Le ministre Emile Guiriéoulou dévoile ici l'ossature des FRCI sous Alassane Ouattara et des FDS sous Laurent Gbagbo qui est accusé de tribalisme dans l'armée.
I – DANS LES FANCI
Les Forces Armées Nationales de Côte d’Ivoire (FANCI) comprennent les forces terrestres, les forces aériennes et la marine nationale. L’effectif des FANCI est constitué pour l’essentiel par les forces terrestres.
L’organigramme des FANCI n’a pas subi de changement majeur durant la crise postélectorale. Le seul changement intervenu est la création en janvier 2011, d’un commandement des Opérations du district d’Abidjan, pour coordonner les actions de terrain du système de défense de la ville d’Abidjan.
Les promotions intervenues en août 2010 ne sont nullement destinées à obtenir un quelconque soutien des promus au président Laurent Gbagbo. Elles ont été faites sans tenir compte de l’origine ethnique ou régionale des concernés.
Ainsi, le même jour où les généraux de division Philippe Mangou (sud) et Edouard Kassaraté (sud-ouest), aujourd’hui nommés ambassadeurs l’un au Gabon et l’autre au Sénégal, ont avancé dans le grade de général de corps d’armée et le général de brigade Guiai Bi Poin (centre-ouest) dans celui de général de division, le colonel-major Touré Sékou, originaire du nord et actuel chef d’état-major général adjoint des FRCI chargé des opérations, a été promu général de brigade.
Mieux, les deux chefs de l’armée rebelle des FAFN, le colonel Soumaïla Bakayoko, actuel chef d’état-major général des FRCI et le colonel Gueu Michel ont été promus, ce même jour, au grade de général de brigade par le président Laurent Gbagbo par souci de réconciliation dans l’esprit des accords politiques de Ouagadougou. Notons que, depuis avril 2011, Soumaïla Bakayoko a été successivement promu général de division puis général de corps d’armée par Alassane Ouattara.
Sous Laurent Gbagbo, les nominations et promotions n’ont obéi qu’aux seules règles en vigueur dans l’armée ivoirienne depuis sa création et non à des critères tribaux.
II- AU NIVEAU DES FORCES TERRESTRES ET DU CABINET DU MINISTRE DE LA DEFENSE
De 2000 à 2002, sur 15 chefs de corps en fonction dans les forces terrestres y compris le Comter et dans les unités valant corps rattachées au cabinet du ministre de la défense, on dénombrait 4 officiers appartenant à des ethnies proches de Laurent Gbagbo à savoir 1 Wê, 2 Bétés et 1 Gouro contre 5 officiers nordistes. Il faut noter que toutes les écoles chargées de la formation des militaires ivoiriens (officiers comme sous-officiers) étaient dirigées par des officiers ressortissants du nord.
De 2008 au 11 avril 2011, c’est-à-dire la période pré et postélectorale, sur 14 chefs de corps en fonction dans les forces terrestres y compris le Comter et dans les unités valant corps rattachées au cabinet du ministre de la défense, il n’y avait qu’un Dida (colonel Dadi du BASA) comme étant proche au plan ethnique de Laurent Gbagbo et on n’y comptait aucun Bété. Par contre, il y avait 6 officiers originaires du nord.
Comme on peut le constater, durant toute la durée de sa présence au pouvoir, Laurent Gbagbo n’a nommé aucun Bété ni à la tête de l’armée, ni des Forces terrestres qui en constituent l’essentiel de la puissance de combat. Il en est d’ailleurs de même pour la gendarmerie et la police.
III- AU NIVEAU DES AUTRES FORCES : MARINE NATIONALE ET FORCES AERIENNES
Sur les 10 responsables qui dirigeaient ces deux forces, il n’y avait que 2 Bétés à savoir le général Vagba Faussignaux, commandant de la marine nationale et Tapié Zaïbo qui était à la tête de la base navale d’Adiaké.
IV- AU NIVEAU DE LA GARDE RÉPUBLICAINE (GR)
La Garde Républicaine a été créée par feu le Président Félix Houphouët-Boigny en 1990, à l’occasion du retour de la Côte d’Ivoire au multipartisme. Elle a fondu en son sein « la Garde Présidentielle » et « la Milice du PDCI-RDA » qui était, à l’époque du parti unique, une composante de l’armée nationale.
Commandant de la GR : Général Dogbo Blé Brunot : bété, centre-ouest
Commandant adjoint : colonel Aby, mbato, sud
Groupement Treichville : lieutenant-colonel Kouao Amichia, nzima, sud
Groupement Yamoussoukro : commandant Tapeco, Bété, centre-ouest
Compagnie Plateau : commandant Sidibé Samba, dioula, nord
Unité Blindés Cocody : commandant Kouamé Bi, gouro, centre-ouest
Comme on peut le constater par son commandement, la garde républicaine n’était donc pas une garde prétorienne à la solde du Président Laurent Gbagbo, composée uniquement ni même majoritairement de Bétés. A preuve, son commandant actuel, Kouao Amichia, était le commandant du groupement de Treichville et Sidibé Samba qui dirige actuellement le groupement de Yamoussoukro était le chef de la compagnie du Plateau en charge de la protection du Palais présidentiel.
V- AU NIVEAU DE LA SÉCURITÉ DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE
Chef d’Etat major particulier : général Touvoly bi Zogbo, gouro, centre-ouest
Commandant GSPR : Colonel Ahouman Brouha Nathanael, dida, sud
Commandant adjoint GSPR : commissaire Mounet Denis, attié, sud
Aide de camp du PR : commandant Dua Kobenan, abron, est
A titre de comparaison, nous nous intéresserons dans les lignes qui suivent à la situation sous la gouvernance de monsieur Alassane Dramane Ouattara.
IV – DANS LES FRCI
Les FRCI ou Forces Républicaines de Côte d’Ivoire ont été créées par Alassane Ouattara par la transformation des rebelles de Guillaume Soro en forces armées officielles du pays :
Chef d’Etat Major Général (CEMG): général Soumaïla Bakayoko, Dioula, nord
CEMG adjoint chargé des opérations: général Touré Sékou, dioula, nord
CEMG adjoint chargé du soutien: général Détoh Létoh Firmin, wan, centre
VI- AU NIVEAU DES FORCES TERRESTRES ET DU CABINET DU MINISTRE DE LA DEFENSE
Depuis le 11 avril 2011, date de la prise de pouvoir d’Alassane Ouattara, sur 17 chefs de corps en fonction dans les forces terrestres, y compris le Comter, et dans les unités valant corps rattachées au cabinet du ministre de la défense, il y a 15 nordistes.
VII- AU NIVEAU DES AUTRES FORCES : MARINE NATIONALE ET FORCES AERIENNES
Sur les 11 responsables nommés à la tête ces deux forces et de leurs unités, il y a 5 ressortissants du nord dont le général Djakaridja Konaté, commandant de la marine nationale.
VIII- AU NIVEAU DE LA GARDE RÉPUBLICAINE
Commandant de la GR : Kouao Amichia, sud
Commandant adjoint : Issiaka Ouattara dit Wattao (chef de guerre de Soro Guillaume, rébellion), nord
Groupement Treichville : Fofana Mamadou, nord
Groupement Yamoussoukro : Sidibé Samba, nord
Compagnie Plateau : Yéo, nord
A l’exception de Kouao Amichia, commandant nominal, tous les autres responsables sont des nordistes. De plus, tout le monde sait en Côte d’Ivoire que le véritable « patron » de la GR c’est Issiaka Ouattara dit Wattao.
D’ailleurs, cette pratique qui consiste à doubler les responsables des unités par des anciens chefs de la rébellion est quasi générale au sein des FRCI. A titre d’exemples :
Traoré Gaoussou dit Jah Gao est le commandant en second du BCP
Chérif Ousmane est le commandant en second du GSPR (Groupe de Sécurité du Président de la République)
Koné Zakaria, commandant en second des Forces spéciales
etc.
IX- AU NIVEAU DE LA SÉCURITÉ DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE
Chef d’Etat major particulier : général Diomandé Vagondo, Yacouba, ouest, qui a succédé au général Gueu Michel (ex chef rebelle), yacouba, ouest
Commandant GSPR : Diarrassouba Bakary, malinké, nord
Commandant adjoint GSPR : Chérif Ousmane (ex chef rebelle), malinké, nord
Aide de camp du Président de la République : Akéssé Jean-Michel, agni, est
X– DANS LA GENDARMERIE
Sous le Président Laurent Gbagbo on comptait 10 responsables sur 32 qui sont membres d’ethnies proches de lui dont 4 Bétés. Il y avait également 9 ressortissants du nord.
Avec le régime Ouattara, on enregistre 14 ressortissants du nord contre zéro venant des ethnies proches de Laurent Gbagbo.
XI- DANS LA POLICE NATIONALE
La Police nationale sous Laurent Gbagbo, entre 2007 et 2011, comptait 18 responsables d’ethnies proches de Laurent Gbagbo (6 Bétés, 5 Wês, 4 Gouros, 2 Didas, 1 Kroumen) sur 39.
Avec Alassane Ouattara, sur 37 responsables de la Police nationale, nous enregistrons 22 responsables originaires du nord sur les 37.
Emile Guiriéoulou donne la structure des FDS sous Laurent Gbagbo en comparaison avec celle des FRCI. - Photo à titre d'illustration