L’ex-chef du Parlement, Guillaume Soro, a, selon toute vraisemblance, lancé sa pré-campagne pour la présidentielle de 2020 à coups de crushes et de tweets mordants. Dans une nouvelle série de tweets en date du mercredi 6 novembre 2019, le député de Ferké, dont le séjour européen dure depuis plusieurs mois, tacle les autorités ivoiriennes. « On ne dirige pas un pays à coups de prison », tweete l’ancien Premier ministre en réaction à une publication de « Génération Kigbafori ».
La publication porte sur Aguib Touré, un imam qui avait défrayé la chronique en juillet 2018 pour ses vives critiques contre les autorités, dans une vidéo sur internet. L’imam Aguib Touré avait été arrêté, le 3 juillet, et inculpé pour des faits « d’apologie du terrorisme » et de « xénophobie ». Le guide religieux avait dénoncé la hausse du prix du pèlerinage à la Mecque sous Alassane Ouattara, et s’était indigné contre les opérations de déguerpissement visant les « pauvres ». Il avait tenu des propos controversés comme lorsqu’il a appelé les musulmans à ne pas inscrire leurs enfants dans des écoles chrétiennes. Ses défenseurs ont dénoncé une atteinte à la liberté d’expression tandis que les autorités judiciaires décelaient une incitation à la haine et à la xénophobie. L’imam a été élargi, après environ un mois de détention, le 14 août 2018.
L’évocation de l’affaire « Aguib Touré » par la Sorosphère ne saurait être un fait anodin à moins d’un an de la présidentielle. L’idée est de dire que les libertés individuelles sont piétinées sous le régime d’Alassane Ouattara, une critique régulièrement formulée par Guillaume Soro, depuis son passage à l’opposition.
Autre tweet piquant émanant de l’ancien leader estudiantin. Il s’agit d’un commentaire relatif à une publication de Mamadou Kanigui Soro, député et président d’un parti pro-Soro : le Rassemblement pour la Côte d’Ivoire (Raci). Kanigui Soro apprend que « les autorités refusent tous les espaces publics au Raci à Korhogo pour une réunion » prévue ce samedi 9 novembre 2019. Et Guillaume Soro de commenter : « Est-ce bien sous le régime de M. Ouattara et en 2019 ? Même sous le parti unique en 1990, c’était possible de se réunir ! Houphouétisme où es-tu ? L’enfer de Korhogo ou le règne des aigrefins ».
Dans son nouveau costume d’opposant, le fondateur du mouvement Générations et peuples solidaires ne rate aucune occasion de tirer à boulets rouges sur le pouvoir. Ambiance pré-électorale !
Kisselminan COULIBALY
Guillaume Soro aux autorités : « On ne dirige pas un pays à coups de prison »