Au début du mois, le gouvernement a annoncé que l’emprise de la ligne de métro serait élargie pour constituer finalement une bande de 200 m et non plus de 50 m. Depuis, ceux des riverains du futur métro qui avaient échappé aux bulldozers une première fois, craignent de voir leur maison détruites à leur tour.
À Anyama, les habitants du quartier de Belleville Ran 4e Extension ont un peu le sentiment d’être maudits par le projet. En 2014, une grande partie de ce quartier devait être rasée pour accueillir le dépôt du futur métro. Mais finalement, le site a été déplacé et les habitants ont pu de nouveau reprendre le cours de leur vie. Sauf ceux qui se trouvaient à proximité du tracé. Eux ont vu leur maison détruite en août dernier.
« Ils ont rasé tout ce que vous voyez là. Nous sommes à peu près à 25, 30, 40 mètres, je dirais », confie Daniel Dan Zon, le chef du quartier, remarquant que « l'inquiétude grandit ». « Dans le quartier, les gens ont été indemnisés. Mais il reste que le foncier n'a pas été pris en compte, c'est-à-dire le terrain sur lequel ils ont bâti. Pour être indemnisé, il te faut l'ACD, l'arrêté de concession définitive. Cela, on ne l'a pas parce que le quartier n'est pas approuvé, donc on ne peut pas obtenir ce document-là. »
« On sait qu'on viendra nous chasser, je ne sais pas quand »
Depuis bientôt six mois, les habitants des maisons situées sur le tracé du futur métro sont expropriés. « Déguerpis », comme on dit en Côte d’Ivoire, avec une indemnisation souvent jugée insuffisante par les intéressés. Au début du mois, le gouvernement a annoncé que l’emprise de la ligne de métro serait élargie pour constituer finalement une bande de 200 m et non plus de 50m. L’expérience des premiers déguerpis alimente les craintes des probables suivants.
Ainsi, la maison de Touré Siaka est dans la zone des 100 m. « Chez moi, il y a les bagages des voisins qui ont eu leur maison cassée. Je suis impacté parce qu'on doit encore élargir la voie à 100 m. Nous sommes inquiets, tristes et désemparés. Parce qu'on sait qu'on viendra nous chasser, je ne sais pas quand. Avant de se mettre en rang pour avoir quelque chose. Parce que malheureusement, c'est comme ça que ça se passe. »
À Anyama comme dans toutes les communes traversées, les riverains du futur métro attendent d’en savoir davantage sur leur sort.
Des ouvriers travaillent sur le chantier du métro d'Abidjan, le 17 septembre 2019. AFP - SIA KAMBOU