Espagne: Madrid prête à la suspension de l'autonomie catalane

  • 19/10/2017
  • Source : rfi.fr
Le gouvernement espagnol a annoncé, jeudi 19 octobre, qu'il poursuivait la procédure de suspension d'autonomie de la Catalogne, estimant que le président catalan Carles Puigdemont n'avait pas restauré l'ordre dans sa région, approfondissant encore une crise qui menace la stabilité de l'Espagne.

« Si le gouvernement de l'Etat persiste à empêcher le dialogue et poursuivre la répression, le Parlement de Catalogne pourra procéder, s'il l'estime opportun, au vote d'une déclaration formelle d'indépendance qu'il n'a pas votée le 10 octobre », a écrit, le 19 octobre, Carles Puigdemont dans une lettre adressée au chef du gouvernement Mariano Rajoy, après avoir évoqué la menace de suspension d'autonomie. M. Puigdemont devait dire avant 10H00 (08H00 GMT) s'il faisait marche arrière dans la voie de l'indépendance. Dans son courrier, il a laissé au gouvernement le choix de prendre en compte le fait qu'il disait plus ouvertement qu'il n'y avait pas eu à ce stade de déclaration d'indépendance dans la région et considérer que cela ouvrait la porte à un apaisement, ou de retenir la menace.

Le gouvernement espagnol a choisi la manière forte. « Le gouvernement continuera les démarches prévues par l'article 155 de la Constitution pour restaurer la légalité » en Catalogne, constatant le « refus » de M. Puigdemont de répondre à ses demandes, dit son communiqué, qui annonce parallèlement la tenue, samedi 21 octobre, d'un Conseil des ministres extraordinaire pour enclencher ce processus. Bien que le ton soit à l'affrontement cela laisse cependant encore deux jours pour d'éventuelles tractations.

Auparavant le grand journal catalan La Vanguardia, avait souligné la « responsabilité historique » de Carles Puigdemont, l'implorant de choisir l'option que lui proposait le gouvernement depuis mercredi : convoquer des élections régionales anticipées pour repartir à zéro. « Il n'y a pas de dignité dans le suicide collectif, surtout si un seul le décide et tous en souffrent », écrit notamment le journal. Dans cette région ayant une langue et une culture propres, fière de son autonomie, une suspension d'autonomie pourrait déclencher un « affrontement civil », prévient la Vanguardia.

Les dirigeants catalans estiment que le référendum d'autodétermination qu'ils ont organisé le 1er octobre malgré l'interdiction de la justice leur donne un « mandat populaire » pour déclarer l'indépendance.  Selon leurs chiffres, invérifiables, le « oui » l'a emporté à 90% avec 43% de participation. Mais la société catalane est profondément divisée, presque à parts égales, sur la question.