Remue-ménage hier au village d’Anoumabo, plus précisément chez les populations installées anarchiquement le long du chenal du canal. La raison, le ministère de l’Environnement, de la Salubrité Urbaine et du Développement durable a entamé hier, comme prévu, une opération de déguerpissement pour libérer l’emprise du 3ème pont.
A la vue des bulldozers encadrés par les forces de l’ordre, les populations ayant pris conscience de l’irréversibilité de l’opération se sont mises elles-mêmes à casser leurs baraques. Certainement pour récupérer ce qu’elles avaient d’important. A savoir, le matériel domestique (ustensiles de cuisine, matelas, lits, appareils électroménagers), des tôles, et des morceaux de planches.
Tout le matériel récupéré est entassé en plein air, à même le sol. « C’est vrai, cela fait 4 à 5 mois qu’on nous avait demandé de partir des lieux. Mais où allons-nous partir ? », nous lance le jeune Adou Ulrich, un habitant du quartier Saint Elysée. Interrogé sur les raisons données par le ministère de l’Environnement pour les déguerpir, une habitante du quartier répond : «
Ils disent qu’ils ne veulent pas voir de maisons en bois à côté du 3ème pont. Ils nous ont demandé de quitter les lieux, mais on n’a pas été dédommagés ».
Concernant cette question, la réponse du ministère de l’Environnement est claire. «
Concernant cette opération, c’est une procédure qui a commencé depuis plus d’un an. Il y a eu des concertations, des mises en demeure, des sensibilisations.Tout a été fait juridiquement et administrativement pour que cette opération n’ait pas un retentissement social », a déclaré le Pr N’Guessan Alexandre, chef de cabinet du ministre de l’Environnement, confirmant qu’il s’agit bel et bien d’une opération de déguerpissement, assainissement et embellissement du chenal d’Anoumabo et l’emprise du 3ème pont.
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Du point de vue cadre de vie et esthétique urbaine, il est inacceptable d’avoir de telles immondices, de telles porcheries dans une ville comme Abidjan qui va vers l’émergence. Lorsqu’on voit les quantités d’ordures qui jonchent le long du chenal, qui, lui-même, est complètement bouché et pollué, il était absolument urgent qu’une action se passe pour préserver la santé des populations avoisinantes », a précisé le Pr N’Guessan.
Poursuivant, il a indiqué qu’à côté de cette action d’utilité publique, il y a le fait que le 3ème pont, signe de l’émergence de la Côte d’ivoire, ne peut cohabiter avec des baraques et des tas immondices. «
Le président français qui sera bientôt en Côte d’Ivoire, fera une visite lagunaire. Il faudrait que nous soyons très avancé dans nos travaux lors de cette visite », a-t-il ajouté.
De ce fait, toutes les populations installées le long du chenal, soit une distance de 1,5m seront déguerpies. Avec cette opération, l’Etat, a assuré Mme Yobouët Elisabeth, directrice du domaine publique au ministère des infrastructures, entreprend la libération des toutes les servitudes et emprises. Le domaine public de l’Etat, a-t-elle indiqué, n’est pas que routier, il est aussi lagunaire et maritime.
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En l’espèce, la distance entre les habitations et la lagune est de 25 mètres et de 100 mètres entre la mer et les habitations », a-t-elle indiqué. La chefferie du village d’Anoumabo, avec à sa tête Nanan Akandjé Nicodème, a salué cette opération qui viendra donner un visage plus agréable au village. En effet, selon le ministère de l’environnement, un jardin sera créé sur le long de chenal.
Dao Maïmouna
Emprise du 3ème pont : Des populations déguerpies d’Anoumabo - Photo à titre d'illustration