Le Président du Rassemblement des jeunes républicains (RJR) et député d’Abobo Karamoko Yayoro se prononce dans cette interview sur plusieurs sujets d’actualité notamment la guerre larvée entre Hamed Bakayoko et Guillaume Soro pour la succession au Président Alassane Ouattara, la libération des 14 pro-Gbagbo, le RHDP et la loi sur l’apatridie, la nationalité et le foncier rural.
La Procureure de la CPI a effectué récemment une visite à Abidjan en vue d’obtenir des preuves supplémentaires pour l’audience de confirmation de charges contre Laurent Gbagbo. Comment avez-vous apprécié cette visite ?
Au niveau du Rdr, nous voulons que la justice fasse son travail parce que l’impunité est mère de toutes les dérives et de tous les excès en matière de violations des droits de l’Homme. Donc, nous estimons que l’impunité doit prendre fin et souhaitons que commence maintenant à naître en Côte d’Ivoire un Etat de droit pour que chacun sache sa place et connaisse ses limites. Pour nous, c’est une donnée importante. Pour ce qui était de la dernière présence de Mme Bensouda à Abidjan pour la recherche de preuves, nous l’encourageons. Si c’est pour les preuves supplémentaires, il y en aura toujours. Je suis sûr qu’elle a rencontré les organisations en charge des droits de l’Homme et les personnes idoines devant permettre que la vérité éclate et que la paix règne sur la base de la justice.
Elle a rencontré des organisations de droits de l’Homme ainsi que les autorités ivoiriennes mais pourquoi des voix se sont levées pour dénoncer son absence à Abobo réputée être la zone où la plupart des crimes ont été commis?
Je ne vais pas lui faire un cours de méthodologie. C’est elle qui a besoin de preuves supplémentaires. C’est donc à elle d’aller là où elle pense trouver ses preuves. Ce n’est pas à nous de lui montrer ce qu’elle doit faire surtout qu’elle est Procureure de la CPI. Je ne crois pas que c’est par copinage et autres qu’elle est arrivée à ce niveau de responsabilité mondiale. Ce n’est donc pas à moi qui ne suis pas juriste et qui n’en connais même pas les rouages de lui faire une leçon. Je pense qu’il faut rester serein. La justice va agir et puis chacun en fonction des résultats en tirera toutes les leçons.
Comment pouvez-vous expliquer l’ajournement du verdict de confirmation de charges alors que votre parti accuse l’ex-président d’avoir commis des crimes graves pendant la crise postélectorale avec même des images à l’appui ?
Je n’ai pas d’opinion à donner sur cette affaire. La justice doit faire son travail. J’observe et en fonction de ce que la justice fera, nous allons en tirer les leçons. Est-ce que la justice internationale joue son rôle pour garantir le droit des citoyens pour que le respect des droits de l’Homme soit une réalité dans chacun des pays et dans le monde. Nous observons et nous verrons pour que cela ne se reproduise plus. Je pense que c’est le vœu de tout un chacun en Côte d’Ivoire. Ceux qui ont commis des crimes, en faisant leur introspection et leur autocritique disent qu’il ne faut plus que cela arrive parce qu’on ne sait pas qui sera la prochaine victime. Les victimes également ne souhaitent pas que cela se répète pour éviter qu’il y ait d’autres victimes. Donc, nous tous en Côte d’Ivoire, nous ne voulons plus que cela se répète. On observe toute la justice. Nous voulons que la justice rende justice à ceux qui ont été victimes. C’est une donnée importante. Nous devons tous garder notre sérénité, notre calme et observer.
Le collectif des victimes sous la houlette du député Alphonse Soro a organisé un sit-in au Plateau pour crier son ras- le-bol vis-à-vis de l’ajournement du verdict de l’audience de confirmation des charges. On n’a pas vu le Rdr, aux côtés des victimes.
Il faut laisser les victimes s’exprimer. Nous ne voulions pas politiser l’affaire. Si le Rdr était à ce sit-in, on allait dire que c’est une manipulation politicienne. Les victimes s’expriment. Le RDR regarde. Mais quand cela va s’avérer nécessaire, le RDR sera aux côtés des victimes parce que le RDR, depuis sa création, a toujours été aux côtés des plus faibles, des plus défavorisés et de tous ceux qui font l’objet d’injustice. Le RDR ne peut pas faillir à ses devoirs.
Loin de nous l’idée de faire le procès du président de l’APC Alphonse Soro a décrié le mutisme des responsables de jeunesse du RDR suite aux différentes attaques contre les positions des FRCI notamment l’attaque d’Akouédo…
Nous ne voulons pas tomber dans les mêmes travers que les jeunes patriotes. Je pense que la presse, les organisations internationales devaient nous féliciter parce qu’il est plus facile d’appeler les populations à ériger les barrages, à aller dans les maisons pour en faire sortir leurs occupants sur la base de soupçons et les brutaliser. Cela fait naître des dérives. Nous faisons confiance aux Institutions. Jusqu’ici celles-ci ne nous ont pas encore trahis. L’armée joue son rôle. Il en est de même pour la police, la gendarmerie. Nous ne pouvons pas faire leur travail à leur place. Si demain il s’avère indispensable pour nous de jouer un rôle quelconque, nous le ferons. Tout le monde sait que le RJR a toujours relevé tous les défis avec honneur et dignité. Si on n’a pas eu peur au moment où on pouvait nous tuer, ce n’est pas aujourd’hui où on peut bénéficier de la complicité active tout au moins des forces de l’ordre qu’on va avoir peur. Non je ne pense pas que le RDR a peur et tout le monde connait quand même le RJR. Ce n’est pas par peur que nous ne réagissions pas, mais c’est pour préserver le climat social pour que les investisseurs n’aient pas peur de venir en Côte d’Ivoire créer des emplois. Pour les jeunes sans emploi qui sont en grand nombre. Nous devons faire en sorte qu’ils puissent travailler. Voilà notre tactique. Je pense qu’on devait plutôt nous appeler et nous féliciter à chaque fois. Mais cela n’est pas fait. Je condamne ce genre d’attitude à notre endroit.
Autre sujet, comment se porte aujourd’hui le RHDP?
Je voulais que vous posiez la question au directoire. Pour moi, le RHDP n’a pas le fonctionnement qu’il faut parce qu’il n’y a plus de réunions au niveau du directoire et même au niveau des structures spécialisées comme la jeunesse du RHDP, c’est-à-dire le RJDP et le rassemblement des femmes. Je pense que le RHDP doit se mettre au travail. C’est en nous rencontrant que nous pourrons faire disparaître tous les a priori, les méfiances qui minent la structure et nous projeter ensemble car comme je le dis chaque fois le RHDP est une chance pour la Côte d’Ivoire.
Donc, vous êtes d’accord avec Anaky qui dit que le RHDP est mort ?
Non le RHDP n’est pas mort. S’il le dit, je voulais vraiment savoir s’il n’en est pas comptable parce qu’il fait partie des collectifs des présidents. Pour moi, le RHDP n’est pas mort. Il a des difficultés. C’est à chacun de nous de prendre conscience que le RHDP est une chance et qu’on n’a pas le droit de laisser mourir cette structure qui permet aux Ivoiriens d’avoir une alternative politique crédible et la confiance en l’avenir.
Parlant justement des difficultés au RHDP, votre collègue Kouadio Konan Bertin (KKB) de la JPDCI avait déclaré que le RDR et le PDCI fonctionnent comme un cavalier et son cheval et avait dénoncé le fait que l’alliance RHDP a fonctionné au Sud et n’a pas été le cas au Nord et que pour lui le RDR ne jouait pas franc jeu.
Qui est le cavalier et qui est le cheval ?
Le cavalier est le RDR et le cheval le PDCI.
L’alliance a fonctionné en faveur de qui ? Lorsqu’on prend les législatives, il y a eu des listes RHDP. Au niveau des municipales, il y a eu des listes RHDP. Donnez-moi le nom d’un seul militant du RDR qui a été tête de liste du RHDP ? Il y a eu également des listes RHDP aux régionales. Donner un seul nom de militant RDR qui a été tête de liste au niveau de l’alliance. Donc, qui est le cavalier à ce moment ?
Donc, c’est le contraire.
Je n’en sais rien. C’est à vous d’en tirer les leçons. Lorsqu’il y a une liste RHDP, les têtes de liste ne sont jamais les militants du RDR. Nous ne nous en plaignons pas. Peut-être que les gens ne font pas suffisamment de lecture pour comprendre que le RDR fait beaucoup d’efforts pour que le RHDP vive. Mais nous ne nous en plaignons pas parce que c’est un choix. Nous travaillons pour que nos militants comprennent que nous avons le devoir d’appliquer notre philosophie politique de vivre ensemble et que ce vivre ensemble nous impose des sacrifices. Nous devons faire ces sacrifices de façon consciente surtout en ayant à l’esprit le bonheur et le bien-être de la majorité des Ivoiriens et des populations qui vivent en Côte d’Ivoire. Il ne s’agit pas d’aller faire un combat pour dire que nous voulons être ceci ou cela, mais de chaque fois nous battre pour que les Ivoiriens et les habitants de la Côte d’Ivoire aient le bonheur et puissent apporter la stabilité afin que le gouvernement et le Président de la République le docteur Alassane Ouattara puissent travailler pour l’émergence de la Côte d’Ivoire.
Quel commentaire faites-vous de la décision prise par le chef de l’Etat de briguer un second mandat à la tête de l’Etat ivoirien ?
Il a lui-même expliqué cela lors de son interview à la télévision. Je voudrais d’ailleurs saluer ce progrès réalisé. Jusqu’ici, nous avons vu comment le Président Alassane Ouattara est arrivé à la fête nationale. C’était comme dans les grands pays. Il y a eu le défilé militaire qui a été majestueux. Nous sentons qu’il a une armée qui se met en place véritablement. Les Institutions deviennent de plus en plus fortes et crédibles. En plus, le Président a fait une interview comme cela se fait dans les grands Etats. Il a dit qu’il sollicitait un second mandat parce que contrairement à ce qu’il avait cru le pays était dans un état délabré. Il a donc réussi aujourd’hui à le stabiliser et compte continuer d’apporter le bonheur aux Ivoiriens à travers un second mandat. Vu le travail que le Président fait avec son gouvernement, il ne devait pas avoir de débats. Pour moi, au niveau du RJR, nous sommes déjà en 2015. Vous verrez. Nous sommes en train de préparer des activités. Nous avons déjà soumis un programme d’activités au parti. J’espère que tout ce qui doit être fait le sera. Pour nous, nous sommes en 2015 pour faire réélire le docteur Alassane Ouattara et aussi pour accentuer la réconciliation, la cohésion, la fraternité, la solidarité entre les Ivoiriens. Nous devons surtout éduquer chacun des Ivoiriens sur le fait que nous sommes frères et que nous devons tous travailler à l’émergence de la Côte d’Ivoire et s’approprier de ce vocable qui n’est pas la philosophie du RDR qui est le vivre ensemble, mais l’émergence doit être la nouvelle mentalité des Ivoiriens en changeant de comportements.
Croyez-vous à une réélection d’Alassane Ouattara ?
Je crois non seulement à une réélection du docteur Alassane Ouattara dans les conditions meilleures, mais également à l’émergence de la Côte d’Ivoire. Mais pour ce faire, nous devons [journalistes, citoyens lambda, responsables politiques, d’ONG, de l’administration] éduquer les Ivoiriens à la discipline parce que le gros mal qui ronge la Côte d’Ivoire, c’est l’indiscipline. Si vous êtes médecins, vous devez faire votre travail avec conscience pour donner la santé au laboureur qui doit faire son travail avec conscience pour vous nourrir. Donc, il faut que chacun, là où il se trouve au niveau du système fasse son travail avec conscience et rigueur. Quand il n’y a pas de discipline, le système, ne peut pas marcher. Les Ivoiriens doivent comprendre cela. Pour l’émergence, il faut aussi la discipline. Chacun doit changer de mentalité et faire son travail avec conscience.
Le docteur Alassane Ouattara a été élu Président de la République sous la bannière RHDP. Vous venez tantôt de dire que le RHDP a actuellement des difficultés et qu’il faut des réformes. Aujourd’hui, il y a un rapprochement entre le FPI et le PDCI. Le parti de Laurent Gbagbo a adressé un courrier au président Bédié en vue d’une alliance. Mais le président Bédié qui ne l’a pas rejeté totalement a souhaité qu’il soit saisi formellement. Est-ce que le RDR ne sent pas menacé au cas où le PDCI et le FPI s’allient ?
Non, je ne vois pas de menaces. Le président Bédié a déjà répondu au cours d’une interview. Il a dit que pour le moment ils sont au RHDP et qu’ils se sentent bien. Il n’est pas interdit que le FPI veuille adhérer au RHDP. De toutes les façons, le président Bédié est le président du présidium du RHDP. Si le FPI veut adhérer au RHDP, il sera accueilli avec joie.
Le RHDP est-il incontournable pour la réélection du Président Alassane Ouattara ?
Le RHDP est une nécessité pour la réconciliation en Côte d’Ivoire, pour sa stabilité politique, son émergence politique, économique, culturelle, bref, pour la renaissance de la Côte d’Ivoire.
Vous avez l’assurance que le Président Alassane Ouattara sera réélu alors qu’au niveau du RDR même il y a des divergences. Les gens ne cessent de décrier la gestion de ce parti par Amadou Soumahoro. Ils disent qu’après son échec aux élections municipales, il ne méritait plus d’assurer cette responsabilité …
Faites le bilan des actions du ministre Amadou Soumahoro depuis qu’il est à la tête du RDR. Nous sommes allés au législatives, nous avons gagné. Pour les élections couplées municipales et régionales, nous sommes premiers. Qu’est ce qu’on lui reproche ? Tous ceux qui se plaignent ont-ils tous eux-mêmes gagnés des élections à leur niveau ? Ont-ils été tous candidats pour qu’on voie ce qu’ils pèsent réellement. Pour faire des reproches à quelqu’un, il faut que vous soyez dans une situation telle que vous aussi vous soyez irréprochable. Les élections ont pris fin. Moi, je ne suis plus à ce niveau. Je suis en 2015. Comment faire pour que Alassane Ouattara gagne. C’est ce débat qui doit avoir cours maintenant.
Donc, le RDR est en bonne santé ?
En tout cas, moi je suis en 2015. Comment faire pour que le Président gagne et puisse continuer d’inspirer rêve et espoir. Un homme politique qui n’inspire pas rêve et espoir, n’en est plus. Qu’il continue de nous inspirer rêve et espoir. Le RDR doit être le socle du RHDP, la première force politique du RHDP. Voilà mon problème.
Vous voyez 2015 alors qu’il y a des problèmes. Au niveau par exemple du RJR, il y a eu la création par Odjé Tiakoré des Anciens du RJR tout cela pour dire que ça ne va pas dans la case.
Tout citoyen est libre de créer n’importe quelle association, mais le RDR est là. C’est ce qui est le plus important. Le RDR continue de travailler. Certes, il y a des difficultés mais celles-ci sont inhérentes à la vie. C’est parce que nous sommes des responsables que nous avons le devoir de résoudre des difficultés. Vous savez, dans la vie quand vous avez le bonheur d’un côté, vous devez savoir qu’il y a le malheur de l’autre côté. D’ailleurs, le développement c’est la lutte des contraires avec le succès des forces progressistes. Donc, il ne peut pas avoir de vie sans contradictions, mais il faut toujours avoir le consensus. Et ce consensus est maintenant au RDR. C’est le plus important.
Un congrès du RDR avant ou après les présidentielles?
Moi, je n’ai pas de problèmes avec cela. Le seul congrès que j’ai demandé, c’est celui du RJR. Maintenant le RDR est géré par une direction. Celle-ci décidera.
Un sujet défraie la chronique. Cest celui relatif à la succession du Président Alassane Ouattara. Les partisans du ministre Hamed Bakayoko et ceux du Président de l’Assemblée nationale Guillaume Soro se livrent une guerre. Dans lequel des deux camps se trouve Yayoro ?
Merci pour l’information parce que je ne suis pas au courant qu’il y a une guerre entre partisans d’Hamed Bakayoko et ceux de Guillaume Soro. Je n’ai pas encore été saisi par l’un ou l’autre des deux groupes. Je ne crois même pas que cela puisse exister puisque notre priorité, c’est de travailler à la stabilisation du pouvoir d’Alassane Ouattara et au renforcement de la réconciliation nationale et à l’émergence.
14 personnalités proches de l’ex-président Laurent Gbagbo ont été mises en liberté provisoire. Un commentaire.
Je voudrais remercier déjà la justice et puis le Président Alassane Ouattara qui a accepté cette action. C’est le chef de la magistrature suprême. Nous sommes très heureux et nous encourageons résolument le FPI à s’inscrire dans le processus de réconciliation. Nous les invitons à l’humilité, à faire leur autocritique, leur introspection et à demander humblement pardon. En son temps j’avais demandé au FPI d’être humble et de demander pardon. La politique, on la fait quand même avec les hommes, pour les hommes et pour améliorer le quotidien des hommes. On ne la fait pas pour montrer qu’on est plus fort et qu’on peut écraser les autres. Ce n’est pas comme cela. Tel qu’ils ont conduit les affaires, nous qui étions jeunes en 1990, on a été déçus de voir qu’on peut brûler quelqu’un et que des responsables du FPI viennent dire qu’ils ne demandent pas pardon alors que dans les quartiers, dans les villes, dans les villages, nous savons que des gens ont été effectivement brûlés vifs dans ce pays. Ils savent et nous savons que des gens ont été tués et leurs biens détruits dans ce pays sur la base de leurs noms. Ils font comme s’ils ne savent rien. Demain, ils voudront venir nous commander avec cela. Il faut qu’ils se projettent. On leur demande simplement d’être humbles, de faire leur introspection, leur autocritique et qu’ils reconnaissent qu’ils ont fauté à un moment donné et qu’ils demandent pardon pour repartir de plus belle. J’avais dit au FPI quand nous étions dans l’opposition que leur manque d’humilité allait les perdre. Je voudrais encore les inviter à cela, à comprendre que la Côte d’Ivoire est au-delà de nous tous. Nous tous allons partir, mais la Côte d’Ivoire va rester. Quelle philosophie allons-nous laisser aux autres ? C’est cela qui est le plus important. C’est pour cela que je les invite à l’humilité et à demander pardon une fois de plus.
Dernière question, quelle est votre opinion sur la loi autorisant le Président de la République à ratifier des conventions sur l’apatridie?
L’apatridie ? Cette question ne peut même pas influencer la vie de la Côte d’Ivoire. En Côte d’Ivoire, on fait des commentaires sans lire des documents. Chacun y va de son commentaire. C’est comme les journaux. Les gens lisent les titres et font des commentaires. Le journaliste lui-même est surpris de voir son article prendre des proportions. L’apatridie, ce n’est pas ce que les gens disent. Est apatride tout individu qui n’est rattaché à aucune nation. Ce sont les guerres qui créent ces situations désastreuses. Des réfugiés qui arrivent en Côte d’Ivoire et qui ne sont liés à aucune nationalité sont des apatrides. Il y a également les enfants abandonnés. On l’envoie dans une pouponnière ou un orphelinat. Il n’est lié à personne. L’Etat se doit donc d’assumer son rôle à ce moment. C’est cela l’apatridie. On en fait tout un plat. En quoi est-ce que l’apatridie peut menacer ou créer autant de tensions en Côte d’Ivoire ? Au contraire, c’est un acte humain et de civilisation. Des gens deviennent apatrides également parce qu’ils ont renoncé à une nationalité et se trouvent dans une situation où il n’est rattaché à aucun pays. Mais il y a des procédures. Si on vous déclare apatride, cela ne veut pas dire que vous devenez automatiquement ivoirien. C’est la même chose pour le foncier. Une loi a été votée en 1998. Elle n’a pas été expliquée. On a dit qu’il fallait pendant dix ans expliquer aux gens pour que tous ceux qui étaient propriétaires terriens au niveau rural puissent se mettre à jour à travers un certain nombre de démarches. Cela n’a pas été fait. On demande de proroger cette loi de dix ans, les gens disent qu’on veut donner les terres aux étrangers. Est-ce que tous les Betés, Baoulés, Guérés, Senoufos, Gouros sont propriétaires terriens dans leurs villages ? Tu peux être Ivoirien et ne pas être propriétaire terrien. Maintenant qu’est-ce qu’on fait ? Est-ce qu’on continuera de juxtaposer la loi traditionnelle et moderne ? Il faut que la Côte d’Ivoire entre dans la modernité. L’objectif de tous ceux qui font la politique est de faire passer la Côte d’Ivoire d’un stade de non évolué à un stade d’évolué. On va faire entrer la Côte d’Ivoire dans la modernité. C’est le but de ces lois. C’est la même chose pour la nationalité. Il y avait le droit de sol de 1961 à 1972. Il y avait des gens qui étaient analphabètes et qui n’ont pas pu régulariser leur situation. On leur donne l’occasion de le faire. On en fait tout un plat. On fait croire que la Côte d’Ivoire sera envahie par des extraterrestres.
Je voulais rassurer les Ivoiriens, rassurer les uns et les autres et leur dire qu’il n’y a pas de problèmes. Il faut simplement garder toute sa sérénité et se dire que nous avons le devoir de faire entrer la Côte d’Ivoire dans la modernité.
Réalisée par Touré Abdoulaye
[Interview] Karamoko Yayoro (président du RJR) : ‘‘Le manque d’humilité va encore perdre le Fpi’ - Photo à titre d'illustration