L’inégalité des femmes "est perceptible dans tous les pays du monde, malgré quelques avancées observées depuis le 20ème siècle", estime une spécialiste des questions du genre, Koutouan Marie-Noëlle, jugeant "mitigés" les résultats des mécanismes internationaux de défense des droits de la femme.
Lors d’une conférence publique qu’elle prononçait mercredi sur la problématique de la parité, à l’université de l’Atlantique d’Abidjan, Mme Koutouan a révélé le "sentiment de crainte" des femmes face à ces inégalités.
A l’initiative des responsables de l’université de l’Atlantique, le thème "parité, mythe et réalité, le cas de la Côte d’Ivoire", développé par Mme Koutouan s’inscrit dans le cadre du concept genre, qui vise à réduire les inégalités sociales, économiques, politiques et culturelles entre les hommes les femmes.
"Les mécanismes internationaux sur la promotion de la femme et la défense de ses droits les plus élémentaires ont obtenu des résultats mitigés", a déclaré la conférencière, rappelant que la loi sur la parité, c'est-à-dire l'égalité entre hommes et femmes n'a été votée qu'en l'an 2000.
Partant des exemples observés dans le monde en général et de la Côte d’Ivoire en particulier, Mme Koutouan a relevé que le taux des emplois des femmes reste faible relativement à celui des hommes avec des écarts importants, citant le cas d’études faites en 2002 sur le salaire mensuel moyen qui donnent un écart de 25% entre celui des femmes et des hommes.
Elle a déploré que les femmes soient le plus souvent les plus touchées par le chômage et la précarité et qu’elles ne soient pas nombreuses au plus haut échelon hiérarchique.
Concernant la Côte d’Ivoire, la conférencière a relevé que malgré la politique nationale en faveur de la promotion de la femme, des avancées notables au niveau de l’éducation, de la formation, de la santé et de son autonomisation politique et économique sous tendus par la mise en place des mécanismes juridiques et institutionnels, beaucoup reste encore à faire au niveau de la présence de la gente féminine aux postes de décision.
" La présence des femmes est en deçà de l’objectif de 30% des femmes dans les instances de décision", a-t-elle souligné.
"Sur 159 chef, on dénombre une seule femme cheffe de village, soit un taux de 1,69%, 28 femmes députés sur 255, soit un taux de 10,98%, cinq femmes ambassadrices accréditées dans les pays étrangers sur un total de 41 ambassadeurs(…) ", a-telle ajouté, appelant les femmes à se battre pour être dans les instances de décision pour changer les choses en leur faveur.
Apportant sa contribution au cours de ces échanges, le président de l’université de l’Atlantique, Pr Aliou Mane, a invité les femmes à se battre "pour assumer leurs responsabilités", à se battre "pendant les joutes électorales", à gagner, pour voter des lois qui iront en leur faveur. Il a invité celles-ci à prendre le pouvoir par le mérite, la bravoure et non attendre à ce qu’on le leur donne.
Pour la conférencière, seules des "campagnes vigoureuses et intensives de sensibilisation" pourront aider à changer les mentalités "tant au niveau des femmes que des hommes".
La direction de l’université de l’Atlantique a initié cette année, dans le cadre d’un programme d’université d’été, des conférences sur le thème générique qui est " les tendances africaines actuelles".
Ce thème est subdivisé en six modules dont le cinquième sur la parité a été traité par Mme Koutouan. Le dernier module de ce programme qui sera abordé le 25 septembre portera sur la problématique de la démocratie.
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Genre: "L’inégalité des femmes perceptible dans le monde entier" (Expert) - Photo à titre d'illustration