Hier à la cour suprême: Long entretien entre Dogbo Blé et l'avocat du RDR

  • 29/11/2013
  • Source : L'Inter
Treize (13) mois après sa condamnation, en première instance, à 15 ans de prison en octobre 2012 pour le meurtre du Colonel-major Dosso Adama, lors de la crise postélectorale de 2010, le Général de brigade Dogbo Blé Brunot, l'ancien commandant de la Garde républicaine (GR), était à la Cour suprême, hier jeudi 28 novembre 2013.

L'audience qui s'est tenue n'a duré que quelques minutes. Le procès a été renvoyé au 26 décembre 2013 par le président de la formation de la Cour suprême, Vé Boua. Mais avant l'audience, une scène pour le moins curieux nous a été donnée de voir. C'est que le Général Dogbo Blé Brunot, soldat resté fidèle à l'ancien président Laurent Gbagbo jusqu'à la chute de son régime pendant la crise post-électorale, s'est entretenu pendant un long moment (environ 15 mn) avec l'avocat du Rassemblement des républicains (RDR, parti au pouvoir), Me Sounkalo Coulibaly. Qu'est-ce que ces deux hommes, que tout oppose, pouvaient bien se dire ? Parlaient-ils du procès ? De la crise post-électorale ? On n'en sait pas grand chose.
 
En tout cas, les deux hommes discutaient seuls en aparté, attirant les regards curieux sur cet entretien, qu'on peut qualifier de contre-nature. Dogbo Blé étant l'accusé, et Me Sounkalo, avocat de la partie civile.
 
Toutefois, le procès après son ouverture a été renvoyé parce que la défense a émis une requête dans laquelle elle a indiqué que les autres personnes condamnées dans le cadre de cette affaire, à savoir le Colonel Kipré Yagba, le Sergent-chef Lago Léo Jean-Noël et les Sergents Toualy Noël et Ferdinand Toh, n'étaient pas présents. Les avocats de la défense ont affirmé à la Cour que leurs clients n'étaient pas informés de l'ouverture d'un tel procès ce jour (hier 28 novembre).

Mais pour le président de la formation de la Cour suprême, Vé Boua, qui a renvoyé l'affaire, « le plaidoyer n'aura pas lieu » à la date du jeudi 28 novembre. « Le dossier a été déposé la semaine dernière et nous l'avons reçu cette semaine. Le Président de la Cour suprême n'étant pas présent (il est dans la région du Gbêkê où le président Ouattara est en visite d'État, Ndlr) et le parquet n'a pas été vite saisi », a-t-il déclaré à la presse, après l'arrivée du Général Dogbo Blé dans les locaux de l'institution judiciaire. Avant d'annoncer le renvoi du procès au 26 décembre 2013.
 
Faut-il le noter, les prisonniers Lago Léo Jean-Noël, Toualy Noël et Ferdinand Toh ont été transférés dans des prisons à l'intérieur du pays, notamment à Man et à Séguéla, quelques mois après leur condamnation. Après un pourvoi en cassation, le Général Dogbo Blé Brunot qui a été condamné à 15 ans de prison et déchu de son titre de général, est retourné à la barre. C'est autour de 10h que l'audience s'est ouverte à la Cour suprême à Cocody. Elle n'a duré que quelques minutes. Mais avant, celui que ses hommes appellent affectueusement ''Général courage'' a eu le temps de rencontrer ses parents et d'échanger avec certaines personnes qui étaient allées le soutenir.
 
Vêtu d'un costume de couleur gris sombre, d'une chemise bleue et d'une cravate marron, Dogbo Blé Brunot est apparu plus solide que lors de son procès en première instance. L'homme, qui a été un pilier de l'appareil sécuritaire sous l'ancien pouvoir, affichait un embonpoint remarquable. Il a même adressé des mots de réconfort à ses parents et aux admirateurs qui étaient présents en grand nombre à la Cour suprême.
 
Accolades et embrassades ont meublé la matinée de l'ex-commandant de la Garde républicaine dans l'enceinte de l'institution dirigée par Koné Mamadou. Tout en ses parents, Dogbo Blé affichait cette sérénité qui l'a toujours caractérisée. « Merci pour tout, je vais bien, priez pour moi. Et surtout rentrez bien chez vous », a-t-il lancé à toutes ces personnes qui lui témoignaient leur admiration. Le Saint-cyrien s'est présenté au tribunal sous les regards émerveillés de certains spectateurs.
 
L'ex-patron de la Garde républicaine est arrivé à bord d'un véhicule de la gendarmerie nationale, escorté par un autre. Quatre sous-officiers de la Maréchaussée ivoirienne armés jusqu'aux dents et qui arboraient des gilets pare-balles l'encadraient. Aucune disposition particulière n'était prise pour ce procès hier contrairement à celui qui a abouti à la condamnation du Général Dogbo Blé en 2012.

 Encadré : Me Mathurin Djirabou : « Il y a 4 ou 5 nullités du genre »
 
 Au sortir de l'audience d'hier jeudi 28 novembre 2013 à la Cour suprême, à Cocody, l'avocat de la défense, Me Djirabou Mathurin, est revenu sur la procédure en cours dans cette affaire. Il a toutefois affirmé que l'équipe défenderesse ne s'opposait pas à la décision de la Cour de renvoyer le procès au 26 décembre 2013. « Nous ne pouvons pas nous opposer à ce renvoi », a-t-il dit, dénonçant le fait qu'il n'arrive pas à rentrer en contact avec l'un de ses clients. Me Djirabou a soutenu qu'il ne sait pas où ce prisonnier est détenu depuis sa première condamnation en octobre 2012.
 
Demandant au juge de régler cette situation, l'avocat de la défense a expliqué la raison pour laquelle Dogbo Blé et ses codétenus se retrouvent devant la Cour suprême. « Nous ne sommes pas satisfaits de la décision qui a été prise par le Tribunal militaire et ce sont des voix de recours que nous avons exercés. Nous avons relevé certaines nullités dans la procédure et nous voulons que la Cour se prononce là-dessus. Les nullités sont relatives à la procédure qui a été engagée au départ à savoir que c’est le juge civil qui a initié toute la procédure alors qu’ils sont militaires. Le juge militaire n’a fait que prendre une ordonnance. Il y a au moins 4 ou 5 cas de nullité du genre », a décrié Me Djirabou.
 
L'avocat général pour sa part, a estimé que cette affaire ne peut pas être examinée. « Cette affaire ne peut être examinée aujourd’hui (28 novembre) parce que les avertissements qui ont été faits n’ont pas connu de suite en ce qui concerne Toualy, Lago Léo… L’affaire n’est pas en état d’être jugée. C’est un impératif que les détenus soient informés qu’ils sont jugés », a-t-il dit, en attendant le jeudi 26 décembre 2013, date à laquelle le procès est renvoyé.
 
 Hervé KPODION