Certains Ivoiriens ont le souffle coupé, quand d’autres retiennent le leur. Néanmoins, dans la tête des uns et des autres, un seul mot résonne aujourd’hui : la peur ! Oui, une émotion pénible, à l’idée d’une déflagration, en cette période de fêtes de fin d’année, s’est emparée des Ivoiriens. Depuis le déclenchement des hostilités entre Alassane Ouattara, le chef de l’État, et Guillaume Soro, deux alliés sûrs hier, le pays est comme pris de traumatisme. Il est psychologiquement atteint. Affolement et angoisse s’entremêlent…
Présence de cargos de gendarmes et de policiers, pick-up des unités d’intervention, véhicules de transport de troupes de la Garde républicaine (Gr) dans des rues, déploiement massif des forces de l’ordre, armes au poing, dans presque tous les coins d’Abidjan, rencontre du chef suprême des armées avec les ex-seigneurs de la rébellion de 2002 ont fait naître dans les esprits, une peur-panique, voire de terreur. Selon Mamadou Koulibaly, fondateur de Liberté et démocratie pour la République (Lider), dans une contribution très salée livrée, hier jeudi 26 décembre 2019, sur les réseaux sociaux, « il est temps de lever la tête ». Pour lui, la perturbation vient du gouvernement en cette fin d’année où les populations ont besoin de quiétude. « Le gouvernement a décidé de perturber la quiétude des populations. Alassane Ouattara se venge… Il en a gros sur le cœur… Il y a de la vengeance dans l’air. Il a profité des fêtes de fin d’année, pour apeurer les populations avec cette affaire de tentative de coup d’État… Ce n’est pas bon », a-t-il déploré.
Enchaînant sur la question du Fcfa qui va passer à l’Eco, en 2020, Mamadou Koulibaly a dénoncé l’approche solitaire du chef de l’État ivoirien, avant d’inviter les populations de l’espace Uemoa à « lever la tête ».
La situation de guerre ouverte entre Alassane Ouattara et son ancien Premier ministre, Guillaume Soro, va crescendo, depuis 3 jours, dans son pourrissement. Comme la meilleure défense reste l’offensive, Guillaume Soro et son camp sont passés à l’attaque, accusés de tentative d’atteinte à l’autorité de l’État. « Monsieur Guillaume Kigbafori Soro tient à rassurer les Ivoiriens, qu’il reconnaît une seule déstabilisation, celle du 19 septembre 2002, pour le compte de l’actuel président la République, Monsieur Alassane Ouattara », a déclaré Affoussiata Bamba-Lamine, l'avocate de Guillaume Soro, avant-hier mercredi.
La tension est si vive que des voix s’élèvent, depuis l’extérieur, en faveur de Guillaume Soro, pointant le silence de la France. « Le silence de la France est assourdissant, après avoir fêté la démocratie (et les contrats !), annoncé la fin du F Cfa, aucune réaction sur l’arrestation des parlementaires et des membres de l’opposition en Côte d’Ivoire », s’est emporté Alexandre Benalla, ancien chargé de mission à l’Élysée et ex-garde rapproché du président français, Emmanuel Macron. A en croire jeuneafrique.com, dans son édition du lundi 23 décembre 2019, « contrairement à celle de 2015, la présidentielle d’octobre 2020 s’annonce incertaine ». La crainte de nouvelles violences est réapparue chez des observateurs, dix ans après la crise post-électorale, qui avait fait 3000 morts…
L’histoire ivoirienne pourrait-elle bégayer ? Si ce scenario n’est pas le plus probable, il ne peut être complètement exclu ».
Armand B. DEPEYLA
Guerre Ouattara-Soro: Grosse peur des Ivoiriens