Le dernier épisode en date dans la bataille que le président américain mène contre les médias se résume à une simple lettre. Trump assure que le Wall Street Journal a oublié un "D" dans une de ses citations, faussant le sens de celle-ci.
Entre Donald Trump et la presse américaine, les "D" sont jetés. Le locataire de la Maison Blanche est parti en croisade, dimanche 14 janvier, contre le Wall Street Journal (WSJ) au sujet de l'omission supposée d'un simple "D" dans une citation reprise par le quotidien.
"Le Wall Street Journal affirme à tort que j’ai dit : 'J'ai une bonne relation avec Kim Jung-un' ['I have a good relation...']. Je n'ai bien sûr jamais prononcé cette phrase. J'ai dit que 'je pourrais avoir une bonne relation' ['I'd have a good relation'] avec lui. C'est une grande différence, [le WSJ] le savait mais voulait avoir une histoire. FAKE NEWS !", s'est exclamé Donald Trump sur Twitter. La citation avait été utilisée par le Wall Street Journal comme l'illustration d'un assouplissement de la position américaine à l’égard de la Corée du Nord.
Impossible de trancher
De son côté, Sarah Huckabee Sanders, la porte-parole de la Maison Blanche, a sorti l’artillerie lourde en publiant le passage audio de la déclaration controversée sur Twitter. Reprenant la rhétorique de son patron, elle dénonce également la "FAKE NEWS" laissant les internautes juger par eux-mêmes de la présence ou non du "D" de la discorde.
Loin de se laisser intimider par les attaques du camp Trump sur le célèbre réseau social, le Wall Street Journal a mis en ligne son propre enregistrement de la citation. "Nous l'avons analysé et maintenons notre version", affirme le célèbre quotidien. Après avoir écouté les deux versions, il est impossible de dire avec certitude qui a raison dans cette guerre du "D".
Cette affaire de "D" pipé ou non, peut apparaître comme anecdotique, d'autant que l'entretien accordé au WSJ aborde des sujets autrement plus graves, comme les relations économiques avec la Chine ou l'enquête américaine sur les liens entre le camp Trump et la Russie. Mais elle démontre à quel point le président est devenu chatouilleux avec les médias traditionnels. Pour lui, le diable est dans les "D"-tails, même lorsqu’il s’agit du Wall Street Journal, qui appartient au très conservateur Rupert Murdoch, et dont la couverture de la présidence Trump a été jugée clémente jusqu’à présent.
Les "Oscars des fake news" selon Trump
Le président américain a aussi sauté sur l'occasion pour repartir à l'offensive face aux médias. La veille, il avait été accusé d'avoir trafiqué l’enregistrement mis en ligne sur le site de la Maison Blanche d’une réunion bipartisane sur l’avenir des "Dreamers" (jeunes sans-papiers nés aux États-Unis, mais menacés d'expulsion). Le gouvernement avait fait disparaître un passage dans lequel Donald Trump donne raison à une sénatrice démocrate qui voulait que ces jeunes continuent d’être protégés. La version intégrale de la vidéo a finalement été restaurée pour faire cesser les critiques qui dénonçaient un révisionnisme politique.
Donald Trump s'est peut-être aussi jeté sur cette prétendue omission pour faire monter le suspense, deux jours avant de dévoiler ses "Oscars des fake news". Depuis début janvier, le président des États-Unis promet de décerner les palmes de ce qu’il estime être "les pires inventions" des médias à son sujet. Le "D" qui existait ou pas fera-t-il partie des prix remis mercredi 17 janvier ? Vous le saurez en suivant le show de celui qui, avant d’être président, a aussi été jury de télé-réalité et sait comment maintenir son public en haleine.
© Jim Watson, AFP | Le président américain Donald Trump s'en est vivement pris au Wall Street Journal.