Dimanche 22 septembre, face à la presse, Guigui Claudel, membre du Secrétariat national chargé des Finances, et particulièrement chargé de la mobilisation des ressources en Europe, tenait à s’exprimer sur la vie de son parti , le Front populaire ivoirien , autour du thème « Décryptage de l’actualité au Fpi suite aux remous après la constitution de la nouvelle direction ». Il a dit sa part de vérité et cela, sans animosité, selon lui.
Sa conférence comme il l’a fait remarquer, ne devrait pas être comprise comme celle d’un dissident ou d’un rebelle. Car il estime qu’il faut poser les problèmes actuels du parti et y apporter des solutions, afin que le Fpi retrouve son fonctionnement normal.
Dans son propos liminaire, Guigui a dit inscrire sa conférence dans le cadre d’un diagnostic de l’état de santé du Fpi. Car si les gens disent à un moment donné: « On est là pour Gbagbo, mais le Fpi on s’en fout », il faut bien, selon Guigui, se poser la question de savoir pourquoi les choses sont ainsi. Il y a donc lieu de poser les problèmes du fonctionnement du parti. Le Conférencier a articulé son intervention autour de cette question centrale: « Quel Fpi face à Ouattara en 2015? », précisant que « poser une telle question n’est ni un acte de défiance ni une ignorance des textes du parti ».
Guigui Claudel dit poser des réserves quant à la sincérité des dirigeants de son parti, qui semblent ne pas prendre la mesure des futures échéances électorales. « Le Fpi aurait-il eu tort de boycotter les législatives de décembre 2011 et des élections locales et régionales d’avril 2013? » s‘est-il interrogé. Car le Fpi, rappelle-t-il, n’a pas encore obtenu gain de cause quant à ses conditions pour aller à des élections, à savoir la libération des prisonniers politiques, du président Gbagbo, et le retour des exilés, mais pourrait faire fi de toutes ses conditions pour s’aventurer dans une élection en 2015.
Face à une telle situation à venir, sur fond de soupçon ou de dénonciation, Guigui Claudel soutient ceci: « (…) S’il est vrai que les noms du président Gbagbo et de son épouse ou encore du jeune Ministre Charles Blé Goudé rassemblent aujourd’hui et, à eux seuls, peuvent constituer un slogan de campagne, même absents, il serait injuste de sacrifier toutes les luttes portées par ses personnes qui font d’eux des héros. Nos héros ne doivent pas mourir si tôt. Car la lutte ne fait que commencer. C’est pourquoi nous disons avec force que la seule voie pour le Fpi de panser les plaies des milliers d’ivoiriens, la seule façon de pardonner nos bourreaux, et enfin la seule condition d’une paix durable en Côte d’Ivoire reste la libération du Président Gbagbo, de tous les autres prisonniers politiques et le retour des exilés en Côte d’Ivoire. Toute autre voie n’est que suicidaire et n’engagerait que ses seuls tenants. Le Fpi, notre parti vient de loin.
Il faudra continuer à s’armer de courage pour faire sauter le reste du verrou. C’est pourquoi nous pensons que l’offensive diplomatique entamée par la direction intérimaire doit être poursuivie. 2015 n’est pas la fin du monde. Le Fpi saura apprécier le moment venu. Et ce moment ne sera pas sans le Président Laurent Gbagbo » (Extrait du propos liminaire)
Réponses aux questions de la presse.
A la question de Jean Paul Oro de l’Intelligent d’Abidjan, interpellant le conférencier sur le fait qu’il est lui-même celui qui crée les remous dont il veut parler, ce dernier a dit assumer ces remous s’ils émanent de la liberté d’opinion. Opinion selon laquelle, Affi N’Guessan a procédé à une restructuration hâtive et inopportune de la direction du parti. Après sa sortie de prison, il aurait dû prendre le temps nécessaire pour savoir comment va son parti. Poursuivant dans sa réponse à cette question, Guigui Claudel a évoqué le cas Brigitte Kuyo.
Concernant ce cas, il a rappelé que Brigitte Kuyo, récemment nommée Secrétaire nationale chargée de la diaspora et des Représentations du Fpi à l’extérieur, étaitt en rébellion contre la direction intérimaire. Malgré cette rébellion, qui est manifestement une preuve d’indiscipline caractérisée, elle a été promue, sans qu’aucune mesure disciplinaire ne soit prise à son encontre. Pour Guigui Claudel, Affi N’Guessan n’a donc pas pris la mesure des choses avant de procéder à certaines nominations. Afin de soutenir ses propos, le conférencier a présenté des coupures de presse de certaines déclarations de l’ex-Représentation du Fpi en France.
Des déclarations dans lesquelles Brigitte Kuyo traitaient la direction intérimaire de son parti de « putschiste », d’ »irresponsable » et d’ »incompétente ». Il considère donc le cas Brigitte Kuyo comme un encouragement à l’indiscipline. Un tel encouragement à l’indiscipline est ce qui fâche, selon lui. « Si on s’amuse à encourager l’indiscipline, on est un parti mort », prévient-il, face à une telle situation.
En référence aux conditions dont Guigui Claudel exige la satisfaction avant même que son parti ne parle d’élection, Jean Paul Oro lui a posé la question de savoir s’il n’est pas lui-même un partisan de la politique de la chaise vide. Sur cette question, le conférencier a répondu qu’il est question pour lui de poser les conditions d’une vraie élection libre et démocratique, qu’il est question de poser les conditions d’un fonctionnement normal du parti avant de parler des élections. Et poser de telles conditions, ce n’est pas faire la politique de la chaise vide.
S’agissant des conditions d’un fonctionnement normal du Fpi, Guigui a rappelé que le mandat d’Affi N’Guessan a pris fin depuis 2004, qu’il y a donc lieu de faire un inventaire du parti, avant de parler de la candidature d’Affi N’Guessan à la prochaine présidentielle. Une candidature qui n’est pas d’actualité, selon le conférencier.
« Je ne suis pas un rebelle, je suis militant du Fpi (…) je m’inquiète de la vie de mon parti. J’interpelle ma direction pour dire attention, voilà où nous allons, nous allons à la dérive ». C’est en ces termes que Guigui Claudel a répondu à Tidiane Oula de Eventnews TV, lui posant la question de savoir s’il n’est pas un rebelle.
Répondant à la question d’Axel Hillary de La Dépêche d’Abidjan, relative à ce qu’il attend concrètement de la direction de son parti, Guigui Claudel a répondu sans faux fuyant. Il a dit attendre des dirigeants de son parti « qu’ils écoutent les militants de base », et qu’il faut par conséquent la tenue d’un Congrès, qui est « le cadre statutaire d’expression des militants » « Il faut absolument la tenue d’un Congrès », soutient-il avec insistance. « Il faut le Congrès pour faire l’état des lieux », pour le retour à la normalité. Dans le cas contraire, poursuit-il, ceux qui sont contre sa tenue doivent en donner les raisons.
Zéka Togui de civox.net a eu à poser quelques questions à Guigui Claudel. Questions, relatives à la légitimité du président Affi N’Guessan qu’il conteste, à l’origine des moyens dont dispose Affi N’Guessan pour entreprendre ses tournées politiques, à l’ambition de conquête de pouvoir de celui-ci, à la possibilité du Fpi de gagner seul la présidentielle de 2015 en faisant fi des alliances politiques.
Face à toutes ces interrogations, Guigui a soutenu qu’il ne conteste pas la légitimité d’Affi N’Guessan. Car le Comité central lui a accordé exceptionnellement un prolongement de son mandat, en attendant un autre Congrès. Il demande cependant « qu’on revienne aux textes, qu’on revienne à une situation normale d’un fonctionnement normal »
Sur la question de l’origine des moyens dont dispose le président du Fpi, le conférencier a rappelé que son parti bénéficiait d’un financement annuel de 800 millions de Francs CFA de 2006 à 2010, ce qui équivaut à 3 milliards 200 millions. Sur cette base, il s’est donc posé la question de savoir pourquoi la caisse du parti est vide. Il veut savoir à quoi a servi tout cet argent, même s’il s’attend à ce qu’on lui réponde, peut-être, que le compte du parti a été gelé. Guigui Claudel a affirmé ignorer l’origine des moyens dont dispose Affi N’Guessan pour faire ses tournées politiques, tout en faisant savoir que les moyens dont il dispose sont à son propre avantage.
Sur la question de l’ambition personnelle d’Affi N’Guessan dans la conquête du pouvoir, le conférencier a été formel. Son ambition est certes légitime! Mais il revient au parti de choisir son candidat. Mais en réalité, il se pose, selon lui, le problème de l’opportunité d’expression d’une telle ambition, pendant que Gbagbo et tous les autres prisonniers restent encore en prison.
Dans la perspective de la présidentielle de 2015, au cas où son parti doit y prendre part, le conférencier a estimé qu’il ne pourra pas gagner seul cette élection, mais devra s’appuyer sur ses alliances politiques.
Entre autres propos, Guigui Claudel, répondant à civox.net a soutenu, ne pas être le porte-parole d’un front anti Affi N’Guessan en création au sein du Fpi, et ne pas être guidé par une main invisible dans sa prise de position actuelle. Pour lui, dire à Affi N’Guessan que son mandat est fini, ce n’est pas être rebelle. Car si le Fpi veut être le champion de la démocratie, il doit apprendre à respecter ses propres textes et non continuer à s’accommoder avec une situation exceptionnelle dans laquelle Affi N’Guessan continue de présider le Fpi après la fin de son mandat en 2004.
Fpi : Un congrès exigé à Affi N’guessan - Photo à titre d'illustration