Formés depuis 2009, plusieurs marins broient du noir et croupissent sous le poids du chômage. Toutes les tentatives initiées par le Syndicat national des marins marchands de Côte d’Ivoire pour sortir de ce calvaire sont restées vaines. Et pour se faire entendre, ils ont organisé un point de presse le samedi 2 janvier 2016 à Yopougon au cours duquel, ils ont réclamé le débarquement du ministre Adjoumani Kobéna.
« Le ministre des Ressources animales et halieutiques, Adjoumani Kobéna doit être limogé pour incompétence. Ce dernier n’a aucune notion des métiers de la mer ». C’est en ces mots que s’est exprimé le lieutenant Adou Kacou, secrétaire général du Syndicat national des marins marchands de Côte d’Ivoire.
A en croire le responsable syndical, ce sont 4 promotions de près de 600 officiers, sous-officiers et personnel d’exécution de la marine marchande sortis de l’Académie régionale des sciences et techniques de la mer d’Abidjan (Arstm), qui sont au chômage depuis la fin de leur formation.
Selon les marins, la disparition des compagnies nationales de navigation, au cours des années 80 et surtout la dissolution de la Sitram en 95, a jeté à la rue plus d’un millier de marins, officiers et hommes d’équipages pourtant formés à grand frais par l’Etat. Conséquences, les stages des élèves-officiers issus de l’Artm constituent un véritable parcours de combattant aujourd’hui.
« Le ministre Adjoumani est informé de notre situation, mais nous sommes convaincus que la gestion des affaires liées à la mer est trop complexe pour ce dernier. Interpellé à plusieurs reprises, il a affirmé gérer les ressources halieutiques et non les hommes de la marine marchande. Sur près de 20 navires qui battent pavillons ivoiriens et naviguent sur nos eaux, aucun marin ivoirien sorti de l’Arstm ne se trouve à bord de ces bateaux.
Un fait qui viole les textes qui régissent notre secteur. En effet, plusieurs accords avec l’Union Européenne et d’autres entités exigent que les équipages des navires pétroliers naviguant sur nos eaux doivent être composés à 75% d’Ivoiriens et les autres navires à 20% des marins d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (Acp), dont la Côte d’Ivoire est membre.
Une décision qui n’a jamais été appliquée. Pis, les quelques Ivoiriens qui réussissent à embarquer sont parfois bastonnés et débarqués par des expatriés. Le seul bateau devant servir pour la pratique à l’Arstm a été vendu par Karim Coulibaly, Directeur général de cet établissement sous-régional. Depuis 6 ans, il n’y a plus de réunion de Conseil d’administration au su du ministre Adjoumani.
Le comble, le Directeur général de l’Arstm avec la complicité de certains agents de notre ministère de tutelle organisent des recrutements parallèles qu’ils font miroiter à certains parents obligés dès lors de brader maisons et plantations pour scolariser leurs enfants qui, au finish, se retrouvent à la rue comme c’est le cas en ce moment. Nous interpellons l’Etat et les autres pays de la sous-région sur l’éventualité d’une fermeture de l’Arstm par l’Organisation maritime internationale.
Car l’école ne répond plus aux normes internationales», s’est offusqué le porte parole des marins. Avant d’ajouter : « Notre situation de misère a entrainé la mort de l’un des nôtres par manque de soins médicaux. Après plusieurs sitin pour dénoncer ces pratiques et exiger des meilleures conditions de vie, le ministre Adjoumani a imputé notre dossier à un ingénieur agronome n’ayant aucune connaissance de nos réalités.
Face à tout ceci, nous demandons l’intervention du chef de l’Etat. Sinon, nous allons prendre les rues dans les jours à venir car nous ne savons plus à quel saint nous vouer», a averti le lieutenant Adou. Alors que le bruit d’un remaniement ministériel court, les 600 marins frustrés réclament la création d’un secrétariat d’Etat chargé de la marine marchande ou d’un ministère en charge de leur corporation. Car ces derniers affirment ne plus avoir d’interlocuteur et estiment être victimes d’une mauvaise politique.
Dimitry Chrysostome
Grogne à la marine marchande: 600 marins exigent le débarquement du ministre Adjoumani