Soro Guillaume se dit révolté après avoir vu les vidéos humiliantes de Affi N’Guessan faites par les hommes du président Ouattara.
Je suis révolté ! Oui, je suis très révolté après avoir vu ces vidéos humiliantes et dégradantes du Premier Ministre Pascal Affi N’Guessan circuler sur les réseaux sociaux, avec en fond sonore, la jubilation des auteurs. Ces vidéos sont une immense honte pour notre nation. Elles sont une torture pour l’homme politique que je suis.
Ces images sordides me rappellent la souffrance, la douleur, la honte et l’humiliation que l’on ressent impuissant aux mains de ses geôliers. Et ces souffrances, je les connais pour les avoir vécues en 1997 quand, à l’issue d’une chasse à l’homme, la Police m’avait appréhendé, menotté, injurié et tabassé avant de me présenter au ministre de la Sécurité d’alors. Pour que je puisse être présentable devant les caméras, on m’a permis de prendre une douche. Et devant les journalistes, j’avais ordre de rire et de sourire !
À la vue de ces images, cette douleur remonte en moi, du fin fond de moi. Et mon cœur saigne. Je suis révolté et je suis en colère contre Alassane Ouattara qui humilie un homme de près de 70 ans comme Affi N’Guessan.
A-t-il conscience de la souffrance et de la douleur qu’il cause lorsque ses sicaires balancent des images humiliantes et dégradantes d’un ancien Premier ministre et que ses enfants et son épouse ne manqueront pas de voir, les yeux remplis de larmes et d’indignation impuissante ? Il a ordonné et ses hommes ont diffusé ces images d’un homme bafoué dans sa dignité, atteint dans son honneur, pour avoir simplement réclamé le respect de la Loi fondamentale, et rien que cela.
Je suis Affi N’Guessan. Parce que ces scènes où l’on vous arrête, vous battant sauvagement sur le dos, les fesses, les jambes, je les connais. Ces scènes où l’on vous demande de sourire face à la caméra après vous avoir torturé, pour délivrer un certificat de bonne conduite à vos tortionnaires, je les ai vécues aussi.
Ils ont fait cette vidéo pour humilier Pascal Affi N’Guessan, pour tuer en lui sa masculinité, sa dignité, son honneur et non pour rassurer le peuple. Je souffre avec lui, pour notre patrie commune, la Côte d’Ivoire. Je m’exprime ici, non pas en tant que dirigeant politique, mais en tant qu’être humain.
Alassane Ouattara est allé trop loin dans l’outrage à la dignité humaine. C’est parce qu’il n’a jamais connu la prison qu’il en fait aujourd’hui un instrument privilégié de sa puissance politique. Mais nous qui avons été arrêtés, malmenés, torturés, filmés et montrés à la nation, exhibés comme des bêtes de zoo, jetés plus bas que terre, nous ne voulons plus revivre cela. Le bafouement des droits les plus élémentaires du citoyen, nous disons : plus jamais cela !
Le Premier Ministre Affi N’Guessan sait que s’il ne dit pas ce que ses geôliers lui ordonnent de dire, il devra s’attendre à recevoir des coups plus violents, une électrocution ou à être soumis à la diète noire pendant plusieurs jours.
Non, Alassane Ouattara n’a pas le droit d’autoriser qu’un leader politique soit livré à des jeunes soldats endoctrinés, déterminés à l’humilier. Et je suis en colère contre Hamed Bakayoko pour avoir organisé ce genre de mise en scène horrible. Il est doublement coupable, lui qui a connu une prison plutôt accommodante.
Je m’interroge sur le silence assourdissant de certaines organisations de droits de l’Homme et de la France qui, aujourd’hui, s’abrite derrière le mythe pudique de la non-ingérence pour détourner les yeux des chairs ivoiriennes ensanglantées. Leaders d’opposition traqués, emprisonnés et exilés …
Aujourd’hui, nous en sommes à plus de 100 morts en 02 mois. La Côte d’Ivoire est en guerre. Et c’est Alassane Ouattara qui a imposé cette épreuve à la Côte d’Ivoire.
Le peuple ivoirien n’a d’autre choix que de s’organiser dans les villages, les campements et les villes pour faire face à la guerre que Ouattara lui impose et lui oppose. C’est à nous, et à nous seuls de nous libérer et à personne d’autre. Comptons sur nous-mêmes !
Autant aucun dictateur ne peut soumettre un peuple debout et déterminé, autant Ouattara ne réussira pas à vaincre les Ivoiriens. Il partira. C’est le sens de l’histoire et c’est l’aboutissement ultime de la lutte de notre peuple opprimé. Le combat sera peut-être dur, difficile mais la victoire est certaine.
Cette vidéo de l’humiliation publique infligée à un ancien Premier ministre, est indigne de la Côte d’Ivoire, de toute nation civilisée et révulse au plus haut point les Ivoiriens. Elle provoque le dégoût envers ceux qui en sont les auteurs. Et c’est cette répulsion mentale qui alimente la détermination de ces jeunes femmes et ces jeunes hommes, qui se battent courageusement face à la dictature.
Ouattara doit partir pour que jaillisse la réconciliation. Le pardon et la réconciliation dont il s’est montré incapable, sauveront notre pays. Telle est ma foi. Tel est mon crédo. Tel est mon leitmotiv.
Que le pardon, la réconciliation, l’État de droit et la démocratie nous offrent une union ivoirienne plus parfaite !
Je le dis à nouveau : je suis Affi N’Guessan, uni avec lui en prières et en actions pour notre patrie commune bien-aimée, la Côte d’Ivoire, et pour la dignité humaine !
Guillaume Soro : « Je suis révolté ! Oui, je suis très révolté...» - Photo à titre d'illustration