à titre d'illustration