A la faveur d’un déjeuner offert aux enfants d’Odienné, le vendredi dernier, à Anoumabo, Aby Raoul s’est prêté à nos questions.
M. le Maire, vous avez reçu des enfants d’Odienné dans le cadre d’un jumelage. C’est la fin de leur séjour dans votre commune. Quel sens donnez-vous à ce partenariat ?
Nous avons voulu faire cela avec ma collègue maire d’odienné, Touré Massénéba, pour permettre à nos enfants de mieux se connaître, pour que la malheureuse crise que nous avons connue soit une parenthèse dans la vie de la Côte d’Ivoire. Les enfants de Côte d’Ivoire sont faits pour vivre ensemble. La Côte d’Ivoire est un grand pays. Il faut, pour bâtir la Côte d’Ivoire, qu’on puisse se mettre ensemble. Ensemble pour développer ce beau pays. Voilà le sens que je donne à cette manifestation.
C’est une façon pour vous de participer à la réconciliation ?
Oui ! Se faisant, nous apportons notre contribution pour permettre à la Côte d’Ivoire de se réconcilier. Ce qu’on peut faire pour permettre à la Côte d’Ivoire de se réconcilier vraiment. Nous avons besoin de cette réconciliation et croyons que cette guerre a été un non-dialogue. Car, ceux qui se parlent, ne se font pas la guerre.
C’est le début d’un vrai dialogue qui va s’instaurer entre nous et Odienné, entre les enfants d’Anoumabo et ceux d’Odienné pour que plus jamais ce genre de chose n’arrive. Je suis sûr que si demain nous arrivons à fauter, ces enfants nous rappellerons à l’ordre pour dire qu’ils ont des camarades à Anoumabo ou des camarades à Odienné, et qu’on n’a pas le droit d’hypothéquer leur avenir, parce que nous ne sommes pas assez intelligents pour comprendre que l’enjeu d’un pays moderne, c’est le métissage.
Est-ce qu’il y a des actes forts qui seront posés, tels des constructions d’écoles ? Est-ce que la mairie de Marcory compte aller construire une école pour Odienné dans ce sens là ?
Oui ! Je l’ai dit à l’arbre de Noël. Heureusement ou malheureusement pour Odienné, heureusement pour Marcory, Marcory est plus riche qu’Odienné. Marcory a un budget de 5 milliards FCFA et à Odienné, c’est moins. Donc, nous avons aussi un devoir de solidarité envers les communes de l’intérieur qui sont moins nanties que nous. Voilà, et le geste que j’ai fait pour Odiénné, on l’a fait aussi pour Toulépleu.
On l’a fait aussi pour le maire de Sakara. On essaie d’aider. Mais, au-delà de cet échange culturel, nous allons avoir un Conseil municipal pour discuter ensemble comment Marcory peut aider Odienné. Qu’est-ce qu’Odienné peut apporter de concret à Marcory ? C’est vrai qu’au-delà même de la culture, il y a des choses qu’on peut faire ensemble. Vous voyez, ce n’est pas le fait du hasard qu’on ait donné de l’Attiéké à huile rouge, le foufou qui est un met typique de chez nous, aux enfants d’Odienné. Ils ont beaucoup apprécié. A côté, on a mis la nourriture du nord que nous avons mangé.
Les enfants d’Odienné ont mangé la nourriture Ebrié, parce qu’ils viennent pour découvrir cette nourriture. Ils viennent pour découvrir le Sud de la Côte d’Ivoire qui a ses spécificités. Au-delà de ce dialogue culturel, nous irons un peu plus loin pour nous connaître, et puis véritablement et économiquement échanger pour voir comment une commune du nord développe une économie ?
Comment une commune du sud développe une économie ?
Il y a des femmes d’Odienné qui viendront à Anoumabo pour apprendre à faire l’Attiéké. Aujourd’hui, il y a des femmes burkinabé qui font de l’Attiéké. Pour moi, avant que les femmes burkinabé ne fassent l’Attiéké, il faut que ce soit d’abord les femmes d’Odienné qui le fassent et on va le leur apprendre pour le vendre au Burkina-Faso et c’est la Côte d’Ivoire qui avance.
Quel est votre vœu pour 2014?
Je souhaite d’abord un bon retour chez eux, à ces enfants qui ont fait près de 600 kilomètres pour venir à nous, et puis leur dire bonne et heureuse année 2014. Que Dieu veille sur la Côte d’Ivoire.
Propos recueillis par PN
Entretien avec Aby Raoul (Maire de Marcory) : « Nous avons un devoir de solidarité envers les communes de l’intérieur » - Photo à titre d'illustration