En quelques minutes d'un discours inspiré, dimanche, Oprah Winfrey est devenue la favorite d'Hollywood et de ses fans pour battre Donald Trump en 2020. Mais certains s'inquiètent d'une prime sans cesse plus grande au vedettariat, au détriment de l'expérience politique.
Récompensée par le prix Cecil B. DeMille pour l’ensemble de sa carrière lors de la cérémonie des Golden Globes, celle que tout le monde surnomme « Oprah » a construit son discours sur le mouvement amorcé par l’affaire Weinstein, mais en allant bien au-delà.
Devant un public tout acquis, aux yeux embués, elle a fait le lien avec deux héroïnes de la lutte pour les droits civiques aux Etats-Unis, Rosa Parks et Recy Taylor, et annoncé l’arrivée d’une « aube nouvelle » pour les femmes et les jeunes filles maltraitées par les hommes.
Beaucoup ont vu dans cette déclaration de neuf minutes un tournant dans la vie publique d’Oprah Winfrey, dont la stature dépasse depuis longtemps déjà celle d’une animatrice, d’une actrice ou d’une femme d’affaires, activités qui ont fait d’elle la première femme noire milliardaire.
Une influence considérable aux États-Unis
Première présentatrice noire à percer à la télévision, il y a 30 ans, Oprah a su créer autour de son nom et de son image une véritable marque, à l’influence considérable aux Etats-Unis.
Interrogée dimanche immédiatement après son discours pour savoir si elle comptait ou non se présenter, elle a répondu ne pas y penser, selon plusieurs médias américains.
En juin, après avoir cultivé l’ambiguïté sur le sujet, elle avait assuré qu’elle ne se présenterait jamais à aucun mandat politique.
Mais selon CNN, qui citait lundi deux personnes anonymes de son entourage, l’actrice de 63 ans « réfléchit sérieusement » à une candidature, à près de trois ans de l’échéance.
Le tout Hollywood derrière elle
« C’est aux gens de décider », a déclaré dimanche au Los Angeles Times le compagnon de longue date d’Oprah Winfrey, Stedman Graham. « Elle le ferait, c’est clair. »
Sans surprise, le tout Hollywood est déjà derrière elle, comme en témoignaient lundi les nombreuses réactions qui affluaient après son déjà célèbre discours dimanche.
« Je ne crois pas qu’elle avait l’intention » de se déclarer, a réagi l’actrice Meryl Streep au Washington Post, « mais maintenant, elle n’a plus le choix. »
« Oprah présidente ? Elle a ma voix », a tweeté lundi la chanteuse Lady Gaga, au diapason de beaucoup d’autres.
Gagnante face à Trump en 2020
Un sondage publié en mars par l’institut Public Policy Polling donnait Oprah Winfrey gagnante en 2020 contre Donald Trump à 47 % des suffrages contre 40 % au président sortant.
« Je ne pense pas qu’on puisse considérer cela comme une plaisanterie, pas plus que Donald Trump candidat ou The Rock », surnom de l’acteur Dwayne Johnson qui a déjà laissé entendre qu’il nourrissait des ambitions pour 2020, estime Cindy Rosenthal, professeur de sciences politiques à l’université d’Oklahoma.
La sexagénaire fringante est parfaitement alignée sur son époque, avec son combat pour la cause des femmes, mais aussi son parcours issu de la société civile.
« Pour beaucoup, aux Etats-Unis, l’expérience politique est en réalité un handicap » lors d’une élection, et non un atout, souligne Cindy Rosenthal, comme l’a prouvé la victoire de Donald Trump...
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