Disparition d'André Kieffer: RSF lance une campagne pour "que la vérité éclate"

  • 16/04/2014
  • Source : AFP
Abidjan - L’ONG Reporters sans frontières (RSF) a lancé mercredi à Abidjan une campagne d’affichage, à l’occasion du dixième anniversaire de la disparition du journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer, pour que "la vérité éclate" sur son sort, a constaté l’AFP.

Une dizaine de personnes, dont des journalistes, se sont rassemblées dans le quartier chic de Cocody, pour assister à la présentation d’un poster géant de Guy-André Kieffer sur un panneau publicitaire.
 
Cette affiche montre le journaliste portant une chemise rouge et des lunettes de soleil. On peut lire sur l’affiche: "10 ans après les faits,les coupables courent toujours" et "personne ne sera protégé", signé Alassane Ouattara (NDLR: Président ivoirien).
 
Une dizaine de ces posters géants seront visibles pendant 15 jours sur les panneaux publicitaires à divers points stratégiques de la capitale économique ivoirienne.
 
"Cette affaire a longtemps connu des obstructions dans la manifestation de la vérité. A unh moment donné, les auteurs de l’enlèvement de Guy-André Kieffer ont bénéficié d’une protection. Cette situation est terminée. La justice passera", avait déclaré l’ambassadeur de la Côte d’Ivoire à Paris en 2011, selon des propos rapportés par RSF.
- "disparu sur un parking" -
 
"Nous n’avons aucune nouvelle de Guy depuis dix ans (...) et avons espéré que le changement de régime intervenu en 2011, allait faire bouger les choses", a déploré auprès de l’AFP, le journaliste Baudelaire Mieu, correspondant local de RSF.
 
Cette campagne vise à "attirer l’attention des autorités ivoiriennes (...) pour que la vérité éclate", a expliqué Mieu.
 
"Ces dix années ont représenté une grosse angoisse pour sa famille, ses amis et ses deux enfants" a-t-il souligné, vantant une campagne qui pourra "susciter de l’espoir".
 
Le syndicat national des agents de la presse privée de Côte d’ivoire (Synap-ci) a saisi cette occasion pour demander que la lumière soit faite sur des cas d’assassinats de journalistes ces dix dernières années en Côte d’Ivoire.
 
Le président du Synap-Ci, Guillaume Gbato a rappelé le cas du journaliste ivoirien Désiré Oué, 40 ans, assassiné en novembre 2013 à Abidjan par des hommes armés. Oué a été le premier journaliste tué en Côte d’Ivoire depuis la fin de la crise postélectorale de 2010-2011.
 
"Dans le cas de Désiré Oué comme celui de Kieffer, il faut mettre fin à l’impunité en retrouvant les coupables et les présenter à la justice", a affirmé M. Gbato.
 
Selon RSF, "le juge d’instruction, Patrick Ramaël (au tribunal de Paris), a été déchargé de ses fonctions le 1er septembre 2013, à l’expiration de son mandat de dix ans. Ce juge avait investi et soutenu sans relâche l’enquête dans le dossier Guy André Kieffer et effectué plusieurs déplacements à Abidjan. Il avait entendu en avril 2009 l’épouse du président déchu, Simone Gbagbo, qui a été arrêtée ensuite avec son mari en 2011.
 
Le journaliste indépendant a disparu, le 16 avril 2004, sur un parking de la capitale économique ivoirienne alors qu’il avait rendez-vous avec Michel Legré, beau-frère de Simone Gbagbo.
 
Guy-André Kieffer (GAK pour ses confrères) enquêtait sur des malversations, notamment dans la filière cacao, dont le pays est premier producteur mondial.
 
L’enquête menée en France s’est orientée vers des cercles proches du pouvoir de Laurent Gbagbo, arrêté le 11 avril 2011 après une crise postélectorale de quatre mois, qui a fait quelque 3.000 morts.
 
Laurent Gbagbo est emprisonné depuis plus de deux ans à La Haye, en attente d’être jugé par la Cour pénale internationale (CPI).
 
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