Le Front Populaire Ivoirien (FPI) traverse une énième situation de crise. Ce n’est de toute façon pas une exclusivité frontiste. Souvenons-nous de la récente et tenace crise au PDCI-RDA. Souvenons-nous du tournant social-démocrate du président François Hollande, avec « le pacte de responsabilité », un virage politique qui est très mal passé à gauche.
Souvenons-nous de la crise persistante à l’UMP avec le retour plus ou moins contesté de Nicolas Sarkozy. En France, la droite est incapable de profiter des difficultés du gouvernement Valls parce que la crise à l’UMP est solide. Il y a forcément des leçons à comprendre.
En tant qu’observateurs et acteurs de la vie politique de notre pays, il nous est loisible de nous prononcer sur cette campagne ou, au sein du parti, autant de boules puantes que d’arguments sont échangés. Et pourtant le FPI dispose forcément du meilleur candidat pour gagner la présidentielle de 2015 dans une complétion qui lui sera légère au regard des insuffisances du pouvoir actuel.
La Côte d’Ivoire recule dans tous les classements relatifs au développement socio-économique. Plus d’un Ivoirien sur deux vit dans la pauvreté selon la Banque mondiale. La dette de notre pays remonte à une vitesse jamais égalée. Ce n’est donc pas les arguments qui manquent pour batte campagne contre le régime d’Alasane Ouattara.
Et si l’opposition significative en Côte d’Ivoire se refusait à se livrer négativement en spectacle ?
Le régime de Blaise Compaoré a pris un coup, même si on essaie de récupérer la victoire du peuple burkinabè que le COJEP félicite au passage. Quoi qu’on en pense, les militaires viennent juste de lever le couvercle sur la litanie de souffrances qui vivent les Ivoiriens.
Il est de notoriété que depuis la campagne pour l’élection présidentielle en 2010, faire des promesses non tenues, est érigé la règle. Les résultats sont palpables. La cherté de la vie, les centaines de prisonniers politique sont autant de sujets qui donnent de l’eau au moulin d’une campagne soutenue contre le pouvoir. Tous les signaux de l’échec du pouvoir sont au vert.
Et si on mettait balle à terre ?
Alassane Ouattara a promis une Université par an, de l’emploi pour les jeunes et des pluies de milliards aux Ivoiriens. Trois ans plus tard, l’argent tombe effectivement du ciel mais canalisé et dirigé vers les paradis fiscaux. Il n’y a aucune visibilité dans la gestion des ressources du pays. Le pouvoir démolit des habitations à Attécoubé pour accentuer l’état de misère des Ivoiriens. Aucune université n’est sortie de terre, la jeunesse ivoirienne est sans emploi.
Il revient au congrès de décider dans quel schéma doit évoluer le FPI. Mais nous sommes à tout le moins d’accord qu’avec un sang-froid, on peut s’accrocher à l’unité et mettre notre liberté de proposition et de parole au service de nos valeurs qui ne peuvent être de circonstance.
Le pouvoir déporte nos leaders, prive de liberté des centaines d’Ivoiriens sans raison valable. Il est clair que cela répond à un refus de compétition politique. Un cadeau qu’on ne peut accorder au président Alassane Ouattara.
Le FPI a l’expérience pour elle et sait comment ramener le jeu politique au centre de l’intérêt national. Mettre balle à terre, en a-t-on objectivement le choix ? Non ! Car c’est l’option nécessaire, juste et surtout possible de part la culture politique du FPI.
Danon Gohou
Représentant COJEP Royaume-Uni
danonfg@gmail.com
Photo d'archives à titre d'illustration