C’est une première dans le pays : ce week-end, pour élire leurs maires et conseillers régionaux, les 6,5 millions d’électeurs ivoiriens ne voteront pas un dimanche mais un samedi. Un changement dénoncé par l’opposition et qui pourrait désorienter les électeurs.
À longueur de meetings et de réunions publiques, cela fait des semaines que les candidats le répètent : attention, cette année les élections n’auront pas lieu un dimanche. C’est en effet samedi 13 octobre que les Ivoiriens sont appelés aux urnes pour renouveler les mandats de leurs maires et conseillers régionaux.
Une nouveauté pour le grand public, mais pas forcément pour le personnel politique. Lors des élections sénatoriales du 24 mars dernier, les grands électeurs (députés et élus locaux) s’étaient déjà prononcés un samedi.
L’opposition dénonce une « manœuvre » de Ouattara
Ce changement d’habitude inquiète certains prétendants, qui redoutent que les Ivoiriens oublient de se déplacer et craignent un taux d’abstention élevé. Mais pour l’opposition, l’affaire est bien plus grave.
« Alassane Ouattara organise ces élections un samedi au mépris de la loi et du Code électoral », dénonce Justin Koua, le porte-parole des “Gbagbo ou rien”, l’aile du Front populaire ivoirien conduite par Aboudramane Sangaré. « Cela n’a finalement rien d’étonnant, car il bafoue en permanence le droit. Il maintient par exemple une Commission électorale indépendante dont le mandat est censé avoir expiré en 2016 ! (…) Le Code électoral, instauré lors du vote de la Constitution du 1er août 2000, stipule en effet en son article 33 que les opérations de vote ont toujours lieu un dimanche. »
Selon l’opposition, organiser les élections un samedi est « une manœuvre » qui vise à « prendre tout le monde de court ». « Le samedi, certains travaillent, d’autres ont des occupations. Les candidats vont avoir beaucoup de mal à mobiliser des représentants et des assesseurs pour surveiller les bureaux de vote », estime Justin Koua.
Constitution vs Code électoral, travail vs cultes
La Commission électorale indépendante (CEI), qui a proposé la date des élections au gouvernement, n’a pourtant pas du tout la même interprétation. Selon elle, alors qu’une nouvelle Constitution a été adoptée en 2016, une réinterprétation des textes était nécessaire.
« La nouvelle Constitution n’indique aucun jour de tenue de scrutin. Étant donné qu’elle a été instaurée après le Code électoral et qu’elle a une valeur juridique plus forte, c’est à elle qu’il faut se conformer. Nous n’étions donc plus tenus par le dimanche », explique Sourou Koné, l’un des vice-présidents de la CEI.
S’il exclut que des scrutins se tiennent un jour de semaine, Sourou Koné considère que le samedi est plus approprié que le dimanche. « Le dimanche, beaucoup d’Ivoiriens sont occupés par les cultes. Ce n’était pas idéal », confie-t-il à Jeune Afrique.
Elections locales 2018 : Pourquoi voter un samedi fait débat