Madame la première vice-présidente de l’Assemblée nationale
Madame et messieurs les vice-présidents de l’Assemblée nationale
Monsieur, le sous-préfet de Gnangbodougnoua
Monsieur, le député
Mesdame et messieurs, les députés
Monsieur le président du conseil régional de Gagnoa
Mesdames et messieurs, les élus
Mesdames et messieurs, les chefs de service
Mesdames et messieurs, les officiers, sous-officiers et militaires du rang
Honorables chefs traditionnels,
Distingués chefs religieux
Populations de Gnangbodougnoua,
Mesdames et messieurs
Je voudrais avant de délivrer mon message de la journée commencer par des mots de remerciement et de gratitude.
Mais, je voudrais dire que ce jour, 15 août 2013, est un jour symbolique. C’est la fête de l’assomption. Mais c’est aussi le jour où je visite la région de Gagnoa. C’est pourquoi je veux saluer le peuple Guébié. Je veux saluer ce brave peuple Guébié. J’en ai entendu parler. J’ai lu dans les livres. Aujourd’hui, jai mis le pied dans votre sous-préfecture. Je vous salue au nom de l’Assemblée nationale. Mais je vous salue au nom de toute la Côte d’Ivoire. Je suis content, heureux de la mobilisation exceptionnelle. De tout ce monde sorti. J’en suis content et fier. C’est pourquoi mes remerciements vont au préfet de région qui n’a menager aucun effort pour faire passer pour faire passer le message de la paix, le message de la réconcilaition. Je salue les fils de cette sous-préfecture. Je salue le député ici présent. Je salue les cadres de cette région qui ont sillonné pour annancer notre venue. Mais je n’oublierai pas de remercier les chefferies traditionnelles de Gagnoa sans laquelle je ne serais pas là. Parce que c’est eux, depuis 2012, qui sont allés me trouver à Abidjan pour me demander de venir à Gagnoa. Et je vais tout particulièrement saluer le chef Gbizié, je crois qu’il doit être là. Et un de vos fils le chef Gadji Djédjé Joseph de Godélilié. C’est un homme courageux. Ils sont courageux parce qu’ils ont compris qu’il faut du courage pour faire la paix. Parce que pour faire palabre ou pour faire la guerre ce n’est pas difficile. Une seule personne peut se lever et puis aller gifler quelqu’un. Mais pour faire la paix il faut assurément du courage. Je les salue et je les remercie. Je remercie aussi les fils du village. Koudou Zadi qui est le quatrième vice président du conseil régional, M. Gnangbo Christian professeur à l’Injs, M. Dago Dogba Athanase qui un opérateur économique bien connu, M. Bohui Marcelin. Je salue le général Kili Fiacre et tous ceux qui se sont associé à l’organisation de ma visite ici présent. Cher peuple du guébié, certains vont se demander pourquoi je suis en visite dans la région de Gagnoa. Mais je sais aussi que certains ont dû vous appeler pour vous dire : « ne recevez pas Guillaume Soro à Gagnoa ». Certains ont certainement dû vous demander de refuser la paix. Chers parents ils ont tors. Parce que comme j’aime à le dire souvent, chaque temps a sa chose. Aujourd’hui, pour moi le temps de la réconciliation est venu. Et c’est pourquoi quand les chefs m’ont invité à venir dans la région de Gagnoa j’ai accepté. Je suis ici aujourd’hui, demain je vais sillonner les autres sous-préfectures. J’irai à Ouragahio, à Guibéroua, à Gnaliépa, à Mama. J’irai partout pour parler de la paix. J’irai aussi pour parler de la réconciliation nationale.
Et, je suis venu vous inviter à vous inscrire dans la logique de la réconciliation nationale. Je sais qu’il y a eu des problèmes, la Côte d’Ivoire a connu des problèmes. Il ne faut pas avoir peur d’employer les termes, il n’y a pas de sujets tabous ; oui, la Côte d’Ivoire a connu la guerre mais, personne ne doit souhaiter la guerre pour son pays. La Côte d’Ivoire a connu des moments difficiles mais, personne ne peut souhaiter des moments difficiles pour son pays. Mais, aujourd’hui, la Côte d’Ivoire doit s’engager sur la voie de la paix et de la réconciliation. Et je veux que le peuple du Guébié embarque dans le train de la réconciliation. Je veux que chacun puisse jouer sa partition pour que notre pays retrouve la stabilité et la paix. Il n’y a pas de sujets tabous ; je sais que certains vont me dire qu’il y a eu la guerre, que certains de leurs enfants sont en prison. J’irai à Guibéroua dans la village de Blé Goudé et je parlerai avec ses parents. Tout à l’heure, dans la foule, j’ai vu certains de mes amis avec qui j’ai milité au sein de la fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire, la Fesci. Ils sont là dans la foule. Ils peuvent témoigner que nous avons tous été des compagnons, des camarades de lutte. Ils peuvent témoigner que nous, nous nous sommes battus pour la démocratie et la liberté. Oui, je sais certains parmi vous seraient tentés de me dire ; « M. Soro, où est Gbagbo ? Où est Blé Goudé ». Je vais vous répondre parce que l’heure de la vérité est venue ; l’heure de dire les choses comme elles se sont déroulées, est venue. Si je me suis tu pendant un bon moment, c’est pour ne pas gêner les uns et les autres. Oui, il est arrivé, dans vos propres familles, dans vos propres villages, dans vos campements, que des enfants, des frères se battent ; que dans un même famille, qu’un frère en arrive à tuer un autre. Si vous êtes le père des deux enfants qui se sont battus à morts, que faites-vous. Est-ce que vous êtes amené à tuer le second pour en fin de compte vous retrouver sans enfants ou est-ce que, malgré la douleur qui vous étreint, vous vous dites qu’il faut tourner la page ?
Je ne suis pas venu dans cette sous-préfecture pour vous demander de ne plus parler de Gbagbo ou de ne plus l’aimer ; ce n’est pas mon objectif. Je suis plutôt venu vous dire que la réconciliation doit se faire. C’est en nous réconciliant, en nous mettant ensemble que nous pouvons trouver des solutions pour Laurent Gbagbo, pour Blé Goudé et pour tous les autres. Il est arrivé que dans une meme famille des enfants se battent, deux frères se battent. Que dans une même famille un frère en arrive à tuer un autre mais si vous êtes le père de deux enfants qui se sont battus et que le frère a tué le frère qu’est ce que vous faites ? Est-ce que vous tuez le deuxième ? Vous êtes totalement sans enfants. Ou bien cela fait mal c’est dur, difficile. Vous devez pleurer l’appel d’un enfant et je ne suis pas venu dans cette sous préfecture pour dire ne parlez pas de Gbagbo ou de ne pas l’aimer. Ce n’est même pas mon travail. Mais je suis venu vous dire que la reconciliation doit se faire. C’est en nous réconciliant qu’en nous mettant ensemble que nous pouvons trouver des solutions pour Blé Goudé pour Gbagbo et les autres. Mais les chefs traditionnels sont allés me voir, je leur dit quant ils sont allés me voir à Yamoussoukro, terre d’Houphouët Boigny pour me dire que certains de leurs enfants etaient en prison. Je leur ait dit que j’allais en parler au président, essayez d’ajouter mon grain de sel aux autres grains de sel que beaucoup n’ont cessé d’apporter au président. Dieu merci une semaine après ils ont été liberé. Alors dès qu’ils sont liberés nous sommes contents parce que si on veut la paix si on veut reconstruit la paix nous devons poser tous des actes de paix. C’est ce que je suis venu vous dire. J’ai été frappé par les propos du chef, on m’a adopté comme fils de cette sous prefecture. Je vous remercie de m’avoir adopté. On m’a dit qu’on me confiait la sous prefecture, je vous remercie aussi de me considerer comme votre fils. Ce que je vous demande brave peuple du Guébié, c’est de dire non aux gens qui viennent parler la nuit, ils viennent vous dire n’acceptez pas , n’avancez pas alors qu’on se voit à Abidjan on se parle, c’est vous seul qui êtes au village on vous dit tenez bon là-bas ne cédez pas.»
Mais à Abidjan, si vous ne savez pas moi je vous dis la vérité, on se voit on mange ensemble quand on a un peu on donne un peu et ils prennent ils vont manger. Arrêtez de vous laisser manipuler par la politique politicienne. Ce qui doit vous intéressé c’est le développement de votre sous préfecture. Les partis politiques passent. Tu peux être aujourd’hui de tel parti et demain de tel autre, mais aujourd’hui ce qui doit vous intéresser, c’est le développement. j’ai pris votre route mais ça ce n’est pas une route. C’est cela qui doit vous préoccuper. Vous êtes aussi au village et c’est vous qui faites la politique à Abidjan. Vous êtes ici, trouver des solutions. Ceux qui vous disent n’allez pas à la paix, n’allez pas à la réconciliation, qu’ils viennent faire la route. Si moi je ne viens pas et que je vois que la route n’est pas bonne et qu’on la répare pas vous faites quoi ? Ceux qui vous disent resté là-bas, Alassane Ouattara on va le faire tomber bientôt. C’est un beau rêve on peu rêver 20 an 30 ans et pendant 30 ans qu’est-ce que vous devenez, qu’est ce que vous faites. La Côte d’Ivoire c’est notre bien à tous. La Côte d’ivoire c’est notre bien à tous. Les gens ils parlent moi aussi je peux parler. Certains sont assis et dans leur c?ur, ils me demandent ou est Gbagbo, ou est Blé Goudé? L’heure de la vérité est venue. Moi dans mes années d’étudiants, je suis allé 3 fois en prisons et c’était à cause de Gbagbo et au nom de Gbagbo. Parmi vous qui est allé en prison pour Gbagbo. Quelqu’un lève le doigt. Aujourd’hui il faut qu’on se dise la vérité. Au moment ou en 90, 92, 93, 94 quand j’allais en prison est-ce que j’étais bété? Je n’étais pas bété. Dans mon propre village au nord toute ma région, ils étaient Pdci. J’ai été exclus de mon village, est-ce-que j’étais bété ? Arrêtons le tribalisme. Nous avons fait ce combat. Je vois ici des jeunes, d’autres sont allés en prison. Quelque fois quand j’étais en prison, on me sortait et on me disait, Guillaume tu ne vois pas que tu es le seul parmi ceux là. Quand j’allais en prison est ce que j’étais Bété. Aujourd’hui je suis venu dire au brave peuple du Guebié de prendre le chemin de la réconciliation. Nous tous là on était à la Fesci mais on n’était pas tous du même parti. D’autres étaient Pdci, certains Rdr d’autres sont du nord d’autres sont Bété, Baoulé c’était pour le combat. Arrêtez le tribalisme. Arrêtons le tribalisme. Nous avons fait ce combat. Je vois ici des jeunes qui sont là. D’autres sont allés avec moi en prison. Quelques fois quand je me retrouvais en prison, on me sortait et on me disait, Guillaume, tu ne vois pas que tu es le seul du Nord parmi tous ceux-là. Mais je restais. Donc, aujourd'hui, je suis venu demander au peuple du Guébié, au brave peuple du Guébié de prendre le chemin de la réconciliation. Nous tous avons été à la FESCI. On n'est pas du même parti. Certains sont PDCI, d'autres FPI, RDR, etc. Mais on est ensemble parce que c'est une question de génération. D'autres sont du nord, certains Baoulé, Bété. Arrêtons le tribalisme. C'est en nous mettant ensemble que nous allons arriver à la réconciliation. Et je pense qu'il faut encourager le président de la République. Je ne suis pas venu vous dire de l'aimer. Je suis venu vous dire qu'il y a une République en Côte d'Ivoire. Et la République, ce sont les Institutions. Et les institutions de la République, il y a le président de la République qui s'appelle Alassane Ouattara. Vous pouvez ne pas l'aimer, c'est lui le président. Vous pouvez l'aimer, c'est lui le président.
Demain quand quelqu'un d'autre sera président, nous nous mettrons au garde à vous devant lui. Pour l'heure, il est le président. Les présidents viennent et ils passent. Donc on doit respecter la République. Je suis ici en qualité de président de l'Assemblé nationale. Dans la foule certains m'aiment et d'autres non. C'est leur droit parce qu'il y a des gens que moi aussi je n'aime pas. Mais comme nous sommes des Ivoiriens on doit vivre. Je suis venu vous dire que le pays réconcilié vous tend la main.Et nous voulons que le Guébié embarque dans la réconciliation. Ceux qui vous dise de ne pas aller à la réconciliation sont contre vous. Il faut qu'on parte à la réconciliation. Allez rencontrer les parents, dites leur qu'il faut qu'on fasse la paix. Il faut qu’on fasse la paix. La paix, c’est bon pour nous tous. La paix, ça permet à nos enfants d’aller à l’école. La paix, ça permet à des enfants de pauvres demain de devenir des ministres, des premiers ministres, des présidents d’Assemblée, puisque moi-même qui vous parle je suis un enfant de pauvre. Je ne suis pas né avec une cuillère en or. C’est parce qu’il y a eu la paix que j’ai pu avoir ma chance. Donc les partis politiques là, diminuer ça et travailler beaucoup et diminuer les histoires de partis politiques. Donc le peuple Guébié, Mme la première vice-présidente m’a fait fils de Gnagbodougnoa. (…) J’appelle ici le 4e vice-président du conseil général, le sous préfet. Je les appelle pour leur dire ; de dire aux chefs, aux jeunes, aux femmes, de cette sous préfecture que j’ai compris. De leur dire mes remerciements pour l’accueil exceptionnel, chaleureux, parce moi quand je quittais Abidjan pour Gnagbodougnoa ce matin, on m’a dit il n’y aura personne dans le village, ils vont aller en ville parce qu’il ne t’aime pas. Mais là, j’ai été accueilli, j’ai vu le tam-tam parleur, les chefs m’ont habillé, vraiment je suis content. Donc vous voyez qu’Abidjan, les gens mentent beaucoup. Moi-même je viens de découvrir ce matin qu’ils m’ont menti, avant que je ne vienne. Monsieur le 4e vice président je vais vous charger de sillonner la sous préfecture pour leur dire le message que je viens de donner. Et pour ça je veux que vous associiez les chefs traditionnels, pour que vous passiez de campement en campement pour parler, pour que les gens arrêtent de blaguer nos parents, pour que les gens arrêtent de mentir. C’est la première tâche que je vous confie sous la supervision, la coordination du sous préfet. La deuxième chose, j’entends pleinement assumer la responsabilité que la chefferie m’a confiée. Cette école derrière nous date de 1958. Où est le chef, venez ! c’est vous qui allez apprécier. Moi je ne suis pas de ces politiciens qui viennent vous dire ‘’ luttez au village là-bas, tenez’’, entre-temps lui à Abidjan, il boit du champagne et il est content. Les gens qui restent à Abidjan, au lieu de construire l’école, disent aux populations : « Tenez bon, luttez». Mais on va lutter avec quoi au village ? Chefs, passez dans les villages et dites aux populations d’arrêter les affaires de politique, parce que ce ne sont pas les paroles politiques qui donnent à manger. Depuis qu’on tient des propos politiques, qui a grossi dans ce village ? Laissez donc la politique et cherchez le développement. Une école, une route, ce n’est pas un discours ! Peuple du Guébié, la Côte d’Ivoire vous regarde ! Brave peuple guerrier que nous avons connu, épris de liberté, la Côte d’Ivoire vous regarde. Vous devez montrer l’exemple. Ne vous laissez pas distraire, ne laissez pas que les autres donnent une image de vous. Prenez vous-mêmes votre destin en main, donnez l’image de ce peuple guerrier que nous avons connu, ce peuple qui veut la paix et la réconciliation et qui tire Gagnoa dans le chemin de la paix et de la reconstruction. C’est ce peuple que je suis venu saluer, parce que je suis fier de lui. C’est ce peuple à qui je tends la main et avec qui je veux marcher. C’est avec ce peuple que la Côte d’Ivoire veut faire chemin et bâtir l’unité et la cohésion nationale, c’est avec ce peuple que nous voulons construire une nation forte. Vous avez souffert pendant des moments durs et difficiles, vous avez traversé des périodes douloureuses, mais aujourd’hui vous devez séchez vos larmes et vous engagez dans le développement. Vous devez décider de votre destin qui ne peut qu’être un destin de souffrance. Votre destin aussi c’est de connaitre le bonheur, la joie. Le destin du peuple Guébié c’est la paix, la réconciliation et vous pouvez me faire confiance pour être avec vous sur le chemin de la paix et de la réconciliation, convaincre la Côte d’Ivoire entière pour apporter le développement dans le Guébié. Chers parents, en ce jour béni du 15 août 2013, en cette fête d’Assomption qui consacre la montée de Marie vers le ciel, je demande au peuple Guébié de pardonner, d’oublier, d’avancer et d’accepter de monter dans le train de la réconciliation. En ce 15 août 2013, le mariage que je veux avec vous est un mariage de raison. Je demande aux jeunes, aux femmes, aux hommes du Guébié de pardonner, parce qu’il n’y a pas d’alternative au pardon, à la réconciliation, parce que l’alternative c’est la guerre. Or nous avons trop souffert de la guerre. Bannissons la guerre, la haine ; cultivons l’amitié et la fraternité. Je suis convaincu que notre passage ici permettra d’aller plus en avant. Nous n’allons pas faire un discours de caviar, mais un discours concret de développement.
Discours de Guillaume Soro - Photo à titre d'illustration