Grogne au Fpi, Mfa, Rdr: Affi, Anaky, Soumahoro: le salut passe par le congrès

  • 19/02/2014
  • Source : Nord-Sud
Ils jouent les premiers rôles au sein de leurs familles politiques, mais sont en proie à la controverse interne. Affi N’guessan, Innocent Anaky Kobena, Amadou Soumahoro, respectivement président du Front populaire ivoirien (Fpi), du Mouvement des forces d’avenir (Mfa) et secrétaire général par intérim du Rassemblement des républicains (Rdr) ne seront pas lavés de tout soupçon, tant qu’un congrès ne viendra pas leur apporter un supplément de légitimité.

Que de tournées… Moronou, Zanzan, Cavally, Guémon, puis Abidjan. Affi bouge, mais la polémique le rattrape. Seul un congrès peut situer ses partisans sur sa destination réelle. En attendant cette réunion décisive dont la date n’est pas encore connue, une convention fixée du 21 au 24 février pourrait le soulager des lourds soupçons sur ses intensions. De récurrentes supputations ayant cours, au sein de sa famille politique, sur sa supposée ambition présidentielle.

En effet, des frontistes le soupçonnent de manœuvrer habilement pour faire « oublier » son mentor Laurent Gbagbo, en détention à La Haye, en vue d’être candidat à la prochaine élection présidentielle. D’autres camarades au sein du patri de l’ex-Premier ministre (2000-2003) le soutiennent à l’idée qu’il est la « seule » alternative crédible pour la survie de leur famille politique.

Même pris entre deux feux, lui, minimise la pression. En témoigne sa boutade, « celui qui ne travaille pas pour la libération de Gbagbo passe à côté de l’Histoire », lancée à ses détracteurs début décembre, lors d’une conférence de presse à Abidjan. Sa seule réplique suffit-elle pour se tirer d’affaire ?

Que non, car le doute sur sa démarche présumée cachée dépasse les limites de son parti. En effet, depuis Accra où il est en exil, le porte-parole de Laurent Gbagbo, Justin Koné Katinan, a rappelé à l’ordre les partisans de ce dernier, favorables au « retour » des réfugiés qu’à celui de l’ancien chef d’Etat. Or, à la mi-janvier, Pascal Affi N’guessan envoyant une mission au Ghana pour «prendre des nouvelles » des pro-Gbagbo, avait invité ces exilés à regagner le pays.

Leaders en sursis
 
Un autre homme, un même cliché. Des présomptions pèsent à tort ou à raison sur le secrétaire général par intérim du parti au pouvoir, Amadou Soumahoro. Il ne se passe de jour sans que des républicains ruminent leur colère à son encontre.

Ils lui imputent le dessein de vouloir « se maintenir » à la tête du Rdr. A les en croire, le ‘’Tchomba‘’ (le vieux ou le sage en langue Malinké) échafaude des plans secrets pour éviter autant que faire se peut la tenue d’un congrès. En tout cas, son initiative d’une tournée de remobilisation (en cours) est interprétée par ses détracteurs comme une « manière » pour lui de jouer les prolongations.

Des militants demandent sans cesse un congrès dont la date reste inconnue, en effet. Mais peut-on aller à une telle rencontre en rangs dispersés? C’est pour apporter une « solution » à la cohésion effritée de troupes républicaines que le chef de la ‘’case verte‘’, Amadou Soumahoro, dit avoir eu l’idée de sensibiliser à la « réconciliation » ses partisans.

Mais un congrès ne rabattrait pas seulement le caquet aux médisants sur l’ambition de Soumahoro. Mieux, il les situerait sur la décision de la base, quant à la reconduction ou non de ce dernier à la tête de la direction du Rdr. Aussi, s’il était confirmé, ils apprendraient à leurs dépens qu’il n’est pas aussi mauvais manager qu’ils le croient. Que dire de son allié houphouétiste, Anaky Kobena?

Disons-le tout net, lui, est sur la sellette, car il se dispute son fauteuil avec une dissidence. L’ancien ministre des Transports résiste depuis le mois de septembre, à cette opposition interne qui s’est désignée un « président », Antoine N’Gbala Yao. L’ancien ministre espérant lui tenir la dragée haute, a cru monter les enchères en demandant à qui prétend lui succéder de débourser la somme de 7 millions de FCfa pour la caution d’une candidature.

Annonçant par la même occasion la tenue du congrès de sa famille politique les 21, 22 et 23 février, il prend rendez-vous dans les urnes avec son vis-à-vis, proclamé. Quitte à ce dernier de relever le défi à lui lancé. Mais la partie adverse renoncera-t-elle au « congrès extraordinaire » qui légitime, selon elle, son champion ? La question est d’autant pertinente que le camp N’Gbala refuse de se laisser conter.

Il a même tenté de ravir le siège du Mfa à celui qu’il conteste. Aussi, le dilemme auquel il est confronté à ce jour est celui de savoir comment accepter d’aller à un congrès quand il dit en avoir tenu un ? Autrement dit, le camp N’Gbala ne se décrédibiliserait-il pas s’il saisissait la main tendue d’Innocent Anaky Kobena? Voilà autant d’interrogations qui rendent forcément le cas Mfa difficile.
 
Bidi Ignace