Zaba Zadi Lazar est le secrétaire général de la fédération FPI de Yopougon-Banco. Il est, par ailleurs, le président du sous-comité chargé de l'organisation de la fête de la liberté, prévue pour les 2 et 3 mai prochain à Bongouanou. Dans cette interview, qu’il nous a accordée à la Rivera – Attoban il fait des révélations.
Comment réussissez-vous à gérer cette fédération étant entendu que Yopougon est la plus vaste commune de Côte d’Ivoire et acquise à la cause du FPI ?
Avant tout propos, je voudrais adresser mes vifs remerciements au quotidien ‘’Le Figaro d’Abidjan’’ qui a bien voulu nous interroger sur des questions brûlantes du pays. La mission qui nous est confiée est à la fois difficile et facile.
Difficile en ce sens que Yopougon est une grande commune très étendue et très peuplée. Les militants sont effectivement très nombreux. Facile parce que je suis à la tête d’une équipe très dynamique, des hommes qui connaissent très bien le terrain.
Pour rendre le travail plus efficace, nous avons subdivisé Yopougon en cinq zones. Dans chaque zone, nous avons regroupé des sections et nous avons nommé un membre du bureau fédéral pour encadrer cette zone. Ce qui fait que chaque zone travaille et organise des assemblées générales et répond aux mots d’ordre du parti.
Yopougon a été le théâtre des affrontements au cours de la crise postélectorale. Qu’est-ce que les militants, victimes de cette crise, peuvent-ils s’attendre de la fédération que vous dirigez, afin que les meurtrissures soient dissipées?
Oui. Ce sont des souvenirs très douloureux. Yopougon a connu les atrocités de la guerre. Nous attendons des pouvoirs publics que toutes les victimes de cette guerre puissent bénéficier des réparations pour qu’elles puissent reprendre leur vie. C’est ce que nous attendons au niveau de la fédération Abidjan-Banco. Il faut dire que beaucoup de nos militants sont réticents parce qu’ils sont traumatisés. Ils ne veulent pas encore déclarer ce qu’ils ont subi. Il est de notoriété publique que Yopougon a été attaqué et nous faisons de notre mieux pour que ce traumatisme soit estompé.
Les militants réclamant ce qu’ils appellent leur patrimoine. A savoir le siège de la fédération, le QG local de campagne du président Laurent Gbagbo et la place de la liberté qui sont aujourd’hui occupés par des éléments des FRCI. Quelles démarches entreprenez-vous dans ce sens ?
La première des choses que nous avons faites, c’est d’en informer la direction du parti, qui dans ses négociations avec le pouvoir en place, prend en compte le cas de Yopougon. La fédération, elle seule, n’a pas de moyen à apporter une solution à ce problème.
Effectivement, ces locaux que vous avez mentionnés sont occupés par les FRCI. Nous pensons que dans une République qui se respecte, ces genres de choses ne doivent pas prospérer. Donc nous espérons que le pouvoir délogera tous ceux qui ne sont pas les propriétaires de ces locaux afin que le parti puisse travailler dans les conditions acceptables.
Yopougon est reconnue pour ses mobilisations exemplaires et exceptionnelles. Malheureusement, vos cérémonies sont réprimées. Après le meeting de Pascal Affi N’Guessan à la place FCGAYO, allez-vous reprendre la mobilisation de vos troupes ?
A Yopougon, nous n’avons pas baissé les bras. Je peux vous dire qu’après ce que nous avons connu, au niveau de la fédération les activités ont repris depuis le deuxième semestre du mois d’août 2013. Nous tenons nos assemblées générales dans des conditions difficiles parce que nous sommes obligés, à chaque fois, de changer de lieu. Mais notre satisfaction aujourd’hui, c’est que les sections ont commencé à fonctionner.
Nous avons aussi donné des instructions fermes afin que les comités de base se réunissent. Je pense que c’est de cette façon que le parti revivra véritablement. Mais, pour ce qui concerne la répression de nos manifestations, nous sommes d’avis que ce n’est pas de cette manière que le pays va se construire. Il est bon que les gouvernants puissent simplement amadouer les opposants.
Parce qu’il n’y a que les opposants qui peuvent dire à ceux qui sont pour le moment au pouvoir ; ce qui se passe.la Côte d’Ivoire d’avoir une opposition qui est le FPI et qui critique ce qui ne va pas, mais aussi fait des propositions pour faire avancer le pays. Par exemple, pour une sortie durable de la crise, le président Affi N’Guessan a proposé la tenue des états généraux de la République. Ce sera un forum ouvert à tous où chacun viendra s’expliquer ce qu’il a vécu. Les victimes viendront s’exprimer. Les questions concernant les élections, le foncier rural, la nationalité etc. seront débattues. D’un commun accord, cela nous permettra de faire avancer le pays.
Le gouvernement vient de lancer le recensement de la population. Les militants de Yopougon vont-ils se faire recenser ?
Cela va dans la droite ligne de ce que je viens de vous dire. C’est-à-dire que pour ce qui est des décisions qui engagent toute la Nation, il faut que le problème soit mis sur la table des négociations et que chacun puisse dire ce qu’il en pense. Alors, il s’appropriera de ce qui sera décidé unanimement. Dans le cadre du recensement général de la population que le FPI qualifie de passage en force, la direction du parti a fait une déclaration. Pour l’instant, nous nous en tenons à la décision de la direction de notre parti.
La fête de la liberté organisée chaque année par le FPI se tiendra cette année à Bongouanou. Vous en êtes le président du sous-comité chargé de la mobilisation. C’est un grand défi à relever. N’est-ce pas ?
Oui ; la dernière édition de la fête de la liberté a été organisée à Yopougon. Ceux qui y ont assisté, ont reconnu que c’était l’une des plus belles fêtes. Mais aujourd’hui nous sommes dans un contexte nouveau. Le président Affi N’Guessan est originaire de Bongouanou. Je tiens à rappeler que cette fête devrait s’organiser à Bongouanou en 2003. Cette année. Grâce à Dieu cette ville recevra les militants du parti créé par Laurent Gbagbo. C’est un enjeu important et nous mesurons le poids de cette responsabilité. Nous pensons avec la direction du parti et l’ensemble des militants, nous allons pouvoir relever le défi pour que Bongouanou soit inondé des militants, des sympathisants, des partisans du président Laurent Gbagbo et des populations ivoiriennes.
Pour ne pas que des militants se fassent conter cet évènement, quelle est votre stratégie de mobilisation ?
Au niveau du sous-comité, nous multiplions des réunions au cours desquelles nous avons dégagé une méthodologie pour toucher tous les militants ; où qu’ils se trouvent afin qu’ils convergent sur Bongouanou. Tout ce que nous avons décidé au cours de nos différentes rencontres, n’a pas encore été validé par le comité national d’organisation piloté par le camarade Koua Justin.
Concrètement, que se passera-t-il au cours de cette rencontre de grande envergure ?
C’est d’abord une fête de retrouvaille. Comme son nom l’indique, nous allons célébrer la liberté. D’aucun se poseront la question de savoir pourquoi Laurent Gbagbo, son épouse et plusieurs personnes civiles ou militaires sont en prison, beaucoup d’Ivoiriens sont en exil et le FPI organise une fête de la liberté. Je voudrais dire que la liberté est circonstancielle à un individu. On nait libre. C’est une quête permanente.
Nous pensons qu’à cette occasion et à notre fort intérieur, nous espérons qu’avant les 02 et 03 mai prochain, le président Laurent Gbagbo sera libéré ainsi que tous les autres prisonniers politiques. Les exilés rentreront au pays en toute sécurité. Actuellement, la Côte d’Ivoire est divisée et c’est une chance que le FPI donne à notre pays pour retrouver tous ses enfants.
C’est le secret espoir que nous nourrissons par rapport à cette fête. Mais, si par extraordinaire cela ne se produit pas, nous réclamerons la libération du président Laurent Gbagbo, Simone Gbagbo, Blé Goudé, Jean Yves Dibopieu et tous les prisonniers politiques pour que le pays se retrouve. Ce pays a besoin de toutes ses filles et de tous ses fils.
Quel appel voudriez-vous lancer aux Ivoiriens et particulièrement aux militants du FPI ?
C’est un appel à la mobilisation. Il faut que chacun de nous, où qu’il se trouve, prenne toutes les dispositions pour être présent à Bongouanou. Il ne faut pas se faire raconter Bongouanou 2014. Parce que les choses extraordinaires se passeront là-bas. Nous avons deux mois pour nous apprêter. Les pagnes de la fête de la liberté sont déjà disponibles au siège provisoire du FPI à Attoban.
Une interview réalisée par Syndi Priscilia
Fête de la Liberté : Interview / Zaba Zadi, secrétaire fédéral FPI de Yopougon avait prévenu - Photo à titre d'illustration