Abidjan - Les évêques catholiques ivoiriens se sont déclarés mercredi "inquiets" face aux remous sociaux en Côte d'Ivoire où une grève des fonctionnaires déclenchée le 9 janvier se durcit, dénonçant un "climat délétère qui risque de compromettre gravement tous les acquis enregistrés".
"Nous, évêques catholiques de Côte d'Ivoire, marquons notre inquiétude devant les évènements sociaux qui secouent notre pays : mécontentements des militaires, grèves des fonctionnaires et agents de l'Etat" a déploré l'épiscopat dans un communiqué transmis à l'AFP.
Les évêques ont fait état d'"un malaise social qui persiste au sein de la population (...) et de sentiments de frustration et de révolte qui habitent encore les coeurs de nombre d'Ivoiriens".
"Tout ce climat délétère, si nous n'y prenons garde, risque de compromettre gravement tous les acquis enregistrés, fruits de nos efforts" ont-ils souligné, avant d'inviter la société ivoirienne à une rencontre "pour débattre de toutes les questions relatives à la sécurité, à la cherté de la vie, au chômage des jeunes, aux conditions de travail, à la situation salariale, etc".
Mardi, les grévistes ont souhaité une rencontre avec le président ivoirien Alassane Ouattara en vue "de décanter la situation bloquée". "Nous attendons une rencontre avec le président (Alassane Ouattara) ou au
moins son vice-président (Daniel Kablan Duncan) afin d'établir un dialogue direct qui pourrait décanter la situation", avait déclaré à l'AFP Théodore Gnagna Zadi, président de la plateforme qui regroupe une cinquantaine de syndicats de fonctionnaires.
Pour lui, "le président ne s'est jamais prononcé sur la situation et cela est perçu comme un mépris. Il faut qu'il dise quelque chose vu l'état de la situation"..
Lundi, des mouvements sociaux ont eu lieu dans plusieurs villes de Côte d'Ivoire, notamment à Abidjan où d'ex-militaires ont bloqué une autoroute. Les grévistes demandent des augmentations de salaires et le paiement de certains arriérés de primes et protestent contre une réforme des retraites intervenue en 2012 dont les premiers effets se font sentir en 2016.
Cette réforme fait passer l'âge de la retraite de 55 à 60 ans, voire 65 ans pour les grades les plus élevés. Les cotisations augmentent de 6 à 8,33% du salaire, alors que les pensions ont été réduites de 30 à 50%.
La Côte d'Ivoire, avec 23 millions d'habitants dont 5,4 millions d'étrangers, compte 40% de musulmans, 40% de chrétiens et 20% d'animistes.
ck/jhd
Mgr Alexis Touably Youlo