Le vendredi 25 octobre 2019, nous sommes allé à la rencontre des sinistrés sur trois (3) sites d’hébergement qui ont vu jour, après les inondation, il y a deux semaines. Le décor n’est guère reluisant, encore moins les réalités du terrain des personnes âgées, des enfants couchés sur des couchettes de fortune, protégés seulement des lambris de bâches noires : c’est dans ces conditions qu’une femme a accouché, au centre d’hébergement du Phare, et a donné le nom du maire Jean Louis Moulot à son nourrisson. Cependant des victimes des eaux sont amers.
« Dès que le maire et le préfet et leurs collaborateurs font la distribution et tournent le dos, c’est le désordre, tout le monde ne reçoit pas la nourriture », nous apprend un septuagénaire. « Les gens se sucrent sur notre dos et nous empêchent de voir les autorités compétentes », avance un jeune homme, au nom de victimes, sous les tentes dressées, pour l’occasion, au Phare.
Mais Cherif Aboubacar, responsable du centre d'hébergement du Phare voit les choses d'un autre œil : '' Ceux qui se plaignent sont des intrus qui se sont glissés parmi les sinistrés. Les sinistrés sont bien nourris, matin, midi et soir. C'est la mauvaise foi simplement… sans vous cacher que des ''vautours'' viennent profiter de la ration des déguerpis''. Au centre catholique comme au centre professionnel du quartier France, les sinistrés sont dans l’angoisse, au fur et à mesure que le niveau des eaux baisse. « Nous habitons dans des maisons en bois qui ont pourri sous les eaux. Pour nous, l’Etat doit nous trouver un terrain neutre à réaménager », signale Ouédrago Kadidia qui habitait le quartier Odoss. Et Sidibé Djénéba de renchérir : « Nous voulons que l’Etat nous loge dans des habitats sociaux parce que si nous retournons et que l’eau revient demain, on sera encore déguerpie. Alors que l’Etat trouve une solution définitive à cette équation ». Un groupe de sinistrés fait un plaidoyer à l’État pour un fonds d’aide à une véritable réinsertion sociale, après le sinistre.« Je suis veuve et tout mon commerce est parti dans l’eau. Pour nourrir mes 3 enfants, je lave les habits des gens dans les cours moyennant un peu d’argent , alors nous demandons un fonds pour nous permettre de reprendre nos activités , nos commerces », se lamente Bah Hortense.
A Grand-Bassam, des sinistrés isolés dans les quartiers veulent se faire enrôler comme c’est le cas du vieux Karamoko Yaya, 85 ans révolus, dont la maladie a empiré en raison du froid glacial, les soir. « Moi, je n’ai pas été enregistré. Tout le monde est parti, je suis là avec ma petite fille et je souffre de l’asthme », dit-il plaintif.
Un autre octogénaire, Doumbia Yaya, Imam d’une mosquée au quartier Laka (zone de petit Paris) a vu sa mosquée complètement inondée. « Je veux voir Ouattara, il n’a qu’à réhabiliter ma mosquée », souligne-t-il, dans un accès de toux.
Sosthène MABEA ( Correspondant)
Grand-Bassam La présence de faux sinistrés dénoncée sur les sites d'hébergement Des victimes des eaux : « On se sucre sur notre dos »