La sorcellerie n’est plus l’apanage des vieilles personnes dans la commune de Gagnoa et ses villages environnants du canton Zabia. Des enfants font actuellement parler d’eux dans cette pratique occulte.
Récemment, une adolescente, vendeuse de friperie, répondant au prénom de Sandrine, a avoué à ses proches qu’elle appartient à une confrérie de sorciers, après que son oncle l’ait initié. Au quartier soleil où elle résidait, avant de fuir à Daliguepa, son village situé sur l’axe Gagnoa-Oumé, elle a confié à son petit ami qu’elle se transforme mystiquement en homme pendant leurs ébats sexuels.
Fou de rage, son chéri l’a battu si violemment qu’elle s’est enfuit dans son village avec pour vêtement le morceau de page qu’elle avait attaché. Lors de notre passage le 30 mars dernier à Daliguepa, dans l’objectif de rencontrer cette demoiselle, notre déplacement a été vain. Au dire des villageois rencontrés, Sandrine qui a reconnu devant la chefferie avoir été initiée à la sorcellerie, contre sa volonté, est en déplacement dans l’optique de chercher à se défaire de ce lien.
Déçu de n’avoir pas trouvé Sandrine, nous avons mis le cap sur Moko, le premier village de la commune de Gagnoa, toujours sur l’axe Gagnoa-Oumé. Car, nous avons appris l’existence d’une jeune fille baptisée « Fitini» qui pratique la sorcellerie. D’ailleurs, on dit d’elle qu’elle est un foudre de guerre qui décime les cadres, les élèves et les femmes originaires de cette localité. Une fois dans ce village, personne n’a voulu nous conduire auprès de la sorcière, tant elle est redoutée. Cependant, l’on nous fait comprendre qu’une jeune dame serrait sa dernière victime. « Elle est morte dans un hôpital de la ville de Gagnoa. Lors des obsèques, suite à des rites traditionnels, le cercueil de cette dernière aurait désigné les auteurs de sa mort, dont Fitini », nous explique-t-on.
Dans le canton Zabia, la sorcellerie prend de l’ampleur. A en croire des témoignages concordants de personnes originaires de ces villages, des adolescents sont à des postes spéciaux et clés dans les confréries, après une initiation avec des friandises et des beignets convoitées par les enfants.
Dahopa fait également partie des villages où la population juvénile aurait optée pour la pratique de la sorcellerie. L’on nous a rapporté une discussion de deux fillettes sorcières. L’une s’est opposée au refus de l’autre de livrer sa génitrice alors qu’elle avait mangé « l’âme » de celles des autres membres de leur confrérie.
Une proposition lui aurait même été faite de remplacer sa mère par son propre enfant qu’elle allaitait. Surprise dans leur échange, elles ont été soumises à un rude interrogatoire qui a débouché sur la désignation de leurs acolytes dont nombre d’entre eux serait en fuite.
Doumbia Namory
Correspondant Permanent dans le Goh
Photo à titre d'illustration