La normalité se prépare… Le Front populaire ivoirien (Fpi) s’y attèle. L’ancien parti au pouvoir organise en ce moment une passation de charges à cet effet. «La date sera connue et vous y serez conviés», a informé, hier, un haut du cadre du parti, parlant de la presse. La (re)prise ou la cessation de fonction va consister en la restitution du ‘’pouvoir‘’ à Pascal Affi N’Guessan par son intérimaire, Sylvain Miaka Ouretto. Après environ deux années passées à redynamiser une direction, qui avait été désarticulée par la crise postélectorale, l’ex-secrétaire général devrait céder les rênes à celui qui en est le titulaire statutaire. «L’intérim est terminé, nous entrons dans la phase officielle maintenant. Je veux dire que la direction normale reprend en main la vie du parti », a-t-il réaffirmé, précisant que les textes du Fpi ne prévoient pas de dispositions particulières traitant d’une telle situation. Car, l’intérim, c’est quand il y a une vacance et qu’on a recours à un remplaçant. En l’absence du titulaire, un remplacement est prévu en vue de combler un «vide».
Mais, alors, lorsque le titulaire est là ou revenu, l’intérim est terminé, argumente l’interlocuteur. En effet, sortie décapitée de la crise postélectorale, la direction rescapée du parti de Laurent Gbagbo, lui-même d’abord incarcéré à Korhogo, a cherché à se reconstituer. Mamadou Koulibaly, ex-troisième vice-président, et ancien président de l’Assemblée nationale, en a été le président intérimaire. Puis, il a rendu le tablier au mois de juillet 2011 et créé le 14 du même mois, sa formation politique, Liberté et démocratie pour la République (Lider).
Il sera remplacé par Sylvain Miaka Ouretto, alors secrétaire général. C’est aujourd’hui son tour d’être remplacé : Affi devant reprendre du service puisqu’il n’avait pas été démis de ses fonctions. Mardi, après sa libération provisoire, l’ancien Premier ministre de Laurent Gbagbo a donné le ton de ce que sera l’avenir. Dans un discours qualifié de «rigide» par une certaine opinion, il a semblé dire qu’il est de retour. Et que la politique de front, telle que la veulent ses partisans, sera à présent possible. Après cette adresse «musclée», il a indiqué qu’il retroussait les manches pour «redresser» ce qui est « tordu ». Pourquoi Affi n’est-il pas astreint au silence ? A cette question, un substitut du procureur joint hier au téléphone, explique que la liberté provisoire ne lui en fait pas obligation. Selon une source judiciaire, seule, interdiction formelle de quitter le pays lui est faite. «Une personne en liberté provisoire ne peut sortir du pays. Si elle veut le faire, elle est tenue d’en informer le juge. Je ne pense pas qu’il y ait une disposition qui l’empêche de faire de la politique. La liberté provisoire suppose que la présence, hors de prison d’une personne, n’empêche pas la manifestation de la vérité. Si c’est le cas, elle court le risque de retourner en cellule», a-t-elle explicité. «Mais je ne pense pas qu’on puisse signer des papiers dans lesquels interdiction est faite à l’ex-prisonnier fut-il politique, de faire ceci ou cela. On peut, peut-être, le dire verbalement mais dans ce cas, on peut attaquer facilement une telle pratique», a-t-elle nuancé. «Le juge leur a plutôt notifié leur ordre de mise en liberté provisoire. Il n’a pas eu le temps de le faire dans les différents pénitenciers où ils étaient détenus», a-t-il révélé parlant de l’ «usage», en pareille situation.
Bidi Ignace
Fpi / Miaka-Affi: la passation de charges se précise - Photo à titre d'illustration