Quand on barre le chemin à l'eau, elle se fraie son propre chemin. Et c'est justement ce qui se passe présentement du côté de Port-Bouët, où l'érosion côtière risque d'avancer à un rythme bien plus accéléré que ce que prévoyaient les experts en gestion du littoral. Lors d'un entretien qu'il a accordé à L'inter vendredi 25 octobre 2019, à Abidjan-Plateau, Pr Eric Valère Djagoua, coordonnateur adjoint du projet Waca, par ailleurs spécialiste en gestion du littoral, a expliqué le phénomène qui a cours à Port-Bouët du fait de l'approfondissement et de l'élargissement du canal de Vridi.
Il a fait savoir, en effet que, du fait des épis qui ont été posés, et qui ont pour rôle de modifier le mouvement de l'eau et solidifier les berges, il faillait s'attendre à ce qu'il se produise également des effets contraires. «Quand on met les épis, il faut toujours s'attendre à des effets contraires. Le risque à Port-Bouët, c'est que lorsqu'on protège un endroit, il y a une répercussion ailleurs. Si on ne corrige pas la situation, ça va creuser et la population sera obligée de se déplacer», a expliqué Pr Eric Valère Djagoua.
Ce genre de phénomène, à en croire les propos de l'expert en gestion du littoral, est bien connu. Cependant, si cet aspect n'a pas été pris en compte dans la conception de l'ouvrage réalisé au profit du Port autonome d’Abidjan (Paa), c'est parce que les experts en la matière n'y ont pas été associés. Mais, fort heureusement, des dispositions ont été prises pour pallier à ce dysfonctionnement. Un projet sera très bientôt exécuté dans ce sens, a informé notre interlocuteur. «Les travaux ont été déjà faits, mais il faut permettre à la zone d'être résiliente», a-t-il justifié les actions correctives annoncées.
Le cas d'Assinie, Bassam, Grand-Lahou. Pour le reste, il s'est appesanti sur la question de la vulnérabilité de la zone côtière ivoirienne. L'expert a noté que la vulnérabilité d'une localité se mesure en tenant compte des infrastructures qui s'y trouvent, et du type de côte qui la compose. Partant de là, il a informé que la zone côtière ivoirienne compte deux types de côtes : «Quand on part de San Pedro à Sassandra, c'est une côte rocheuse. De Sassandra à la frontière du Ghana, c'est une côte sableuse. Au niveau de la côte sableuse, on a le port, l’aéroport, etc. Cette zone présente plus d'infrastructures touristiques, industrielles. Le type d'infrastructures et de côtes fait que cette zone est plus vulnérable», dira-t-il, précisant par ailleurs que le côté Abidjan – Bassam, est plus vulnérable que les autres...
Élargissement du canal de Vridi : De grosses menaces sur Port-Bouët