Moins d’un mois après son congrès, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci) est de nouveau secoué par une grogne. Le 12ème congrès du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci) a bien eu lieu.
Mais, selon toute vraisemblance, les problèmes de fond, touchant notamment à la succession d’Henri Konan Bédié, demeurent. Car à y voir de plus près, les tumultes de ces derniers jours ne sont rien d’autres que la bataille de positionnement de potentiels héritiers du trône. C’est que, selon nos informations, l’ancien argentier de l’Etat, Niamien N’Goran, neveux d’Henri Konan Bédié, après avoir réussi l’organisation du 12ème congrès qui a vu la réélection de l’ancien chef de l’Etat, avait commencé, selon les soupçons qui pèsent sur lui, à nettoyer l’écurie.
Une démarche visant à mettre sous l’éteignoir les autres candidats à la succession, notamment l’ancien Premier ministre, Jeannot Kouadio-Ahoussou et à lier les mains au patron du nouveau secrétariat exécutif, Maurice Kakou Guikahué, en plaçant au-dessus de lui, un directeur général, chargé de gérer les fonds de l’ancien parti unique.
Et pour réaliser le coup parfait, toujours selon ceux qui le soupçonnent de manœuvres hégémonistes, l’ancien ministre-délégué à l’Economie aurait convaincu son oncle de déboulonner tous les cadres du Pdci qui montent en puissance et qui viennent pourtant de contribuer à la réélection d’Henri Konan Bédié. Dès qu’ils ont eu vent de ce projet de ‘’neutralisation’’, ces cadres, en majorité des délégués en place depuis 2000, n’ont pas perdu de temps. En bons politiciens, ils ont mis leurs réseaux en branle, actionné leurs soutiens pour dénoncer le plan de mise à l’écart, au nom du renouvellement et de la redynamisation du Pdci.
Ce qui a débouché, en fin de semaine dernière, selon l’organe officiel de l’ancien parti unique, à une reprise en main des choses par le Sphinx de Daoukro. Dans les prochains jours, il devrait donc, avec son désormais principal lieutenant, Maurice Kakou Guikahué, procéder à la remise à plat des changements et nominations effectués, juste après le congrès des 4, 5, et 6 octobre derniers. Dans le cadre des réglages attendus, de bonnes sources annoncent la tenue d’un congrès extraordinaire ou, à défaut et dans le pire des cas, un bureau politique.
«C’est la preuve que nous étions dans le vrai, c’est la preuve que les changements que nous réclamions lors du 12ème congrès sont bien justifiés. Malheureusement, obnubilés par, on ne sait quelle frénésie, les gens nous ont combattus, nous présentant comme ceux qui veulent travestir les idéaux du président Félix Houphouet-Boigny», réagit un ancien élu, proche d’Alphonse Djédjé Mady, l’ex-secrétaire général du Pdci. «Après s’être occupé de nous, ils veulent maintenant mettre à l’écart nos camarades qu’ils ont utilisés pour nous combattre. Seulement, nous attendons de voir à quoi va ressembler ce congrès extraordinaire ou ce bureau politique que nos amis annoncent.
Espérons seulement qu’ils n’iront pas de congrès en congrès», poursuit notre interlocuteur, plein d’ironie. Proche lui aussi de l’ancien secrétaire général, un autre cadre du Pdci est persuadé que «tant qu’un groupuscule voudra embrigader aussi bien le président Henri Konan Bédié que le parti, il y aura des gens responsables pour les dénoncer. Au lieu de régler les vrais problèmes, on a préféré les déplacer, les remettre à plus tard».
Tout en admettant que c’est la convention qui va déterminer si oui ou non le Pdci aura un candidat, il pronostique déjà que «le président Bédié n’est pas chaud pour se présenter (à la présidentielle de 2015, ndlr), surtout que son âge l’en empêche. Mais, au lieu de nous dire la vérité, lui et son groupe de supporters entretiennent le flou. Nous ne sommes pas dupes. S’il avait eu le courage de se retirer, nous n’en serions pas là». Pour cet interlocuteur, «il n’y a rien à espérer de la suite parce que le président Bédié n’est guidé que par l’idée de récompenser son clan qui l’a pris en otage».
Marc Dossa
Grogne des délégués/ Pdci : un congrès pour rien ? - Photo à titre d'illustration