Les Zimbabwéens se sont déplacés en nombre lundi 30 juillet lors des premières élections générales depuis la chute du président Robert Mugabe en novembre dernier. En nombre, car le départ de celui qui a régné pendant 37 ans sur le pays a suscité un certain espoir de changement auprès de la population. Plus de 5,5 millions d'électeurs s'étaient inscrits pour voter et la participation était importante.
Un scrutin qui n'a rien à voir avec les précédents, c'est le constat de la plupart des observateurs. Le vote s'est déroulé dans le calme tout d'abord, sans violence, en tout cas dans la capitale, contrairement aux derniers scrutins sous le régime de Robert Mugabe.
D'autre part le taux de participation est élevé, on parle de 75%, ce qui contraste là aussi avec l'apathie des élections précédentes.
C'est que l'enjeu est de taille. Le candidat du parti au pouvoir, Emmerson Mnangagwa, qui a évincé Robert Mugabe, apparaît comme le favori. Mais les derniers sondages annonçaient un face à face serré avec son rival, Nelson Chamisa. Selon plusieurs analystes politiques, si le vote est libre et transparent, il pourrait y avoir un second tour.
Les opérations de dépouillement des bulletins de vote ont commencé dès la fermeture des bureaux de vote hier soir. Et les résultats officiels devraient être annoncés dans un délai de cinq jours, bien que de premières tendances pourraient être connues dès ce mardi.
D'ailleurs, dès ce mardi matin, Nelson Chamisa revendique une «victoire éclatante» sur le réseau social twitter.
■ Reportage
Les Zimbabwéens se sont déplacés en nombre lundi lors des premières élections générales depuis la chute du président Robert Mugabe en novembre dernier. En nombre, car le départ de celui qui a régné pendant 37 ans sur le pays a suscité un certain espoir de changement auprès de la population. Les Zimbabwéens, qu'ils aient voté pour le parti au pouvoir la Zanu PF du président Emmerson Mnangagwa ou le principal parti d'opposition de Nelson Chamisa veulent du changement.
« J'ai moins de 40 ans et je voyage beaucoup, raconte un homme. Je peux comparer, je vois comment les gens vivent ailleurs, leur niveau de vie. Et je voudrais qu'on puisse avoir la même chose. Et pour cela il faudrait qu'il y ait du changement, un vrai changement. Quand j'étais plus jeune, j'étais fier du Zimbabwe, mais maintenant les choses ont tellement changé. On ne peut rien prévoir en avance. »
« C'est la première fois que je vote, je suis très excitée et j'espère pouvoir faire une différence, dit une femme. Nous attendons des changements notamment d'un point de vue économique. J'ai 29 ans et ce que j'ai aujourd'hui, comparé à ce que je pourrais avoir si nous avions une économie stable, c'est totalement différent, comme par exemple avoir un emploi décent. »
« Je vote pour la première fois, témoigne un autre. J'estime que c'est mon devoir, mais je ne pense pas qu'il y ait suffisamment de gens compétents qui sont candidats, il n'y a pas suffisamment d'idées. Et les gens qui ont des idées ne se présentent pas. Actuellement ceux qui sont au gouvernement sont des gens qui veulent juste un travail, mais ils n'ont absolument aucune envie de faire changer les choses. Comment est-ce qu'ils peuvent justifier les trous dans les routes ? Les feux qui ne marchent pas ? Je ne vais pas attendre 10 ans pour qu'il se passe quelque chose. La technologie est là, alors pourquoi devons-nous attendre des semaines pour qu'on répare des canalisations percées… Ca n'a aucun sens. Il faut du changement. »
Dans un bureau de vote à Chegutu, au Zimbabwe, le 30 juillet 2018. © REUTERS/Philimon Bulawayo