Les producteurs de coco de la zone d’Adiaké et d’Assinie disent ne plus savoir à quel saint se vouer. La raison de ce désarroi réside dans la mévente de leurs produits qui dure depuis des années et qui semble ne pas avoir de solutions adéquates.
"Nous sommes angoissés, on nous a complètement oubliés, on parle de cacao, de café et d’hévéa mais pas de coco", révèlent amers des planteurs dans la zone d’Adiaké.
Le constat sur le terrain confirme l’amertume des producteurs de coco engagés pour certains dans cette aventure depuis les années 60 avec l’avènement de la SODEPALM, une entreprise d’Etat qui a encouragé alors les planteurs à s’adonner à cette culture. La SODEPALM gérait ses propres plantations et celles des planteurs privés dont elle achetait le produit, notamment le coprah et la Palmindustrie elle, s’occupait de la transformation.
Depuis la privatisation de l’entreprise en 1996, les producteurs disent être à la merci des acheteurs privés. Aujourd’hui, le constat sur le terrain est ahurissant. Les planteurs de coco ont l’impression d’avoir été abandonnés à leur propre sort et la filière coco souffre d’une désorganisation criante. Aucune coopérative n’a été mise sur pied d’Adiaké à Assinie en passant par Assouindé.
Le prix du coco est fixé à la tête du client, fait savoir un acheteur ayant requis l’anonymat. " Pour le coco, il n’y a pas de prix, On va au champ et on discute avec le planteur. On peut acheter la noix à 10 FCFA ou à 15 F , cela dépend. Actuellement les prix sont à 15FCFA ."Pourtant, il y a des décennies, le prix de la noix de coco se situait entre 30 et 40 FCFA, ont fait savoir des producteurs.
Avec ce prix, difficile de s’en sortir selon les producteurs qui doivent faire face à d’autres dépenses. Ils disent payer la main-d’œuvre pour la cueillette, le groupage et l’entretien des plantations.
Plusieurs filières de vente en direction de pays de la sous-région se sont créées et pourtant les planteurs disent ne pas bénéficier d'un prix alléchant. Cette situation, le Fonds Interprofessionnel pour la Recherche et le Conseil agricole (FIRCA) la justifie sur son site internet par le fait que la filière Coco ne cotise pas.
L’état des lieux a mis en évidence que la filière coco est sinistrée à travers les aspects suivants : Faible niveau d’organisation professionnelle, absence de système formel d’encadrement des planteurs, verger vieillissant et mal entretenu, difficultés d’adoption des hybrides à haut rendement mis au point par la recherche, inorganisation des circuits de commercialisation des produits du cocotier, faible niveau de transformation locale entre autres.
Face à cette situation, les planteurs adoptent différentes attitudes.
Certains planteurs ont opté pour une culture mixte du coco et du palmier à huile afin d’augmenter leurs revenus. D’autres par contre ont choisi la destruction unilatérale des plantations de coco au profit du palmier à huile. Une frange des planteurs préfèrent ne pas ramasser les noix de coco les laissant germer dans les plantations.
Il est hors de question pour des planteurs de créer de nouvelles plantations de coco vu cette situation de mévente. Et pourtant, l’importance du Coco n’est plus à démontrer.
Les différents produits et sous-produits du cocotier identifiés sont la noix, le tronc, l’amande, la bourre, le substrat, le cordage, la brosserie, le combustible, l’eau, le vinaigre, l’amande fraîche, le lait et huile de coco, le coprah, l’huile de coprah, le tourteau, le savon, la confiserie, la pommade, la boisson, les meubles, la charpente, la vannerie, etc.
Le Circuit de commercialisation est identifié.
La bourre de coco est utilisée comme substrat pour la culture hors sol et la pépinière, la farine de coque comme abrasif pour le nettoyage des machines industrielles, le lait de coco pour l’industrie cosmétique et la pâtisserie, huile vierge de coco pour l’industrie pharmaceutique.
La production nationale de coco était de 95 000 tonnes en 2008 et 27 000 tonnes exportées en 2012.
Pour les producteurs, il y a une impérieuse nécessité d’organiser la filière et de contrer "les acheteurs véreux" qui se sucrent sur leur dos. La direction régionale de l’agriculture et du développement rural d’Aboisso préconise comme solution, en dehors de l’organisation, la transformation locale pour de régler cette mévente.
akn/ask
Filière coco, la galère des producteurs