Gestion du pays / Sansan Dieudonné Sib, Président de l’Ivoirienne de réflexion et d’action (IRA) : « Nous allons préparer la relève »

  • 17/09/2013
  • Source : L'Inter

L’Ivoirienne de réflexion et d’action (IRA) est un mouvement de jeunes Ivoiriens qui ambitionne de prendre une part active dans la gestion du pays. Dans cet entretien qui suit, Sansan Dieudonné Sib le Président de ce mouvement donne des explications.

Vous êtes le Président de l’Ivoirienne de réflexion et d’action (IRA). Pourquoi avoir crée ce mouvement ?


Ivoirienne de réflexion et d’action (IRA), est un mouvement qui a pour objectif principal de faire entendre la voix de la jeunesse, mais la faire entendre autrement. Porter cette voix autrement, signifie pour nous, orienter au mieux nos politiques dans l’élaboration de nos programmes de société. En d’autres termes, par nos actions, nous souhaitons aider nos leaders politiques à saisir dans toute sa plénitude les difficultés que rencontre la jeunesse ivoirienne. On ne va pas se targuer de dire que nous allons orienter les politiques de façon globale sur la gestion du pays, mais pour ce qui concerne la jeunesse ivoirienne, nous allons faire l’effort de porter notre voix. Le but étant d’aider les autorités compétentes, les politiques à mieux œuvrer pour la jeunesse de Côte d’Ivoire.

Quelles sont les motivations de la création d’un tel mouvement ?


Il faut dire que nous sommes partis de constats simples. La plupart des gens qui se vantent d’être jeunes, sont des personnes qui ont au-delà de 40 ans et nous voulons rompre avec cela. Notre objectif est de réunir des jeunes qui ont entre 25 et 40 ans, et qui ont une haute considération de la chose publique, une haute considération de notre pays. Si vous voulez, réunir, des jeunes qui ont vraiment envie d’apporter quelque chose à l’Etat de Côte d’Ivoire. Le second constat, que nous avons également fait, est le suivant : lorsque les jeunes sont utilisés par les politiques ou autres leaders d’opinions pour des choses qui concernent la communauté, ils le sont dans la rue pour des marches de protestation, la guerre etc., et autres choses qui ne sont pas conforment aux aspirations profondes de la jeunesse. Nous pensons que les jeunes devraient plutôt s’appesantir sur leur éducation, avoir une bonne formation. Il est important que nous jeunes qui vivons notre réalité, puissions mieux faire comprendre aux sexagénaires qui nous dirigent la voix de notre vécu, la voix de notre réalité de sorte qu’ils puissent nous orienter, nous aider. Nous sommes leurs filles et fils.

Ne craignez-vous pas d’être inféodé à un parti politique ?


C’est justement pour éviter qu’une telle chose arrive que nous parlions des jeunes qui ont la haute considération de la chose publique. Ce mouvement réuni des jeunes cadres qui paient des cotisations. Je vous le dis aujourd’hui, vous pouvez m’en tenir rigueur dans 20 ans ou dans l’avenir. Quand j’aurais plus de 40 ans et je ne serais plus membre de l’IRA. D’ailleurs, l’une des conditions d’adhésion, c’est qu’aucun membre de notre mouvement ne peut avoir une fonction officielle ou affirmée, dans un parti politique parce que nous avons un cadre d’échanges sain où le débat sera dépassionné, plus objectif que subjectif.

On va dépouiller nos differentes réalités de toutes considérations et tendances politiques, des uns et des autres. Il n’est donc pas possible que nous soyons inféodés à un parti politique. Que ceux qui seraient tentés ne l’envisagent même pas. Mais nous n’empêcherons pas les différents membres de l’IRA de faire de la politique demain. Il est clair qu’avant avant de pouvoir s’engager sur un chemin politique quelconque, ils auront démissionné de l’association. Donc, il n’y a aucune raison que l’association, elle-même puisse être inféodée à un parti politique.

Quelles sont les activités que vous comptez organiser dans le cadre dee fonctionner ce mouvement ?


En ce qui concerne les activités, il faut dire que nous en avons plusieurs, mais l’une d’entre elles nous tient principalement à cœur. C’est l’organisation des colloques. C’est un cadre qui nous permettra de faire entendre la voix de la jeunesse. Et avant l’organisation de ces colloques nous allons, nos propres cotisations, faire des enquêtes et après inviter des personnalités. Chaque trimestre une personnalité désignée sera face à nous et les journalistes qui voudrions bien se joindre à nous. Et tous ensemble nous leur poserons le maximum de questions liées à la situation de la jeunesse, débattre de ce que la jeunesse pense de l’avenir de la Côte d’Ivoire. Après chaque rencontre, les différentes informations recueillies seront regroupées dans un document de synthèse qui sera mis à la disposition du grand publique avec nos propositions éventuellement. C’est ce qui constitue notre principale activité.

Ne cachez-vous pas un objectif inavoué ? Est-ce que vous ne visez pas des postes politiques ?


Moi personnellement, je suis encore trop jeune pour me laisser emporter par la politique. Peut-être qu’à l’avenir la politique m’intéressera, mais pour l’instant ce n’est pas ma préoccupation. J’ai un objectif de vie à atteindre, celui d’amener les gens à avoir une haute considération de la chose publique, donc je ne pense pas faire de la politique dans un délai très proche. Maintenant l’objectif visé derrière tout ce travail, qui est à mon sens l’essence même de la création de ce mouvement, c’est de préparer une relève qui pourra, plus tard, gérer au mieux notre pays. Pas forcément une relève au plan politique, mais préparer une jeunesse qui ait une haute considération de la chose publique et une très haute opinion de notre pays.

Vous voyez, nous avons quitté la période de Feu Félix Houphouët-Boigny, mais vous remarquerez que ceux qui nous dirigent aujourd’hui, sont des gens qui ont 70 ans, c’est-à-dire des gens de la génération FHB. Ceux qui dirigent la Côte d’Ivoire ont 70 ans et ceux qui étaient sensés la diriger aujourd’hui, ont 40 ans. Si nous calculons bien, il y a un gap de 30 ans. Cela veut dire simplement dire qu’il y a une relève qui n’a pas été préparée. Notre objectif, c’est de préparer des gens à vraiment tenir les choses publiques de la Côte d’Ivoire, à tenir de hautes fonctions, à tenir de hautes responsabilités de sorte à toujours faire gagner un pas à notre pays chaque année.

Avez-vous les moyens de votre politique?


Nous feront plutôt la politique de nos moyens. Nous avons de petits moyens alors, on fera ce que nos maigres moyens nos permettront de faire. Ce n’est pas parce qu’on a de petits moyens qu’on ne fera pas de grandes choses. Je vous donne un exemple. Si pour débuter nos activités, n’avons pas les moyens pour réaliser nos enquêtes et recherches par nous-mêmes à l’intérieur du pays, nous allons dans un premier temps collecter les informations déjà disponibles dans les bases de données existantes.

Et dans l’avenir, lorsque nos cotisations et subventions seront suffisantes grâce à certaines bonnes volontés, on pour mener des enquêtes sur le terrain. Pour l’instant nous allons recueillir des informations dans les rapports par des institutions qui existent en Côte d’Ivoire, des rapports ne souffrant d’aucune ambiguïté, les consolider et ensuite, tirer nos conclusions en tant que jeunes, avant d’envisager l’invitation d’une personnalité. Avec le temps, je vous promets qu’après 2 ou 3 réunions, si Dieu le veut bien on pourra faire nous-mêmes, nos propres enquêtes sur toute l’étendue du territoire. Ce qui nous permettra d’être beaucoup plus pointus dans la synthèse ou dans les propositions que nous ferons à l’opinion publique nationale.

Quel est votre appel à l’opinion publique ?


Je dirais à l’opinion publique d’écouter ou de lire attentivement les différentes conclusions que nous allons mettre à leur disposition. Je demanderai à la jeunesse d’éviter de céder à la tentation, de refuser d’être la chair à canon et de ne pas pousser notre pays vers le gouffre. Parce qu’on à beau se plaindre de notre situation de précarité, ceux qui ont amené notre pays dans cette situation-là aujourd’hui, ce sont les jeunes. Les vieux n’ont pas combattu, les vieux n’ont pas fait de marches, ils n’ont pas cassé les bus, ils n’ont pas cassé les institutions et les infrastructures d’Etat.

Ce sont les jeunes qui ont mis le pays à feu et à sang. Ce sont eux qui ont mis notre pays dans la situation où il se trouve actuellement. Donc j’en appelle à leur prise de conscience et à leur sens de la responsabilité dans les choix qui pourront impacter l’avenir de notre pays. J’en appelle à la tempérance, à la modération des uns et des autres. Ce que nous devons tous comprendre, c’est que notre pays est la seule chose qui nous restera quand les politiciens fuiront loin de nous. Nous n’avons donc pas à le brader ou à le gâcher.

Entretien réalisé par H. ZIAHO