Electricité : L'Etat augmente le prix, la grogne populaire s’amplifie

  • 13/02/2016
  • Source : Lebabi.net
Pour bien gouverner, il faut avoir le peuple avec soi. Le gouvernement ivoirien est en passe de se mettre le peuple à dos.

Championne des mesures impopulaires, les autorités ivoiriennes ont réussi l’exploit de suscité  le courroux des consommateurs locaux, qui cultivaient jusque là l’art de rester tranquille. En cause, la mesure d’augmentation graduelle du prix de l’électricité.

En effet, de 2012 à 2015, le prix du tarif domestique général  de basse tension a cru de 52,76 F CFA à 68,58 F CFA. Soit une augmentation de 15,83 F CFA équivalant 30 pour cent du cout initial, en plus de la redevance électrification rurale, qui elle également,  a aussi triplé .

Pas suffisant pour suscité la colère des consommateurs ?   Depuis le 01er Janvier 2016, le prix de l’électricité a encore connu une hausse de 10 pour cent.

Le portant  de 68,59 F CFA à 75,45 F CFA , soit 6, 86 F CFA de plus, c’est à dire  une hausse totale 25 F CFA consentis pour les usagers consommant plus de 180 KWh. Entre temps, la redevance électrification rurale n’est pas en laisse, qui a été portée de 3 à 4. 
 
La mesure de trop ?
Son appétit devenu glouton, l’Etat est déterminé à picorer jusqu’aux miettes des consommateurs dont les portefeuilles ont pourtant été suffisamment court-circuité. Il  entreprend  donc  d’instituer dans un cadre réglementaire, une mesure d’augmentation annuelle du cout de l’électricité.

Dans un arrêté ministériel en date du 26 Juin 2015, on peut lire à l’article 24 qu’ « à compter du 1er Janvier 2016, les tarifs de l’électricité sont révisé  au 30 Novembre de chaque année, pour une application le 1er Janvier  de l’année suivante, dans la limite maximale de trois pour cent ».

En clair, l’électricité augmentera à partir de cette année et il en sera ainsi pour les années suivantes de façon graduelle. Cette mesure, bien que rendue public dans la presse, a été avalée comme par anesthésie par la population qui visiblement souffre du «  mal de lecture ».  

C’est l’Union Fédérale des Consommateurs de Côte d’Ivoire, qui  a découvert le « pot aux roses ». Faisant dans la promotion des droits et la défense des consommateurs de Cote d’Ivoire, elle initie  donc  une vaste consultation  dénommée : «  Stop à l’augmentation du coût de l’électricité » sur l’ensemble du territoire national dont le résultat à mi parcours en dit long sur la contestation  populaire. 28,812 signatures ont été recueillies après seulement  en seulement cinq  jours, dans les communes de  Yopougon, Abobo  et Port Bouet, alors que des signatures continuent d’affluer de ses 101 sections de  l’intérieur du pays et des autres communes d’Abidjan. 
 
L’Etat interpellé
En 2012 déjà, selon les chiffres de  la Compagnie Ivoirienne d’Electricité (CIE), la fraude sur l’électricité en Cote d’Ivoire culminait à 25 pour cent.

Ce préjudice, qui pourrait aller crescendo, au  vu de ces nouvelles mesures gouvernementales, exprimait à l’époque la difficulté des populations à supporter les coûts pratiqués  déjà excessifs pour leurs portefeuilles.  

Quand on sait que l’électricité est fortement  utilisée  dans la production des biens et services, il y a fort à parier que l’on s’achemine résolument vers une flambée des prix, donc une inflation généralisée, au grand dam des consommateurs qui verront encore  leurs «  maigres » fortement éprouvé.  

Mais  « cette arnaque au courant », les populations n’est veulent pas. Qui, réunirent au sein de l’UFC-CI, interpellent  le gouvernement  pour  plus de transparence dans la gestion du secteur de l’énergie, exigent  sans délais la mise en place d’un comité de suivi et d’évaluation des ressources supplémentaires mobilisées depuis 2012, ainsi que les investissements réalisé sur la même période ainsi  que le niveau des investissements restant à réaliser.

Ils exigent  surtout que l’Etat renonce sans délais à la mesure de révision annuelle du cout de l’électricité, et l’exhortent  à faire primer  les intérêts des consommateurs en investissant davantage dans d’énergie à coût maitrisable comme l’énergie hydroélectrique ou l’énergie solaire.
 
La CIE dédouanée
Constamment au cœur des récriminations des populations  contre le prix  de l’électricité,  la CIE pourraient être la cible de soulèvements incontrôlés en cas de maintien de cette « arnaque au courant ».

Le président de l’UFC-CI, J.B  Koffi,  qui en  est  conscient a tenu à faire cette précision : « Ce n’est pas la CIE qui fixe le prix de l’électricité. C’est L’Etat de  Côte d’Ivoire. Ce serait  donc perdre son temps… en jetant son dévolu sur la CIE » a précisé  M. Koffi.

 Cette grogne s’amplifie  au moment  où, un projet de loi portant modification du statut des organisations de la société civile (Ndlr : en leur permettant notamment d’ester en justice)  stagne depuis plus d’un an sur la table des députés au motif de vacance parlementaire.

L’interpellation reste donc l’ultime arme de l’UFC-CI qui entend  peser de tout son poids pour défendre les intérêts des consommateurs dans cette affaire.

L’UFC-CI  fédère en son sein 12 organisations de défense des droits  des consommateurs, dont  l’Association  Chargé de promouvoir les droits et de défendre les intérêts des consommateurs d’eau potable et d’énergie en Côte d’Ivoire (ACEPEN), en charge des questions sus visés et en avant-garde de la campagne «  Stop à une augmentation du coût de l’électricité ».  
 
Armand Bledou
wilfridarmand@gmail.com