Sous embargo depuis deux semaines maintenant, le rapport 2016 d'Amnesty international sur les droits de l’Homme dans 159 pays à travers le monde, est disponible.
En Côte d’Ivoire, ce document qui retrace les violations épinglées par cette organisation internationale de promotion et de défense des droits humains a été dévoilé, mercredi 22 février 2017, à Inades-formation à Cocody-Mermoz.
Face à plusieurs de ses pairs activistes de cette question, aussi bien de la section ivoirienne de ce mouvement qu’elle préside que d’autres organisations nationales, Nathalie Kouakou-Tra a relevé un tableau sombre de la situation des droits humains que dépeint le rapport concernant son pays. Et ce, du fait, selon elle des multiples cas de restrictions des libertés d’opinion, d’association et de manifestation. « On n’a pas avancé en 2016 sur la question de l’impunité. Elle s’est accentuée dans un camp avec la promotion, en début de cette nouvelle année, à des postes-clés dans l’appareil de sécurité et de défense nationale de ceux qui sont visés ou suspectés d’être impliqués dans des cas de crime comme les massacres de Nahibly et de Duékoué et qui échappent toujours à l’obligation de rendre des comptes. Jusqu’aujourd’hui, soit 6 ans après, il n’y a eu aucune inculpation relative à ces massacres », a-t-elle décrié. Puis, l’activiste ivoirienne des droits humains de dénoncer le surpeuplement de la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca).
Ce pénitencier, à l’en croire, qui a une capacité de 1500 détenus, en a actuellement 3694. Sur ce point, le rapport présenté par le directeur exécutif d’Amnesty-Côte d’Ivoire, Hervé Delmas Kokou, mentionne que parmi ces détenus, plusieurs dizaines sont toujours en attente de leur procès en lien avec les violences post-électorales de 2010-2011 « Au moins 146 partisans de l’ancien président, Laurent Gbagbo, étaient toujours en attente de jugement pour des infractions qu’ils auraient commises, pendant la période de troubles qui a suivie l’élection de 2010. 97 d’entre eux au moins étaient détenus depuis 2011 ou 2012 », écrit Amnesty International. Le mouvement ajoute que bien que le président Alassane Ouattara se soit engagé à faire en sorte que la justice soit rendue équitablement pendant son mandat, seules les personnes soupçonnées de soutenir son adversaire (Laurent Gbabo) ont été jugées pour de graves atteintes aux droits de l’Homme.
« En revanche, les membres des forces loyales au président Ouattara, qui s’étaient rendus coupables de violences, notamment de l’homicide de plus de 800 personnes à Duékoué en avril 2011 et de 13 personnes à Nahibly, dans le camp de déplacés en juillet 2012, n’ont pas été poursuivis. Certains d’entre eux ont pourtant été identifiés par des familles de victimes. Malgré les enquêtes menées, personne n’avait été traduite en justice à la fin de l’année 2016 », relève-t-on dans le document.
Au titre de la liberté d’expression, le rapport accuse les autorités d’avoir restreint le droit à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique en vertu de lois érigeant en infraction les manifestations pacifiques et autres formes d’expression non-violente.
« Plus de 70 personnes, principalement membres de partis de l’opposition, ont été arrêtées puis libérées au bout de plusieurs heures, voire plusieurs jours. En juillet, Prospère Djandou, Jean Léopold Messihi et Ange Patrick ont été arrêtés alors qu’ils recueillaient des signatures en faveur de la libération de l’ancien président Laurent Gbagbo et ont été inculpés d’attroupement non armé qui pourrait troubler la tranquillité publique. En octobre, au moins 50 membres de l’opposition dont Mamadou Koulibaly, ancien président de l’Assemblée nationale, ont été arbitrairement arrêtés à Abidjan et détenus pendant plusieurs heures dans des véhicules de police en mouvement, une pratique connue sous le nom de détention mobile et contraints de regagner sur des kilomètres à pied leurs domiciles », dénonce l’organisation des droits humains...La suite sur Linfodrome
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