Distribution de l’électricité : Comment les trafiquants grugent les populations

  • 11/04/2014
  • Source : Le Point d`Abidjan
La réduction de la pauvreté occupe une place importante dans le programme de gouvernement d’Alassane Ouattara. Cet objectif ne sera atteint que si l’on se penche réellement sur les difficultés des populations des zones de dénuement. Surtout en matière de consommation de l’énergie, où ils vivent un drame sans nom.

Ils roulent carrosse, exhibant sans gène ni crainte les signes extérieurs de leur richesse. Ils possèdent de luxueux véhicules, surtout des 4x4. Ils sont promoteurs des plus grands maquis et boîtes de nuit etc. Ils, se sont les trafiquants du courant électrique, qui se font des fortunes dans les quartiers populaires de Côte d’Ivoire, surtout à Abidjan.

Dans les nombreux bidonvilles de la capitale économique ivoirienne, bon nombre de citoyens n’ont pas accès aux compteurs électriques. Soit parce qu’ils habitent des logements fait en baraquement dénommées ‘’Sicobois’’. Soit parce qu’ils n’ont pas la possibilité de s’abonner auprès de la compagnie nationale. Ces citoyens ont en commun le fait d’être pauvre.

Cette situation qui devrait en faire des privilégiés, en font malheureusement des vaches à lait pour ces trafiquants de courant électrique. Et pour cause, ils sont obligés de traiter avec eux pour avoir de la lumière dans leurs maisons. Avec ces trafiquants, ‘l’abonnés’’ paie d’abord 10 mille FCFA en guise de ‘’caution’’. Chaque fin de mois, il paie trois mille FCFA pour sa consommation, même s’il n’utilise qu’une seule ampoule.

Afin de consommer l’électricité à profusion par rapport à ce tarif unique, ces citoyens n’hésitent pas à utiliser toute sorte d’appareil, ce qui est très souvent à la base des courts-circuits, créateurs d’incendie dans les sicobois. La qualité approximative des branchements et la mauvaise qualité des files utilisées créent très souvent des surchauffes tout le long de leur réseau.

Se sont donc 6 000 FCFA que ces pauvres gens sont contraints de débourser chaque mois pour accéder à l’électricité, nonobstant l’existence d’une compagnie nationale. Très souvent, l’on aperçoit des voiturettes estampillées’ ’dépannage 179’’ entrer dans ces quartiers précaires, accompagnées d’agents des forces de l’ordre. Ces agents se mettent alors à détacher ces files électriques posés par ces trafiquants.

Personne ne s’inquiète lorsqu’ils repartent avec ces lots de files. Et pour cause, quelques heures après, l’aperçoit à nouveau ces même files sur les murs, ce qui est synonyme de retour de courant électrique dans le quartier. Cette comédie est récurrente dans la quasi-totalité des quartiers précaires d’Abidjan. Ce deal se déroule au vu et au su de tous, au sein des gros maquis créés par ces trafiquants, autour de la bière qui coule à flot.

‘’Colombie’’, Agban et petit Ouaga sont trois bidonvilles voisins, situés le long du boulevard Latrille. Grand comme Adzopé et Akoupé réunis, ces bidonvilles ‘étendent jusqu’à Williams ville, s’étendant sur le boulevard du zoo d’Abidjan.

Làbas, les trafiquants de courant ont tellement pignon sur rue, qu’on peine à croire à l’existence d’une compagnie nationale. Ils n’ont jamais été inquiétés, trainant comme ils veulent un embonpoint révélateur de leur aisance financière. Vivement que les autorités viennent au secours des populations des quartiers précaires, continuellement appauvries par ces trafiquants de courant électrique.? 
 
Diabaté Franck Boyo