La guerre des clans au sein du régime Ouattara, longtemps annoncée, est-elle entrée dans une phase irréversible avec les déboires actuels de l’ex-chef rebelle nommé lieutenant colonel, Ouattara Issiaka dit « Wattao » ? la question est, en ce moment, sur toutes les lèvres.
Et le long week-end du ramadan qui vient de s’achever a été rythmé par de nombreuses rumeurs sur le compte de l’ancien Com’zone de Séguéla. Certains le disant arrêté et détenu à la désormais sinistre direction de surveillance du territoire (dst), d’autres l’annonçant plutôt en repli stratégique à Bouaké.
Si plusieurs de ses proches ont démenti toutes ces informations et répété à l’envie que leur chef se trouve bel et bien à Abidjan et qu’il n’a pas été inquiété, on est bien obligé de reconnaître que les temps ne sont pas très cléments pour l’homme de Doropo.
En effet, depuis la semaine dernière, la succession des évènements est particulièrement défavorable à l’ancien chef des « Anaconda ». Au début, ce sont ses hommes qui ont tiré sur des éléments venus procéder à la passation des charges entre lui et son successeur à la tête de la zone sud dont Wattao assurait le commandement depuis l’entrée des rebelles à Abidjan en mars 2011.
L’acte est assimilé par le régime Ouattara à une déclaration de guerre. Il décide donc de le faire payer cash à l’ex-chef rebelle. Le pouvoir et le chef d’État-major des frci sont actionnés et Wattao perd en une journée ses deux fonctions les plus importantes. il est, en effet, débarqué de son poste de commandant en second du Centre de Commandement et Des Opérations (CCDO) et de chef de la sécurité d’Abidjan sud.
Même s’il tente de faire bonne figure à l’occasion de la passation de charge qui a lieu au pas de course au ministère de l’intérieur, on voit bien que Wattao est conscient qu’il n’a plus les cartes de son destin en main. De quoi alimenter fortement toute sorte de rumeur sur son compte. Pour nombre d’observateurs, tout ceci était prévisible.
Et ce qui arrive à Wattao n’est que le début d’un processus qui devrait conduire inéluctablement à une confrontation ouverte entre les deux grandes factions de la rébellion qui s’affrontent à fleurets mouchetés depuis la prise de pouvoir de leur chef, le 11 avril 2011. Celle de Soro et celle proche de Ouattara, dont le chef de file semble être le ministre de l’intérieur Hamed Bakayoko.
C’est qu’on voit mal l’actuel patron de l’assemblée nationale assister sans broncher à la mise en pièces d’un de ses meilleurs soutiens. d’autant plus que pour certains observateurs, la mise à l’écart de Wattao ressemble à un ballon d’essai des durs du régime ouattara.
« Wattao n’est que la première étape de la stratégie du clan Hamed Bakayoko pour neutraliser définitivement le clan Soro. Si ça passe, ce sera un message clair en direction du clan Soro. Pour lui dire qu’il est le seul maître à bord. Et que les autres devront faire profil bas. Soro ne le sait que trop.
Mais, a-t-il vraiment les moyens de s’opposer au rouleau compresseur de ses adversaires ? Les prochains jours nous situerons », estimait le weekend dernier, un connaisseur du microcosme politique ivoirien.
Pour lui, le fait que des éléments de la police criminelle aient abattu purement et simplement un proche de Wattao, quelques jours seulement après son débarquement, est la parfaite illustration de ce que le clan Hamed a clairement choisi l’option de la confrontation armée pour solder ses comptes avec le camp adverse. mais dans ce poker menteur, la grande inconnue reste la position d’Alassane Dramane Ouattara.
Va-t-il assister tranquillement à la guerre ouverte des clans qui se profile de plus en plus clairement à l’horizon ? Ou va-t-il intervenir pour rappeler chaque faction à l’ordre? Quelles que soient les réponses à ces questions, le moins que l’on puisse dire c’est que la vie du régime actuel est de moins en moins un long fleuve tranquille.
Guillaume T. Gbato
Guerre larvée entre factions du régime Ouattara…Wattao dans la tourmente - Photo à titre d'illustration