Lors d'une conférence de presse le début du mois dernier, le Premier ministre, Daniel Kablan Duncan avait annoncé les couleurs en indiquant que l'Assemblée nationale recevra prochainement plusieurs projets de lois relatifs notamment au statut de l'opposition et au statut du chef de l'opposition.
L'idée du gouvernement ne semble toutefois obtenir l'assentiment de l'opposition pro-Gbagbo qui s'interroge sur l'opportunité et le mode de désignation d'un chef de l'opposition."Nous ne savons pas ce que cela contient. Faut-il se référer aux résultats de la présidentielle ou des législatives ? Sur quelle base devrait-on choisir un chef de l'opposition ?", s'est interrogé le secrétaire général adjoint du Front populaire ivoirien, Sébastien Danon Djédjé.
"Nous n'avons jamais demandé à avoir un chef’’, renchérit pour sa part, le leader de Cap unir pour la démocratie et le développement, Gervais Coulibaly, soutenu par Danielle Boni Claverie, la leader de la plate-forme Agir pour la paix et la nation. Comme on le constate, le gouvernement et l'opposition ne sont pas sur la même longueur d'onde concernant la mise en place d'un chef de file de l'opposition. En effet, le Fpi et ses alliés craignent que ce rôle ne tombe entre les mains du Pdci qui, bien qu’étant dans une coalition avec le Rdr au pouvoir, fait partie intégrante des partis de l’opposition.
Ainsi, dans un tel cas de figure plus que probable, le seul interlocuteur pour l’opposition face au pouvoir, ne sera désormais que seul, le leader du vieux parti, Henri Konan Bédié. Ce dernier, déjà secoué par une très forte opposition au sein de sa famille politique, aura bien du mal à prendre son élan sur son parti. Par ailleurs, son attitude jugée trop attentiste et molle envers le président Ouattara, laisse convaincre qu’il n’est pas l’homme pour mener cette lutte politique. ‘‘Bédié n’a jamais été et ne sera jamais un combattant politique ; il ne sait pas lutter et son âge très avancé ne milite pas pour qu’il conduise cette mission’’, confie un cadre du Pdci. Reste donc Affi N’guessan, le président du Fpi. Une des conditionnalités du gouvernement pour désigner le chef de file de l’opposition, est que ce dernier soit issu d’un parti représenté au Parlement.
Or, le Fpi n’y siège pas. Pire son président vit avec une épée de Damoclès au dessus de la tête. Affi n’aura donc pas les coudées franches pour tenir l’enjeu, surtout à l’approche des joutes électorales cruciales de 2015, pour lesquels, son parti prévient qu’il briguera toutes les consultations électorales. Le président de l’Udpci, Albert Mabry, se retrouve lui dans une position véritablement inconfortable. Membre influent du gouvernement, il bénéficie de l’oreille du Président Ouattara, à telle enseigne que beaucoup le soupçonnent de ‘‘vendre son parti au Rdr et d’œuvrer à faire basculer le Grand Ouest dans l’escarcelle du parti au pouvoir’’. Le président du Mouvement des forces d’avenir, Anaky Kobena, on le sait, a un vieux compte à régler avec son illustre co- pensionnaires du Golf hôtel sous la crise post électorale.
Il reproche en effet à Alassane Ouattara, de l’avoir ‘‘délibérément et royalement omis lors du partage du gâteau’’. Cette ‘‘ingratitude’’, Anaky ne cesse de la dénoncer et prévient qu’il usera de tous les moyens pour se venger. Reste pour finir, le Pit d’Akoi Ahizy, jugé très peu expérimenté pour une telle charge politique et Gueu Droh Denis, l’énigmatique leader du parti communiste de Côte d’Ivoire. Les uns et les autres sont certains que Gueu Droh sera beaucoup plus préoccupé à se refaire une santé financière et sociale plutôt que de ‘‘perdre son temps à livrer des querelles politiques’’.
G.Evariste
Futur chef de l’opposition : Y-a-t-il encore une opposition face à Ouattara ? - Photo à titre d'illustration